Pouvoir voter uniquement en présentant une pièce d'identité pourrait jeter le discrédit sur toute l'opération électorale sur laquelle pèse déjà une forte suspicion de fraude. Tous les moyens sont bons pour faire participer "massivement" les électeurs aux législatives du 4 mai prochain. Et le gouvernement ne lésine pas sur les moyens en utilisant à cette fin les sorties des ministres tordant le cou au plan d'austérité, dégelant ou lançant des projets. Et, enfin, cette sortie, dans la même veine, du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, en fin de semaine à Médéa. Outre l'enveloppe financière accordée à la localité de Mihoub (Médéa où il était en visite ce jeudi) pour effacer les traces du séisme, le ministre a fait une déclaration qui pourrait entacher la crédibilité et la transparence du scrutin. En effet, annonçant que l'inscription des électeurs se poursuit, ce qui est normal, le ministre a cependant précisé qu'elle se poursuivra jusqu'au jour de l'élection législative et encore, plus inattendu, affirmé que les électeurs qui n'ont pas eu leur carte de vote peuvent voter à condition qu'ils soient inscrits au fichier électoral sur simple présentation de la carte d'identité. Si le gouvernement a mis tous les moyens pour réussir cette joute électorale pourquoi alors introduire une telle exception qui, en elle-même, est porteuse de suspicion de fraude ? Après les révisions régulière et exceptionnelle des listes électorales, il aurait été plus judicieux de s'en tenir à la poursuite de l'opération d'inscription des électeurs jusqu'au jour du vote. Mais s'exprimer uniquement en présentant une pièce d'identité pourrait jeter le discrédit sur toute l'opération électorale. Cela d'autant que des partis politiques, en plus des boycotteurs qui ont déjà tranché la question, continuent à émettre des réserves sur la transparence du scrutin considérant leur participation comme un moyen de limiter la fraude. Pourtant, le ministre de l'Intérieur a été clair dans son affirmation lors de sa conférence de presse : "Les citoyens inscrits sur les listes électorales et n'ayant pas encore obtenu leur carte peuvent voter le jour du scrutin à condition d'être munis d'une pièce d'identité nationale." Une "faveur" que rien ne peut justifier quand bien même pourrait être évoqué le déplacement de plusieurs familles dans le cadre des opérations de relogement puisque celles-ci sont déjà inscrites dans leur commune d'origine et peuvent à cette occasion y revenir pour voter. Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères informe, à travers un communiqué rendu public, qu'un accord a été signé avec le département de M. Bedoui et la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise) pour permettre aux électeurs de la communauté établis en France de voter le 4 mai prochain, en plus des deux jours accordés à toute la communauté algérienne établie à l'étranger. Et de préciser que des bureaux de vote, autres que ceux des consulats, seront ouverts pendant les deux jours du scrutin. Une décision prise, est-il souligné, en concertation avec les autorités françaises. À charge aux consulats de donner les adresses des bureaux de vote situés en dehors des enceintes consulaires. Ainsi, tout est fait pour aboutir à l'objectif que se sont tracé le gouvernement ainsi que certains partis politiques de faire du scrutin du 4 mai, une démonstration de l'unité nationale, un message à envoyer au monde et une élection exemplaire... Djilali B.