Une première pour deux mondes éloignés mais aux destins croisés. Le président de la République et président en exercice de la Ligue arabe, Abdelaziz Bouteflika, se rendra aujourd'hui au Brésil où il doit coprésider avec son homologue brésilien Luiz Inacio da Silva le premier sommet pays arabes-Amérique latine qui doit se tenir demain et mercredi, à Brasilia. Le chef de l'Etat, outre les rencontres qu'il aura avec son homologue, rencontrera des hommes d'affaires brésiliens à Sao Paulo. Le président de la République se rendra ensuite, du 14 au 17 mai, en visite d'Etat au Chili, au cours de laquelle la délégation algérienne aura une intense activité politique et économique. Enfin, le président Bouteflika effectuera les 17 et 18 mai une visite officielle au Pérou qui sera notamment consacrée au renforcement de la coopération économique laquelle, pour l'instant, concerne uniquement le domaine des hydrocarbures. Pour le chef de l'Etat, fervent partisan de la coopération multilatérale, il est bien établi que les réformes politiques, économiques et sociales ne peuvent réussir que si elles se fondent sur leur appropriation nationale par chacun des pays et se déploient dans un environnement régional et international favorable. Dans cet esprit, le président de la République est convaincu que «nul ne peut occulter le fait que la situation au Moyen-Orient et en Irak constituent de sérieux facteurs d'instabilité». Organisé à l'initiative du chef de l'Etat brésilien, ce sommet se veut un espace de promotion des échanges Sud-Sud et pour une coordination accrue entre les deux ensembles régionaux qui affrontent les mêmes défis dans la lutte pour le développement. Ce premier sommet des pays arabes-Amérique latine, placé sous le signe de la coopération Sud-Sud, sera malheureusement marqué par l'absence de plusieurs chefs d'Etat arabes et américains qui ont décliné l'invitation, pourtant mise sur pied depuis deux ans. Parmi les absents, on citera le président égyptien, Hosni Moubarek, le prince héritier saoudien, Abdallah Ben Abdelaziz, le souverain marocain, Mohammed VI, le président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que le colonel Mouammar Kadhafi, dirigeant de la Libye. Néanmoins, sur les 22 membres de la Ligue arabe, plusieurs seraient représentés par leur chef d'Etat (Algérie, Irak, Qatar, Autorité palestinienne, Irak et Djibouti). Trois autres (Syrie, Liban et Mauritanie) enverraient leur Premier ministre et la plupart des autres pays, leur ministre des Affaires étrangères en plus du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa qui a exprimé sa désapprobation quant à ces absences. Côté sud-américain, des douze chefs d'Etat invités, seuls ceux de Colombie, l'Equateur et Surinam manqueront à l'appel. Ainsi, ce sommet «est une fenêtre ouverte pour la rencontre des peuples (...) afin que les Arabes brisent l'isolement qui leur est imposé (par les Etats-Unis et Israël)» estiment certains analystes. Selon certaines informations, le projet s'oppose ouvertement aux sanctions unilatérales imposées par Washington contre la Syrie et affirme «le droit des Etats et des peuples à résister à l'occupation étrangère» en insistant sur le «respect de l'unité territoriale, de l'indépendance et de la souveraineté de l'Irak». Au plan économique, ce sommet sera l'occasion pour les pays arabes et d'Amérique latine d'intensifier leur coopération dans le domaine des biotechnologies afin de favoriser l'agriculture dans les régions arides et semi-arides en plus de la revalorisation des échanges commerciaux.