Le décret portant ratification de l'accord sera signé dans les prochaines semaines par le président de la République. «L'accord ne peut-être effectif sans la libre circulation des personnes», a souligné M.Mohamed Hanèche, directeur général de la division Europe au ministère des Affaires étrangères. Il faut que la libre circulation, selon le président du Comité de préparation et de suivi de l'accord, soit considérée comme un vecteur de développement et non pas comme un obstacle à une réponse relative à l'immigration clandestine. Pour juguler ce phénomène, l'orateur préconise un meilleur investissement direct étranger au niveau de l'hémisphère sud. Le conférencier indique que dans le cadre de l'accord, «on ne peut empêcher un mouvement de personnes dans les deux sens» tel que défini dans la déclaration de Barcelone. Intervenant au forum d'El-Moudjahid, Mohamed Hanèche a tenté de démystifier l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne adopté récemment par les deux chambres parlementaires. «Les craintes et les réserves formulées par le patronat sont quelque part légitimes», souligne-t-il, notamment en ce qui concerne la problématique suscitée par le démantèlement tarifaire. Pour dissiper ces appréhensions, M.Hanèche a déclaré: «Il faut savoir que le démantèlement tarifaire induit un phénomène de défi pour l'économie nationale» avant de préciser «c'est un démantèlement progressif avant d'atteindre le niveau zéro». En effet, ce n'est qu'après une période de douze ans, à compter de la date de son entrée en vigueur, que cet accord doit ouvrir la voie à l'établissement d'une zone de libre-échange entre l'Algérie et les pays de l'UE d'où proviennent 70% de ses importations. Estimant le coût engendré par ce démantèlement entre 500 et 800 millions de dollars, soit 10% des recettes fiscales, l'invité d'El-Moudjahid a préconisé plusieurs solutions, entre autres, l'augmentation des taxes internes. Une solution rejetée illico presto par l'intervenant car «elle suppose une augmentation dans les charges des entreprises». En conclusion, l'intervenant jugera que «le démantèlement tarifaire ne peut être un obstacle à l'économie de marché, mais s'il est bien manipulé et instrumentalisé il peut être un stimulant». Pour le représentant du ministère des Affaires étrangères, «l'accord d'association est un instrument neutre et de promotion pour l'ancrage de l'économie nationale dans le cadre de la mondialisation». En outre, il demeure un vecteur devant permettre la réussite et le parachèvement des réformes dites de «2e génération» qui viennent en droite ligne de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Concernant les barrières non-tarifaires lors des opérations d'exportation, l'orateur a d'emblée exclu leur levée en raison des habitudes de consommation. «Ce sont des normes établies par chaque pays et il est temps pour l'économie algérienne de normaliser ces produits.» Sur un autre chapitre, l'orateur relèvera que l'accord socioculturel n'est pas à l'ordre du jour. «C'est une futilité pour le moment devant les priorités de l'heure», dira-t-il. Pourtant, selon l'article 74 de l'accord en question, il est stipulé que «le développement social doit aller de pair avec le développement économique». Dans une longue intervention, Mohamed Hanèche a tenté dans un langage simplifié de mettre en exergue les bienfaits de l'accord tout en relevant que le volet politique inhérent à la lutte contre le blanchiment d'argent et le terrorisme occupe une place de choix dans l'accord.