Le phénomène du vote blanc n'est pas une spécificité d'une région ou d'une autre, mais il a touché l'ensemble des wilayas du pays. C'est du jamais-vu dans l'histoire des échéances électorales précédentes. Le vote blanc a pris une place considérable lors du srutin du 4 mai dernier. Plus de deux millions d'électeurs ont opté pour un bulletin nul, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Ce chiffre indique sérieusement que la classe politique dans sa totalité n'a pas réussi à convaincre les électeurs. Sur un total de 23.251.503 inscrits, le nombre de votants est de 8.624.199. Les suffrages exprimés sont de 6.514.282 bulletins, avec un taux de 75,53%, alors que le nombre de bulletins nuls est de 2 109 917, indiquent les données communiquées vendredi dernier par le département de Bedoui. Ainsi, la huitième assemblée a été élue avec moins de sept millions d'électeurs, un chiffre dérisoire pour ne pas dire scandaleux. Deux millions de voix ont échappé aux partis faute de conviction. Le vote blanc n'est pas propre à une région. En consultant les données du département de Bedoui, on constate que la capitale est en tête de liste en termes de bulletins nuls avec 261 927 électeurs pour une faible participation de 28,27% suivie de Sétif avec 121 483 et 110 515 de votes blancs à Mostaganem. Même les wilayas du Sud, qui sont connues pour leur soutien aux politiques des partis de la coalition, n'ont pas dérogé à la règle en enregistrant des bulletins nuls: entre 37 545 à Naâma, 22 005 à Tindouf et 14 821 à Ouargla. Le plus faible nombre de bulletins nuls a été enregistré à Illizi, avec 6 203 bulletins, ce qui démontre que le phénomène du vote blanc qui a touché l'ensemble des wilayas n'est pas une spécificité d'une région ou d'une autre. Les observateurs de la scène politique qualifient cette situation de défaillance totale de la classe politique. Malgré le nombre important de candidats qui avoisine les 12.000 et les partis qui se sont impliqués dans la bataille électorale, on avance 53 formations politiques toutes tendances confondues, il n'en demeure pas moins que ces dernières ont échoué dans leur mission, à savoir rafler plus d'électeurs. Cela explique également que les programmes et les idées développés par la plupart des partis n'ont pas été efficaces. «Personne ne m'a convaincu, ils sont tous des voleurs, ils ne cherchent que leurs intérêts», témoigne un ingénieur, la cinquantaine dépassée croisé au bureau de vote installé à l'école primaire Mouloud-Kacem Naït Belkacem à Réghaïa. Cet interlocuteur n'a pas caché son choix. «J'ai opté pour un bulletin nul car ils ne méritent pas nos voix», a-t-il soutenu en donnant comme exemple l'état des routes et de nos écoles à Réghaïa. «On dirait que nous ne sommes pas en 2017 mais en 1940», dit-il avec un visage froissé. Le cas de cet homme se multiplie par des milliers. «Je vais voter uniquement pour cacheter ma carte de vote car dans ce bled, ils peuvent exiger du jour au lendemain la carte dans le dossier de logement ou d'emploi», a déclaré une jeune femme, à peine la quarantaine, rencontrée dans un bureau de vote à Rouiba. Pour elle, la classe politique est sur une rive et le peuple sur une autre. «Ils nous sollicitent juste pour les élections mais pas pour défendre le pouvoir d'achat», a-t-elle déploré en rappelant la loi de finances 2017. Malgré la campagne tambour battant menée par les partis et le gouvernement pour barrer la route à l'abstention, l'appel n'a pas eu un écho favorable auprès des citoyens. Un constat qui confirme davantage le divorce entre la politique et le peuple.