Cette initiative de rapprochement, qui se matérialise à travers ce sommet, a été lancée par le président brésilien Lula da Silva en 2003. Arrivé hier, dans la capitale brésilienne, le président de la République doit y coprésider avec son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva le premier sommet pays arabes-Amérique du Sud qui doit se tenir aujourd'hui et demain. Première du genre, cette rencontre est censée déboucher sur des résultats concrets sur les plans économique, commercial et culturel entre les deux entités régionales. L'on espère, à ce propos, la mise en place d'un mécanisme de coopération au niveau des ministres de l'Economie. Les dirigeants arabes et sud-amériains auront à examiner «les moyens de développer la coopération économique», a souligné le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem. Dans cet ordre d'idées, précisera le ministre, un projet de mise en place d'une zone de libre échange commune était à l'étude. Pour l'heure, le volume des échanges commerciaux entre le monde arabe et les pays de l'Amérique du Sud en 2004 est estimé à quelque 9 milliards de dollars. Ce chiffre est qualifié par les experts d'assez faible, eu égard au poids démographique des deux régions qui, avec quelque 620 millions d'habitants, représentent plus du dixième de la population mondiale. Cet état de fait est d'autant plus regrettable, soutient-on, que nombre de pays d'Amérique du Sud, à l'image du Brésil, sont classés dans la case des pays émergents à croissance économique appréciable. D'ailleurs, l'hôte du sommet passe pour être parmi les nations les plus attractives en matière d'investissements directs étrangers. Dans la perspective de donner toute sa dimension économique au sommet, une foire industrielle est prévue en marge de la rencontre. Cette façon de procéder, qui fait une petite entorse à la tradition lors de pareils événements, est, de nature à pousser les chefs d'Etat présents à aller à l'essentiel, à savoir plancher sur le développement humain, tant dans le monde arabe qu'en Amérique du Sud, deux régions qui ont été traversées par une vague d'instabilité politique qui a conduit à un retard socio-économique certain. Cela étant, les aspects politique et culturel auront également leur place dans ledit sommet, puisqu'un festival du cinéma arabe et des séminaires culturels sont également prévus en marge de la conférence des chefs d'Etat. Ainsi au volet politique, «il sera question du conflit israélo-arabe, la réforme des Nations unies, la lutte contre le terrorisme, notamment la nécessité de faire la distinction entre ce fléau et l'islam ou la lutte légitime contre l'occupation étrangère», a souligné Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du chef de l'Etat. En fait, cette initiative de rapprochement, qui se matérialise à travers ce sommet, a été lancée par le président brésilien Lula da Silva en 2003. Les pays arabes ont, de leur côté, soutenu cette démarche lors des sommet de la Ligue arabe de Tunis, en mai 2004, et d'Alger, en mars dernier. Le sommet de Brasilia a pour but «d'intensifier les relations entre les pays arabes et sud-américains dans de nombreux domaines et marquera le début d'une coopération intense et mutuellement avantageuse», avait estimé en février dernier, le président Lula. «Un regard sur le passé montre que les points de contact entre ces deux mondes remontent au temps de la présence arabe sur la péninsule ibérique et à la naissance des cultures qui ont créé l'Amérique latine», soulignent, pour leur part, les organisateurs du sommet. Les pays des deux régions «vivent dans la recherche de la paix et du développement économique fondé sur la justice sociale, alignent leurs actions sur le respect du droit international et le multilatéralisme, défendent un monde multipolaire, tolérant, d'inclusion, ainsi qu'un cadre international plus juste et plus favorable au développement», indiquent-ils. Un fait parlant plaide pour la tenue de ce sommet: sur 12 millions de Sud-Américains, 10 millions de Brésiliens sont d'origine arabe.