Les islamistes vont-ils pavoiser après le 4 mai? L'alliance MSP-FC, regroupant le parti de Abderrazak Makri et celui de Abdelmadjid Menasra semble bien concevoir la dynamique de l'unité dans un cadre politique homogène et à la fois fidèle aux principes défendus par le regretté Cheikh Mahfoud Nahnah. La démarche d'alliance n'est pas juste une opportunité relevant de la conjoncture, caractérisée par les joutes électorales dans le cadre des élections législatives du 4 mai prochain. Elle s'inspire de la crise qui frappe les partis islamistes en général et «la maison» du regretté Mahfoud Nahnah en particulier. Pour le président du Front du changement (FC) Abdelmadjid Menasra, la question des alliances «est une nécessité imposée par la réalité de la situation politique dans le pays, qui ne tolère plus les divisions et l'éparpillement dans lequel se trouve la classe politique», a-t-il affirmé. La question de l'alliance est vue comme une panacée pour le Front du changement, non pas parce qu'elle arrange et conforte la position de ce dernier qui a trouvé beaucoup de peine à connaître un sérieux décollage politique depuis qu'il a eu son agrément, mais parce que cette alliance se veut comme une véritable réconciliation entre les frères ennemis d'hier, et aussi une nécessité imposée par la reconfiguration politique en cours. Il reste à dire que la mouvance islamiste est en train d'essuyer des défaites partout où elle se propose comme alternative politique dans le Monde arabe plongé dans une crise profonde menaçant ainsi son existence au nom du semblant «printemps arabe». Dans ce sens, le discours de Abdelmadjid Menasra, diffère un peu de celui des autres variantes de l'islam politique en Algérie, il fait dans les nuances, apportant ainsi la contradiction au discours islamiste radical représenté par le Front de la justice et du développement (FJD) du Cheikh Abdellah Djaballah et ses alliés, qui avaient le vent en poupe durant la période où l'Egypte ballottait, voire même était tombée dans les bras de l'islamisme politique le plus radical qui puisse exister dans le Monde arabe, à savoir l'organisation des Frères musulmans avec une dimension internationaliste fédérant tous les partis islamistes qui se reconnaissent dans son idéologie. L'islam radical à travers ses porte-paroles considérait que la situation était propice à sa mouvance pour accaparer le pouvoir en recourant à toutes les formes de chantage politique pour imposer son diktat. Concernant Abdelmadjid Menasra, qui est candidat aux élections législatives du 4 mai prochain, les choses sont prises autrement. Il développe un discours souverainiste et unitaire quant à l'Etat algérien et sa cohésion. D'ailleurs, il entre dans ces joutes électorales avec l'idée de défendre l'Etat algérien et ses attributs institutionnels. Maintenant, il reste à composer avec les différences qui découlent des contradictions propres à la mouvance islamiste en général et la famille MSP en particulier. En effet, il justifie la nécessité d'une alliance comme un juste retour au «bercail», mais cela «doit se faire en tenant compte des situations nouvelles que connaît le pays», indique-t-il. Menasra n'a pas recours au discours religieux pour dénoncer la corruption et la gabegie qui prennent le dessus dans le pays. Il affirme que «cela doit être banni en recourant au respect de la loi et la légalité», et d'ajouter que «la force de l'Etat se mesure à travers la force de ces partis politiques porteurs de vrais projets politiques (oeuvrant) dans l'intérêt de l'Etat et de la démocratie», précise-t-il. La fusion qui va se faire entre le Front du changement et le Mouvement de la société pour la paix, se montre comme un moyen pour ressouder les rangs du mouvement du regretté Cheikh Nahnah en proie à de véritables luttes intestines qui menacent d'éclatement ce mouvement au point de voir l'héritage de Cheikh Nahnah voler en éclats. L'unité comme cherche à la réaliser Abdelmadjid Menasra, est une aubaine, voire une occasion, une opportunité indéniable pour ce dernier, qui a vu son parti, à savoir le Front du changement, tâtonner et de ce fait régresser sur le plan de l'impact politique, donc de l'influence sur la société civile «islamique» en particulier et «laïque» en général, de reprendre une ardeur politique inespérée en revenant au berceau politique initial. En fait, c'est là une manière de se réconcilier avec son héritage politique d'un islam politique se voulant modéré, qui opte pour des choix de juste milieu susceptibles de lui assurer une place sur l'échiquier politique post-électoral.