Un arrêté portant désignation des espaces autorisés pour la vente du cheptel ovin a été promulgué par Chérif Rahmani, au début d'avril 1997. Ce texte qui se voulait « un moyen de lutte contre l'apparition et la propagation des maladies », a arrêté des points de vente dans les communes de la capitale. Dans chaque point, des vétérinaires sont tenus d'être présents pour superviser les transactions et s'assurer de la bonne santé des bestiaux. Une brigade mobile, composée de trois vétérinaires, aura pour mission la coordination pendant toute la durée de l'opération. Selon l'arrêté, les autorités locales sont chargées de placer des plaques de signalisation pour informer les citoyens des lieux de vente autorisés qui seront ouverts quotidiennement de 8h à 19h. De plus, l'arrêté de Chérif Rahmani a retenu trois abattoirs, à savoir ceux de Hussein Dey, d'El Harrach et de Birkhadem, pour égorger les moutons le jour de l'Aïd « dans des conditions sanitaires plus au moins convenables ». Ce texte réglementaire a prévu même la saisie du cheptel en cas de non-respect des présentes dispositions. « Les infractions seront punies conformément au code pénal nonobstant les mesures administratives qui pourraient se traduire par la mise immédiate en fourrière du cheptel et véhicules de transport », lit-on dans l'article 5 du document. Tout compte fait, le souci des autorités de wilaya était alors la réglementation de cette « pratique » qui a pris une très mauvaise tournure. Cependant, près de neuf ans après leur promulgation, les mesures de cet arrêté n'ont toujours pas connu une application effective. Résultat : la capitale enregistre toujours une anarchie dans le commerce à bestiaux. Les citoyens paient ainsi la facture du laxisme et du laisser-aller des structures qui doivent se charger de la régulation de ce commerce. Si les quartiers et les alentours des habitations se sont transformés en marchés à bestiaux, c'est que les autorités locales, notamment, ferment les yeux sur ce genre de dépassement. Depuis quelques jours, en effet, les maquignons, les vrais et les faux, occupent des espaces vacants sur les autoroutes pour proposer leur bétail à la vente. Il suffit d'une randonnée dans les localités de Bab Ezzouar, Dar El Beida et Bordj El Kiffan, entre autres, pour constater la présence des éleveurs venus de l'intérieur du pays. Au-delà de l'aspect rural que cela confère à la première ville du pays, ces comportements engendrent beaucoup de désagréments. La circulation automobile sur les voies express devient dangereuse. Les accidents ne sont pas à écarter. L'absence de toute réaction de la part des services de l'Etat a poussé quelques « négociants d'occasion » à louer des locaux en ville pour proposer des moutons aux éventuels acheteurs. C'est le cas dans la commune de Belouizdad. Un marchand propose des moutons dans une petite boutique à la rue des frères Nazareth (ex-Alfred de Musset). Pas loin de là, un autre s'est converti dans le même négoce en ouvrant tout un hangar du côté de la rue Hassiba. Ce décor d'avant-fête du sacrifice n'a rien de nouveau. « Les abords des autoroutes, les cités populaires et même certaines grandes artères se sont transformés, durant plusieurs jours, en marchés à bestiaux pour la vente du mouton de l'Aïd en l'absence flagrante de contrôle sanitaire », ce constat d'un compte rendu de presse, qui remonte au mois d'avril 1996, n'a rien perdu de son actualité. Spéculation Il est connu que les citadins, pour ceux qui le peuvent, achètent les moutons les deux jours avant la fête. En ville, la capitale de surcroît, les gens ne disposent pas de l'espace nécessaire pour garder leur mouton et le nourrir avant le jour convenu. Il faut s'attendre donc à une réelle effervescence du commerce du bétail à partir du début de la semaine prochaine. Entre temps, toutes les portes sont grandes ouvertes à la spéculation. Le citoyen achètera son mouton en troisième ou en quatrième main. Ceux qui proposent des moutons à la vente ne sont pas forcément des maquignons ou des éleveurs. Une situation qui ne profite ni au fisc ni aux collectivités locales. Les communes auraient mieux fait de réglementer le marché à bestiaux pour profiter de ces retombées.