Donald Trump a étrenné hier chez le lobby des armes (NRA) ses 100 jours à la Maison-Blanche Le rendez-vous, 99 jours après son arrivée au pouvoir, est chargé en symboles: Donald Trump s'exprimait hier devant la National Rifle Association, le puissant lobby des armes qui lui réserva, sans l'ombre d'un doute, un accueil triomphal. Si les candidats républicains se bousculent traditionnellement, en campagne, aux portes de l'influente organisation, qui s'enorgueillit de sa capacité à peser sur les élections, locales comme nationales, l'image d'un président en exercice s'exprimant devant ses membres n'est pas commune. Le dernier exemple en date remonte à près de 35 ans, avec Ronald Reagan. Plus de 80.000 Américains et quelque 800 exposants sont attendus à Atlanta lors des quatre jours de cette 146e conférence annuelle de la NRA qui avait apporté, très tôt dans la campagne, son soutien à Donald Trump et lui a offert un appui financier de taille. Dans une courte vidéo présentant le discours, la NRA établit un parallèle entre la visite de Reagan et celle de Trump. Et rappelle, s'il en était besoin, les liens étroits qui la lient au 45e président des Etats-Unis. «Les membres de la NRA et les détenteurs d'armes ont aidé (Donald) Trump à arriver au sommet», souligne Wayne Lapierre, dirigeant de l'organisation qui a distribué les bons points au magnat de l'immobilier depuis son arrivée au pouvoir, saluant en particulier le choix du juge conservateur Neil Gorsuch pour la Cour suprême. En mai 1983, en campagne pour sa réélection, Ronald Reagan avait électrisé les membres de la NRA rassemblés à Phoenix, dans l'Arizona. «Nous ne désarmerons jamais un Américain qui cherche à protéger sa famille», lançait le président républicain le plus admiré de l'après-guerre, devenu au fil des années un monstre sacré, la référence ultime, pour nombre d'élus conservateurs. «La Constitution dit: il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes», avait-il poursuivi sous un tonnerre d'applaudissements. Si l'ancien acteur avait pris soin de citer mot pour mot le texte de référence de la démocratie américaine, il avait omis une partie de la phrase. Le deuxième amendement stipule en effet qu' «une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un Etat libre, il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes». Cette formulation a donné lieu à de nombreuses interprétations différentes suivant qu'on se situe d'un côté ou de l'autre de l'échiquier politique. Si aucun élu ne prêche aujourd'hui la confiscation des armes, la différence entre démocrates et républicains concerne le degré de réglementations sur les ventes ou les permis. Barack Obama, qui avait voulu faire bouger les lignes sur ce thème, s'est heurté au blocage farouche des élus républicains du Congrès. «Hillary-la-crapule est la candidate la plus anti-armes et la plus anti-deuxième amendement qui soit», avait lancé Donald Trump il y a un an devant la NRA, rappelant que deux de ses fils en étaient membres depuis de longues années. Soucieux de galvaniser sa base après une série de revers en justice et au Congrès qui ont considérablement terni son bilan des 100 jours, le président républicain pourrait, dans son allocution cette année, retrouver les accents d'un discours de campagne. Ce soir, il prononcera un discours à Harrisburg, en Pennsylvanie, l'un des trois Etats (avec le Michigan et le Wisconsin) où sa victoire fut décisive pour créer la surprise et accéder à la Maison Blanche à la surprise générale. Grâce, en particulier, à l'appui des millions de membre de la National Rifle Association.