Selon Ghlamallah, la personnalité nationale prime sur tout «islam conjoncturel». Dans un discours inaugural des travaux sur « le discours religieux dans les organes de presse », qui ont lieu à la Maison de l'imam, à Mohammadia (Alger), le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdellah Ghlamallah, a appelé à une unification du discours religieux à travers les mass-médias, non sans inviter au préalable à l'instauration d'une méthodologie apte à canaliser les interventions et autres écrits à travers la presse. Le but étant de discipliner les sources dans un magma d'informations religieuses de plus en plus éclaté, notamment du fait du boom technologique et de l'Internet, susceptible de flouer l'opinion nationale. Se voulant plus pédagogique que répressif, le ministre des Affaires religieuses a écarté l'idée de s'imposer comme rédacteur en chef de la rubrique religieuse dans les journaux. Cependant, il a clairement signifié que désormais, le discours islamiste, tel qu'il sera distillé par les organes de presse nationaux ne sera plus empreint de cet orientalisme excessif qui aura conduit le pays aux dérives que l'on connaît. Dans son discours, M. Ghlamallah n'a pas manqué de préciser, à ce propos, que la personnalité nationale devra primer sur le contenu de ce discours. Lequel devra obéir au référent malékite, tel que déjà annoncé par le président de la République. «Sauf cas de force majeure», le discours religieux sera adapté en fonction de certaines exigences particulières, mais s'inspirera, à chaque fois, du Coran, de la sunna et du hadith, qui demeurent ses seules sources crédibles. Des éclairages particuliers pouvant être apportés, au demeurant, par la foi et la morale. Le ministre des Affaires religieuses démontrera ensuite que le discours religieux n'est pas forcément rebelle au régime politique en place. Objectif, sa seule vocation reste celle du conseil inspiré du Livre et de la sunna, précisera-t-il. Mais le message sous-entendu par le premier responsable des Affaires religieuses est, sans conteste, celui de revenir à cet islam légué par nos ancêtres et non pollué par la violence politique. A travers ces mots, M.Ghlamallah a, en effet, semblé vouloir recoller les morceaux de cet islam algérien authentique, malmené par des courants «étrangers» qui ont failli mener toute une nation à la dérive. «L'Algérie a sa propre personnalité dans le discours religieux, ce à quoi il faut revenir», déclarera-t-il. Dans cette optique, il avertira que le souci, à l'avenir, sera de coordonner cette nouvelle orientation entre universitaires et hommes de religion, à l'effet justement de faire ressortir de la manière la plus parfaite un pur discours religieux, algérien, dans le respect le plus total des quatorze siècles de l'Etat algérien, au sens le plus large du terme. C'est-à-dire qu'il n'a jamais été confiné aux seules limites du pouvoir politique, souvent éphémère. Désirant plutôt exposer les termes d'un problème que porter un jugement, à l'occasion de cette première rencontre du genre, Ghlamallah, sans verser dans la laïcité la plus diluée ni dans l'orientalisme le plus tendancieux, s'est dit, et en termes clairs, «contre l'extrémisme». Au préalable, Ghlamallah, également témoin des tragiques événements du 8 Mai 45, revendique explicitement le pardon de la France coloniale de 1830. Un mea culpa nécessaire, selon lui, pour mieux appréhender l'avenir dans un pur esprit de réconciliation. L'initiative en revient à la France.