Le marché pétrolier demeure à l'écoute... Les prix du Brent pointent à près de 56 dollars, en cours d'échanges européens, et restent soutenus par un probable rééquilibrage du marché. La fièvre ne retombe pas. Les frappes américaines contre la Syrie qui ont eu pour conséquence de propulser les cours de l'or noir à leur plus haut niveau depuis un mois n'ont pas encore cessé de les booster même s'ils affichaient un léger fléchissement hier. Vers 11h15 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 55,82 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, enregistrant une baisse de 16 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de mai cédait aussi 16 cents pour se négocier à 52,92 dollars. Les cours de l'or noir tendaient ainsi vers leur plus haut niveau en un mois qui avait été atteint le 7 avril en séance. En plus de ce facteur géopolitique sont venus s'ajouter des perturbations de la production qui ont favorisé la persistance de cette conjoncture haussière. «De fortes perturbations de la production continuent de doper les prix. Nous savions déjà pour les extractions canadiennes, mais le principal champ pétrolier de Libye est à nouveau au point mort», ont souligné les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Les regards sont focalisés sur la production libyenne qui a été exemptée de la décision de l'Opep et de ses 11 alliés de réduire leur production de près de 1,8 million de barils par jour pour redresser les prix du pétrole qui n'ont cessé de dégringoler depuis la mi-juin 2014, croulant sous une offre surabondante. Les échos en provenance de l'ex-Jamahiriya l'annoncent à la peine. «Les objectifs qui ont été affichés par le directeur de l'entreprise pétrolière nationale libyenne, de 800.000 barils par jour fin avril, apparaissent désormais peu probables», ont fait remarquer les experts du second groupe bancaire allemand. Comme il ne faut pas sous-estimer l'impact provoqué par la décision prise par les Etats-Unis de bombarder une base aérienne en Syrie, en riposte à une attaque chimique présumée imputée au régime du président Bachar al Assad. «Il faut prendre en compte les risques géopolitiques, d'autant plus que les réserves mondiales de pétrole commencent à reculer et que le marché ne connaît plus un surplus de la production massif», a prévenu Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. «Cependant, la Syrie n'est plus un grand producteur et il faudrait que la situation s'envenime dans tout le Moyen-Orient pour que la production mondiale soit affectée», a-t-il pondéré. Sauf qu'il faut souligner que deux acteurs majeurs du marché pétrolier, la Russie et l'Iran sont impliqués dans le conflit syrien. Deux poids lourds de la coalition Opep-non-Opep qui a décidé de réduire son offre de 1,758 million de barils par jour pour rééquilibrer le marché. A eux seuls ils pèsent près de 15 millions de barils par jour. Ce n'est donc pas un hasard que les prix de pétrole se soient sentis pousser des ailes. «Il faut reconnaître que la Syrie n'est pas un producteur-clé, mais ses alliés, la Russie et l'Iran, le sont. Les prix réagiront plus en fonction de leurs réactions que d'autre chose», avaient averti les analystes de Commerzbank. «Les tensions géopolitiques reviennent sur le devant de la scène et c'est un nouvel élément à prendre en compte, celui-ci étant de nature à soutenir les cours», ont-ils ajouté. Même si le ton a baissé d'un cran il n'en demeure pas moins que les ingrédients d'une envolée des cours de l'or noir sont réunis. «Cette action de Washington cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines qui sont déjà dans un état lamentable», avait déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le marché pétrolier demeure à l'écoute... «On dirait que la situation en Syrie a réveillé des inquiétudes. C'est le principal moteur à l'oeuvre, même si les cours ont nettement ralenti par rapport à cette nuit», a signalé Kyle Cooper, de IAF Advisors. En tout état de cause, l'actualité géopolitique «risque bien d'éclipser les chiffres de l'emploi américain (...) qui auraient en temps normal une influence majeure», a-t-il fait remarquer. Une hypothèse qui, a priori, ne tardera pas à être confirmée.