Un patient infecté par le virus du sida doit prendre un traitement à vie. Pour quelle raison? Les thérapies antirétrovirales empêchent la réplication du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans ses cibles, les cellules du système immunitaire appelées lymphocytes T CD4. Cependant, les antirétroviraux ne débusquent pas les réservoirs de ce virus - certains lymphocytes T CD4 qui hébergent son génome sans le traduire en molécules virales. Or, en cas d'arrêt du traitement, ces «cellules dormantes?» (de l'ordre de une pour un million de lymphocytes T CD4 infectés), qui peuvent rester silencieuses pendant des années, finissent par se réveiller et relâcher de nouveaux virus dans l'organisme. Jusqu'à ce jour, ces cellules dormantes étaient indétectables et échappaient à tout traitement. Cependant, avec leurs collègues, Benjamin Descours et Gaël Petitjean, de l'Institut de génétique humaine de l'université de Montpellier (UMR 9002, Cnrs), ont découvert un marqueur qui permet de repérer ces réservoirs et qui apporte donc de nouveaux espoirs dans la lutte contre le virus. Pour détecter ces cellules dormantes, les biologistes ont posé l'hypothèse que leur métabolisme devait présenter des différences. Ils ont donc construit un dérivé génétique du VIH qui produit une protéine fluorescente. Ils ont ensuite infecté avec ce virus fluorescent des lymphocytes T CD4 qui ne répliquaient pas l'ADN viral de façon active, afin de les marquer. En utilisant une technique de séquençage à haut débit de l'ARN, les chercheurs ont alors regardé si certains gènes étaient davantage exprimés dans les cellules marquées par la protéine fluorescente que dans les autres. Ils ont trouvé que 103 gènes étaient plus exprimés, dont 16 codant des protéines transmembranaires, de bonnes candidates pour identifier et trier les cellules. Parmi ces 16 gènes, le plus exprimé codait une protéine nommée CD32a. En temps normal, cette protéine est détectée à la surface de diverses cellules du système immunitaire, où elle active plusieurs mécanismes de défense contre des agents pathogènes. Néanmoins, elle n'est jamais produite par les lymphocytes T. Or Benjamin Descours et ses collègues ont découvert que CD32a est présente sur la membrane externe d'environ 50% des lymphocytes T CD4 dormants infectés, mais pas sur les cellules T non infectées, ni sur celles où le VIH se réplique. À l'aide d'un anticorps commercialisé qui reconnaît la protéine CD32a, les auteurs de l'étude ont même pu isoler les cellules T CD4 qui la produisent des autres.