La nouvelle génération de cinéastes algériens poursuit son remarquable parcours à travers les festivals internationaux. Quatre films algériens sont en lice dans la section «Hypermétropie» et dans la section «En bref» au Festival du cinéma africain de Tarifa et Tanger (Fcat), qui se tient du 28 avril au 6 mai 2017. La cérémonie de remise des prix est prévue le 5 mai. La 14e édition du Festival du cinéma africain, qui se déroule simultanément à Tarifa, en Espagne, et à Tanger, au Maroc, propose cette année 70 films dont 20 premières en Espagne, 26 films en compétition, cinq prix et plus d'une trentaine de pays représentés, dont l'Algérie, qui sera présente avec six films: quatre en compétition et deux hors compétition. Parmi les long-métrages nominés en compétition se trouvent «Atlal», de Djamel Kerkar, et «Fais soin de toi», de Mohamed Lakhdar Tati. Les deux jeunes réalisateurs se sont déplacés à Tarifa et à Tanger pour présenter leurs oeuvres au public et participer à des rencontres avec les médias et d'autres cinéastes invités au festival. Projeté le 30 avril en première mondiale, le documentaire «Fais soin de toi» raconte le voyage du réalisateur algérien qui, interpellé par sa famille sur son célibat, décide d'entamer une recherche sur le sens de l'amour pour les uns et les autres dans son pays. Le documentaire offre ainsi une mosaïque de témoignages dévoilant, avec une subtilité poétique, la façon dont beaucoup d'Algériens d'aujourd'hui vivent leur sentiment amoureux. «Atlal» (ruines ou vestiges en arabe) raconte en 100 minutes l'histoire des habitants de Ouled Allal, un village près de Sidi Moussa à Alger. Meurtrie par le terrorisme dans les années 1990 et quasiment éradiquée, la bourgade revient tant bien que mal vers la vie, traînant le poids de la mémoire. «Atlal», premier long-métrage de Kerkar, a déjà remporté le Prix du FID de Marseille ainsi que deux récompenses spéciales au Med Film Festival en 2016. Cette année il a également été projeté au festival du film africain de Louxor, au Festival international de Mar del Plata en Argentine et voyagera au Pérou, en juin 2017, pour participer au Lima Independiente International Film Festival. Les deux moyen-métrages en compétition sont «Kindil el Bahr» et «Le jardin d'Essai». Dirigé par Damien Ounouri, et coproduit par l'Algérie, le Kuwait et les Etats-Unis, «Kindil el Bahr» s'attaque aux violences faites aux femmes. Le moyen-métrage raconte la tragique histoire de Nfissa, jeune mère de famille, qui, lors d'une sortie à la plage, est lynchée à mort par un groupe d'hommes pendant qu'elle se baignait seule au large. Le parcours du film a été jalonné de prix et de nominations: d'abord à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, ensuite aux Regards sur le cinéma du monde, au Festival des cinémas d'Afrique du pays d'Apt, au Med Film Festival de Rome et enfin au festival du film africain de Louxor. Le moyen-métrage «Le Jardin d'Essai», de Dania Reymond, a, quant à lui, été projeté pour la première fois en Espagne. Tourné au Jardin d'Essai du Hamma à Alger, le film montre comment Samir, un réalisateur, rencontre des acteurs et les fait répéter. Son prochain film est un conte mettant en scène les jeunes d'une ville assiégée. Mais en pleine répétition, l'équipe se retrouve confrontée aux mêmes questions que leurs personnages. Deux autres films seront présentés dans les sections hors compétition. Il s'agit de «El Gusto», de Safinez Bousbia, projeté dans la section «l'Afrique en rythme» (catégorie centrée sur l'expression musicale du continent africain); et de «Tahqiq fel Djenna», le dernier documentaire de Merzak Allouache, projeté dans la section «Afroscope». En outre, le Festival propose une rétrospective quasi intégrale de l'oeuvre du cinéaste franco-sénégalais Alain Gomis, à travers la projection de six longs-métrages de fiction qui lui ont valu de nombreuses distinctions et nominations. D'ailleurs, son dernier film, «Félicité», Grand Prix du jury à Berlin et Grand Prix au Fespaco, est programmé en ouverture du festival. Le cinéma algérien a été fortement présent dans la programmation du festival dès ses premières éditions. A l'occasion du cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, le FCAT-Córdoba consacre l'une de ses sections à l'histoire du cinéma algérien. La sélection réunit des oeuvres-clés d'un pays qui fut le fer de lance du nouveau cinéma arabe et dont le cinéma a, comme le dit Jacques Rancière, «... incarné l'histoire en faisant correspondre un mode formel de la réalité qui lui est contemporaine et la volonté de transformer cette réalité qui est le propre de l'homme dans l'action historique». Il sied aussi de mentionner que le film «Fi Rassi rond-point», de Hassen Ferhani, a reçu une mention spéciale du jury à l'édition 2016 du festival, tandis que le Prix du meilleur court-métrage de la section «En Bref» a été décerné au film «Un Métier bien», du réalisateur algérien Farid Bentoumi.