L'Algérie n'est plus dans la logique des «printemps», mais dans celle de la coopération L'Algérie a imposé un respect que les Occidentaux considèrent comme mérité. Le commissaire chargé des Affaires étrangères à l'Union européenne, Federica Mogherini, le maire de Londres, le docteur Andrew Parmley et une délégation du Congrès américain à Alger seront les hôtes de l'Algérie aujourd'hui-même. Cette «coïncidence» des agendas des responsables politiques européen, britannique et américains, témoigne, si besoin, de l'importance stratégique que prend l'Algérie dans les visions que se font les uns et les autres de la coopération avec l'Algérie. Ces missions, principalement de dialogue politique, interviennent alors que le pays vit le début de la campagne électorale pour les élections législatives. Ce n'est peut-être pas fondamental dans la construction des relations de partenariat avec l'Algérie, mais il est entendu que la sérénité du climat dans lequel se déroule cette importante consultation populaire, apportera certainement un élément d'appréciation de la réalité de la vie politique en Algérie. Ces cadres de la haute administration politique de ce qui se fait de plus «pointu» de par le monde emboîtent le pas au Premier ministre français qui a clos une visite de travail de trois jours, jeudi dernier. Pour fréquentable qu'elle soit devenue depuis plus d'une dizaine d'années, l'Algérie a véritablement imposé un respect que les Occidentaux considèrent comme mérité. Et pour cause, ces visites, outre qu'elles témoignent d'une volonté de maintenir un contact permanent avec Alger, interviennent pour deux d'entre elles, au lendemain de rencontres très officielles. En effet, Federica Mogherini visitera l'Algérie quelque trois semaines après la réunion du Conseil d'association où les deux parties s'étaient mis d'accord pour la relance de la coopération. Ramtane Lamamra qui avait dit ses «quatre vérités» à la représentante de la diplomatie européenne, a ouvert quelques pistes de partenariat futur. Mais l'important pour l'Europe demeure l'impérieuse stabilité du flanc sud de la Méditerranée. Il reste que même si l'Algérie et l'Europe ont encore quelques divergences sur la politique de voisinage, la question du Sahara occidental, la venue de Mogherini témoigne de la volonté de l'UE de maintenir ouverts les canaux du dialogue. Le même constat peut être fait concernant les Américains qui dépêchent une délégation de parlementaires au lendemain de la tenue à Wahington de la quatrième session du dialogue algéro-américain sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Représentée à cette réunion par Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébine, de l'Union africaine et de la ligue des Etats arabes, l'Algérie s'est vu renouveler la confiance mise en elle par l'administration US, notamment sur la gestion du conflit en Libye. Les politiques américains qui verront de visu l'entame de la campagne électorale auront un agenda chargé à Alger, puisqu'il semble que le but de la mission est soit de tâter le pouls du pays sur tous les aspects, politique, économique et social. La «longue» liste de leurs interlocuteurs illustre une volonté de mieux connaître l'Algérie, vraisemblablement mue par l'intérêt grandissant des opérateurs économiques américains. Les quelques grands projets initiés en Algérie ont permis de mettre le pays sur une ligne de lisibilité, mais apparemment pas assez claire. De son côté, le docteur Andrew Parmley, le Lord-maire de la «ville-Etat» qu'est Londres, foule le sol algérien le même jour que les congressmen US et la diplomate européenne, mais à la différence que c'est sa première visite en Algérie. Après le Brexit, le Royaume britannique est quelque peu «désarçonné» et l'initiative de Londres qui dépêche à Alger une pléiade d'hommes d'affaires est de nature, selon le docteur Parmley de faire mieux que l'envoyé spécial de la couronne britannique Lord Brisby. «Il existe de nombreuses opportunités pour les entreprises britanniques en Algérie, et j'ai hâte d'en parler aux entreprises de Londres pour promouvoir tout ce que l'Algérie a à offrir. Je suis particulièrement enthousiaste à l'idée d'opportunités d'énergie, de télécommunications et de Fintech», note le Lord-maire de Londres dans un communiqué annonçant sa visite à Alger. Au vu de cet «embouteillage diplomatique», il semble que l'Algérie soit une destination appréciée des Européens et des Américains. Et le fait que cette dynamique intervient à la veille d'élections législatives, suppose que ces partenaires ne craignent pas un changement radical, susceptible de remettre en cause leurs intérêts dans le pays. C'est là une victoire à mettre à l'actif d'un effort fourni sur plus d'une décennie et qui porte enfin ses fruits. L'Algérie n'est plus dans la logique des «printemps», mais dans celle de la coopération.