Le marché pétrolier est sur le qui-vive Les frappes américaines contre la Syrie ont fait monter les cours de l'or noir à leur plus haut niveau depuis un mois. Cela fait un bail que le facteur géopolitique ne soit invité dans l'évolution du marché pétrolier. C'est désormais le cas. Depuis que les Etats-Unis ont attaqué une base militaire syrienne dans la nuit de jeudi à vendredi. Le Brent s'est hissé au-dessus des 55 dollars. Les frappes américaines contre la Syrie ont réussi à faire monter les cours de l'or noir à leur plus haut niveau depuis un mois. Hier aux environs de 11h30 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 55,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, enregistrant un gain de 57 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de mai bondissait de 63 cents pour se négocier à 52,33 dollars. Les prix du pétrole avaient atteint leur plus haut niveau depuis un mois, à 56,08 dollars pour le Brent et à 52,94 dollars pour le WTI avant les premières lueurs de l'aube, vers 3h45. Pas étonnant lorsque l'on sait que deux acteurs majeurs du marché pétrolier, la Russie et l'Iran sont impliqués dans le conflit syrien. Deux poids lourds de la coalition Opep-non-Opep qui a décidé de réduire son offre de près de 1,8 millions de barils par jour pour rééquilibrer le marché et redresser des prix qui ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis leur dégringolade entamée à la mi-juin 2014. A eux deux ils pèsent près de 15 millions de barils par jour. Ce n'est donc pas un hasard que les prix de pétrole se soient sentis pousser des ailes. «Il faut reconnaître que la Syrie n'est pas un producteur-clé, mais ses alliés, la Russie et l'Iran, le sont. Les prix réagiront plus en fonction de leurs réactions que d'autre chose», ont averti les analystes de Commerzbank. «Les tensions géopolitiques reviennent sur le devant de la scène et c'est un nouvel élément à prendre en compte, celui-ci étant de nature à soutenir les cours», ont ajouté les experts du second groupe allemand. Pour l'instant, que cela soit à Téhéran ou à Moscou, l'heure est à la riposte verbale. Une condamnation sans détours de ce passage à l'acte des Etats-Unis qui ont décidé de bombarder une base aérienne en Syrie, en riposte à une attaque chimique présumée imputée au régime du président Bachar al Assad. Le président américain Donald Trump a exhorté les «nations civilisées» à faire cesser le carnage. Le président russe Vladimir Poutine a qualifié les frappes américaines d' «agression contre un Etat souverain», a indiqué hier le Kremlin, principal allié de la Syrie. Si les cours ont quelque peu modéré leur hausse, il n'empêche que cette région du monde d'où émanent les effluves d'un conflit dévastateur aura pour conséquence de perturber sans coup férir l'offre mondiale de pétrole. Le ton monte. Moscou a annoncé la suspension de l'accord avec Washington sur la prévention d'incidents aériens en Syrie. «Cette action de Washington cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines, qui sont déjà dans un état lamentable», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le marché pétrolier est sur le qui-vive. «On dirait que la situation en Syrie a réveillé des inquiétudes. C'est le principal moteur à l'oeuvre, même si les cours ont nettement ralenti par rapport à cette nuit», a signalé Kyle Cooper, de IAF Advisors. En tout état de cause, l'actualité géopolitique «risque bien d'éclipser les chiffres de l'emploi américain (...) qui auraient en temps normal une influence majeure», a-t-il fait remarquer. «Le marché s'est légèrement calmé depuis les plus hauts atteints dans la nuit; il faudra attendre le décompte des puits américains de (l'entreprise privée) Baker Hughes pour évaluer la production américaine contre les efforts de l'Opep (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole)», a ajouté Michael Van Dulken, analyste chez Accendo Markets. Les ingrédients d'une flambée des cours de l'or noir sont en tout cas réunis. C'est sans doute la plus grave menace géopolitique à laquelle le marché de l'énergie doit faire face depuis longtemps. Reste l'étincelle...