Les contrats à terme sur le pétrole brut s'inscrivent en légère hausse à la mi-journée lundi, soutenus par la progression des marchés d'actions européens et par l'appréciation de l'euro face au dollar. Les volumes d'échanges sont néanmoins peu nourris et le marché redoute une nouvelle hausse des stocks pétroliers américains. Les cours ont reculé pour la quatrième séance consécutive vendredi, plombés par la publication de statistiques décevantes sur la confiance des ménages américains et par le redémarrage de l'oléoduc 6A d'Enbridge. Par ailleurs, une tempête tropicale a soufflé sur le Mexique, ne causant toutefois que des perturbations mineures au niveau des exportations de brut du pays. En l'absence d'autres menaces de tempêtes dans la région du golfe du Mexique cette semaine, certains analystes s'attendent à voir une nouvelle série d'augmentations des stocks de brut et de produits pétroliers américains. "La courte phase de réduction des stocks - les réserves de brut américaines ont récemment reculé sur deux semaines consécutives en raison d'une baisse des importations - pourrait par conséquent prendre fin", a estimé Eugen Weinberg, chez Commerzbank. "Cette perspective devrait mettre les cours sous pression et les faire retomber vers 70 dollars le baril", a-t-il ajouté. Toutefois, Société Générale s'attend toujours à ce que le principal contrat sur le brut américain évolue en moyenne à 80 dollars le baril au quatrième trimestre 2010 grâce à une augmentation de la demande mondiale de pétrole, bien que la banque française ait abaissé de 5 dollars le baril sa prévision initiale. A 12h52, le contrat d'octobre sur le Brent coté à l'ICE de Londres gagnait 21 cents à 78,42 dollars le baril tandis que le contrat de novembre sur le brut du New York Mercantile Exchange, appelé West Texas Intermediate, prenait 30 cents à 75,22 dollars le baril. A la même heure, dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre grignotait 4 cents à 73,70 dollars, restant sous le seuil des 74 dollars qu'il avait franchi vendredi. Les prix du baril restaient toujours sous pression, après la réouverture vendredi d'un oléoduc américain du fournisseur d'énergie canadien Enbridge, transportant 670.000 barils de brut par jour, soit environ le tiers des importations américaines en provenance du Canada, premier fournisseur du pays. Sa fermeture le 9 septembre après la détection d'une fuite dans l'Illinois (nord des Etats-Unis) avait affolé le marché et fait bondir les cours. "Par ailleurs, l'ouragan Karl (à l'ouest du golfe du Mexique) a épargné la majeure partie de la production pétrolière mexicaine, ce qui signifie que les acheminement de pétrole aux Etats-Unis ne devraient pas être affectés de ce côté-là", ajoutaient les analystes de Commerzbank. Les inquiétudes récentes sur les approvisionnements de brut se trouvaient donc sérieusement entamées: "la tendance à la réduction des stocks américains de brut (à des niveaux historiquement élevés, ndlr), qui avaient baissé ces deux dernières semaines en raison d'importations en recul, pourrait donc prendre fin cette semaine", soulignaient les experts de Commerzbank. Selon eux, un retour à la progression des stocks pourrait accroître la pression sur les prix et les faire descendre autour de 70 dollars pour le WTI, bien qu'"une chute brutale est rendue impossible par la demande (solide) des investisseurs spéculatifs". L'affaiblissement du billet vert, propre à rendre les achats de pétrole libellés en dollar plus attractifs pour les investisseurs munis d'autres devises, et la bonne tenue des places boursières en Asie et en Europe contribuaient dans l'immédiat à stabiliser les cours de l'or noir, selon Bjarne Schieldrop, analyste de la banque SEB. Celui-ci restait cependant prudent: "il est dur d'envisager une remontée des prix du Brent aujourd'hui dans un marché européen où les craintes sur les banques irlandaises devraient se prolonger", estimait-il. Dans un contexte d'inquiétudes toujours fortes après une baisse du moral des consommateurs américains annoncée vendredi, les investisseurs devraient être attentifs au communiqué publié à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine mardi soir, le marché spéculant sur d'éventuelles nouvelles mesures de soutien à l'économie américaine.