La Fédération internationale d'escrime avait failli nous enlever cette compétition. Une Coupe du monde en Algérie ce n'est pas tous les jours que cela arrive. Surtout lorsqu'on sait par quels pénibles moments est passé notre pays, devenu, en l'espace d'une décennie, un endroit infréquentable ou, du moins, à éviter. Cela c'est du passé mais les réticences demeurent et malgré toutes les garanties données par nos responsables, il y en a qui hésitent toujours à se déplacer chez nous. Ce serait, cependant, faire preuve d'un sacré subjectivisme pour affirmer que l'Algérie n'a pas changé sur le plan sécuritaire au point où le raz-de-marée terroriste s'est transformé en de rares vaguelettes. La preuve en est que des sportifs étrangers n'hésitent pas à venir concourir chez nous et que des fédérations internationales nous offrent la possibilité d'organiser quelques grandes manifestations sportives. Ainsi en a-t-il été de la Fédération internationale d'escrime, un sport olympique, qui avait décidé, il y a un peu plus d'un an, d'inviter l'Algérie à accueillir, en son sol, une étape du circuit de la Coupe du monde de sabre. Vous nous direz que l'escrime est loin d'être vulgarisée chez nous mais on était en droit de nous attendre à, sinon un énorme succès populaire, du moins, une assistance qui aurait donné une certaine ambiance à l'événement. Malheureusement, ce dernier est passé, pour ainsi dire, inaperçu et les escrimeurs ont évolué dans une salle Harcha presque vide de public durant les trois jours de compétition. Pourtant, ce n'était pas une compétition de second ordre puisque y ont participé d'authentiques champions olympiques comme l'Italien Montano et du monde. En tout cas les 16 premiers mondiaux se sont retrouvés à Alger du 30 avril au 2 mai. Bien sûr les regards se tourneront, tout d'abord, vers la Fédération algérienne d'escrime qui n'aurait pas su médiatiser l'événement. On se gardera, cependant, de lui en vouloir à 100% parce qu'il se trouve que cette instance a changé de direction en décembre dernier lors de l'assemblée générale élective. En outre, au moment de sa prise de fonction, les pouvoirs publics, c'est-à-dire le MJS, n'avait pas encore débloqué les moyens financiers pour organiser la compétition. Le temps a tourné et la Fédération internationale, s'apercevant du retard pris dans cette organisation, a menacé la Fédération algérienne de lui retirer la compétition et de lui infliger une amende de l'ordre de 650 millions de centimes. Evidemment, cela voulait dire que ce n'est pas demain que notre pays aura une autre compétition d'escrime à organiser et cela aurait donné des idées négatives à d'autres Fédérations sportives internationales. Alerté, le MJS a pu débloquer in extrémis l'argent et éviter une sorte d'humiliation pour notre pays. Comme il ne restait qu'une dizaine de jours pour le début de la compétition, le temps n'a pas suffi aux responsables de l'escrime algériens de donner à l'événement la publicité qu'il aurait méritée. Toujours est-il que la manifestation a tout de même eu lieu dans de bonnes conditions, le président de la Fédération internationale d'escrime, le Français René Roch, nous affirmant qu'il n'avait jamais douté de la capacité des Algériens d'organiser de tels évènements. «Je suis venu plusieurs fois chez vous et je savais que l'Algérie était capable d'accueillir une telle étape du circuit mondial» nous a-t-il dit. Il est vrai que le matériel acquis lors des derniers Jeux sportif arabes a été d'une immense utilité. L'une des plus grosses dépenses du comité d'organisation a consisté en la location d'un appareil sans fil pour le décompte électronique des points auprès des Ukrainiens pour la somme de 5000 euros. Cette expérience de l'escrime est à prendre en compte, notamment quand il s'agit, pour les pouvoirs publics, de donner leur O.K. pour l'accueil de tels évènements. La Fédération algérienne d'escrime n'aurait pas demandé l'organisation de cette étape de la Coupe du monde si elle n'avait pas reçu l'aval du MJS. En conséquence, ce dernier doit faire en sorte que la compétition soit mise sur pied dans les meilleures conditions possibles, notamment en débloquant suffisamment à l'avance l'argent nécessaire à son organisation. Une leçon à méditer pour les Jeux africains de 2007 et dont le comité d'organisation n'a toujours pas été installé.