Depuis le mois d'avril dernier, la Kabylie vit une situation des plus exceptionnelles. Les événement, qui la secouent depuis sept mois, ont favorisé certains dépassements qui ne peuvent être punis du fait de l'absence de l'Etat dont certaines structures ont été mises en quarantaine. Le mouvement citoyen, qui continue, contre vents et marrés, à exiger la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur que tout le monde ou presque reconnaît comme légitime, est soumis, chaque jour que Dieu fait, à des manipulations pour l'amener à verser dans l'irréparable. Le «jusqu'au-boutisme» de certains et les manoeuvres des autres n'ont fait qu'aggraver la situation qui tend de plus en plus vers l'inextricable. L'absence de l'Etat ne se situe pas seulement dans la prise en charge des préoccupations des citoyens, mais aussi dans la sécurité des biens. Une absence qui se traduit, chaque jour, par les agissements de certains individus ou groupe d'individus qui s'inventent des règles et les imposent aux autres par la force étant donné que celles de la République ne sont plus respectées. Plus besoin donc de contourner la loi comme c'était le cas avant les événements du printemps noir par la puissance des relations ou encore par celle du portefeuille. Des informations qui nous parviennent sur certains dépassements, ne font que témoigner sur la réelle déliquescence de l'Etat. Une situation qui n'est évidemment pas sans inquiéter car pouvant atteindre d'autres domaines tels que la santé, l'éducation en plus de celui de la sécurité, déjà fortement dégradé. Beaucoup d'exemples sont souvent rapportés prouvant la brillante absence du pouvoir de l'Etat qui ne joue plus son rôle en fuyant carrément ses responsabilités. Des individus s'en donnent à coeur joie à se moquer des lois de la République et à en inventer d'autres en fonction de leurs intérêts. Ainsi le patrimoine naturel se voit chaque jour dépérir faute d'une exploitation rationnelle. Nos forêts et nos plages sont ainsi pillées quotidiennement. A cette allure nous allons tout droit vers une anarchie qui risque à la longue de se généraliser avec son lot de dérapages. Le pire étant atteint ces derniers jours avec ce nouveau phénomène qui consiste à entreprendre des actions de représailles contre des citoyens dialoguistes ; un phénomène qui risque à la longue de provoquer des conflits familiaux dont les conséquences sont imprévisibles. Il est donc temps que tout le monde réagisse afin de prendre les choses en main. L'Etat doit agir pour se réapproprier le terrain avant que ce ne soit trop tard. L'urgence est d'autant plus grande lorsque des idées d'autonomie prennent de l'ampleur à une vitesse fulgurante sur un terrain où les garde-fous n'existent plus. Ulac smah ulac n'est-il pas un slogan annonciateur de cette dérive?