Le ministère de l'Intérieur estime que «ceux qui considèrent que des irrégularités ont entaché ce scrutin n'ont qu'à saisir la Hiise». Le taux de participation officiel est de 38,25%, c'est le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, qui l'a annoncé hier, lors d'une conférence de presse qu'il a tenue au Centre international des conférences à Alger. Ce taux est, c'est le moins que l'on puisse dire, faible, y compris en comparaison avec celui des législatives de 2012 qui ont enregistré une participation supérieure à 41%. Toutefois, le ministre de l'Intérieur relativise. «Il est vrai que le taux de participation est inférieur à celui de 2012 qui est de plus de 41%. Mais, c'est normal. En 2007, il y a eu 35% de participation. Ceci n'est pas un indicateur fondamental dans l'évaluation des élections législatives parce que celles-ci, contrairement aux locales et aux présidentielles, sont très particulières et leurs enjeux sont fort complexes. Le peuple a dit son mot et nous respectons parfaitement son choix», a-t-il dit avant d'asséner que «l'Algérie est un Etat qui tire sa force de son respect des lois, des institutions et des libertés des Algériens». A travers cet exercice qu'il a voulu pédagogique, le ministre de l'Intérieur a voulu minimiser l'abstention qui est de l'ordre de 61, 75%. Mais pas seulement. En effet, tout en précisant qu'il est inutile de comparer ce qui se passe en Algérie à ce qui se fait ailleurs, il a fait savoir que l'Algérie a ses spécificités et elle en est fière, avant de préciser que, parmi ses spécificités, figure le respect de la volonté des Algériens quant à l'expression de leurs voix ou non. «Nous ne pouvons pas obliger les Algériens à aller voter. Nous respectons leur libertés même si notre souhait est de les voir voter en masse. 38 25% ont dit leur mot. Maintenant, c'est à leurs représentants d'être à la hauteur de leurs attentes et aspirations,» a-t-il affirmé. Les bonnes et les mauvaises surprises Le scrutin du 4 mai a surpris plus d'un par ses résultats. En effet, selon les résultats provisoires donnés par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bedoui, le FLN, dont le secrétaire général n'a raté aucune occasion de revendiquer une majorité écrasante, a chuté de plus de 50 sièges par rapport aux législatives de 2012 en obtenant seulement 164 sièges. Les islamistes qui, eux aussi, ont tablé sur un score appréciable n'ont obtenu que 48 sièges avec 33 pour l'alliance MSP-FC et 15 pour l'alliance Ennahda-Dala-Binna. Le FFS et le RCD qui n'ont jamais déserté le terrain des luttes et qui ont été de tous les débats n'ont récolté que 14 sièges pour le premier et neuf pour le deuxième. Mais les surprises ne sont pas toutes mauvaises. Le RND, qui a eu 68 sièges dans la législature précédente, en a obtenu 97, ce qui constitue une nette avancée pour lui. Le TAJ de Ammar Ghoul qui participe pour la première fois à une élection a, lui, gagné 19 sièges et le MPA de Amara Benyounès s'est taillé 13 sièges alors qu'il n'en a eu que sept aux législatives de 2012. L'autre invité surprise de cette élection, c'est le Front El Moustaqbal de Abdelaziz Belaid qui fait une percée tonitruante en obtenant 14 sièges. Le PT quant à lui, avec 11 sièges, a gardé son score traditionnel qui varie entre 10 et 20 sièges en fonction des conjonctures. Les autres partis ont obtenu chacun un ou deux comme le PLJ, l'UFDS, le MCL, le FNA, le PJ, etc. «La Hiise a fait preuve de professionnalisme» S'exprimant sur les irrégularités signalées ça et là par certains partis de l'opposition, Nouredine Bedoui a reconnu qu'il y a eu en effet «quelques cas très rares d'irrégularités dans certaines régions», mais il n'a pas manqué de préciser qu'ils sont sans grande incidence sur le déroulement du scrutin et s'est engagé à y remédier. Néanmoins, dans l'absolu, il a refusé d'admettre une quelconque fraude ou grosse irrégularité pouvant peser sensiblement dans la répartition des sièges. «Ceux qui ont vu les lois qui ont régi ces élections savent que celles-ci ne peuvent se dérouler que dans de bonnes conditions. Les garanties de transparence ont été là. Il n'y a pas eu de fraude. Ceux qui considèrent que des irrégularités ont entaché ce scrutin n'ont qu'à saisir la Hiise,» a-t-il recommandé. Revenant sur le climat général de cette élection et leur enjeu à court, à moyen et à long terme, Nouredine Bedoui a déclaré que «cette élection est la première épreuve démocratique après l'adoption de la nouvelle Constitution qui institue des garanties sans précédent dans notre histoire, notamment avec la mise en place de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections». «La nouvelle Constitution a généré un cadre juridique nouveau que nous avons respecté rigoureusement et la Hiise a fait preuve d'un professionnalisme irréprochable dans l'accomplissement de ses missions», a-t-il soutenu, imperturbable malgré les questions insistantes des journalistes.