Depuis 1999 et jusqu'à 2006, les services du ministère ont pu récupérer quelque 5 000 biens waqfs alors que plus de 200 dossiers relatifs à des contentieux avec des indus occupants sont au niveau de la justice. L'opération de recensement des biens waqfs (terres, locaux commerciaux, habitations…) n'avance pas tel qu'espéré par les responsables du ministère des Affaires religieuses, même si des résultats ont été réalisés depuis la reprise du dossier entre 1998 et 1999. C'est le constat qui a été fait hier à l'ouverture des travaux du séminaire consacré à cette question et organisé à Dar El-Imam de Mohammadia. Le directeur du waqfs, du hadj et de la zakat au ministère des Affaires religieuses, M. Belkacem Boukherouata, a dressé un constat sans appel sur l'état du patrimoine et sa gestion jugée très mauvaise par les responsables chargés localement du dossier. Toutefois, le ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, ne s'est pas attardé, dans son allocution d'ouverture, sur le sujet, préférant axer sa déclaration sur le travail qui devrait être effectué d'ici les mois prochains afin d'inventorier tous les biens appartenant au secteur et d'examiner les meilleures manières de les rentabiliser. Selon lui, depuis le début de l'opération en 1999 jusqu'à 2006, les services du ministère ont pu récupérer quelque 5 000 biens waqfs alors que plus de 200 dossiers relatifs à des contentieux avec les occupants de ces lieux sont au niveau de la justice dont une vingtaine à Alger. Le ministre a reconnu qu'un tel travail demande un effort de longue haleine, notamment en raison de la dislocation de ce patrimoine lors de la présence coloniale en Algérie, réitérant sa détermination à mener cette opération à son terme. “Il y a beaucoup de biens waqfs identifiés, mais il y en a d'autres que nous ne connaissons pas ou dont le statut n'est pas clair. Chaque jour, on découvre de nouveaux biens et les gens les exploitent sans contrepartie”, indique le ministre qui semble compter sur le travail que devrait effectuer les deux bureaux d'études auxquels la mission sera désormais confiée. La récupération des biens waqfs et leur gestion se sont positivement répercutées sur les recettes provenant de leur exploitation. À titre comparatif, M. Ghlamallah a affirmé que ces recettes représentaient 5 millions de DA seulement en 1998 mais, aujourd'hui, les revenus sont beaucoup plus importants puisqu'ils sont estimés à quelque 80 millions de DA. “À partir de 1998, on a essayé d'augmenter les niveaux des loyers perçus et de récupérer des terres”, souligne-t-il. M. Ghlamallah a, par ailleurs, beaucoup insisté sur la gestion efficiente du patrimoine waqfs, annonçant l'organisation bientôt d'un séminaire dédié à cette question. Le ministre a, dans ce cadre, annoncé la création prochaine d'un instrument de gestion de ces biens regroupant les différents services publics ayant une relation avec les waqfs, dont la direction des domaines, les organismes de comptabilité, des biens immobiliers et des finances. “On verra le statut à donner à cet outil. Ce sera peut-être une société, un office ou un organisme. C'est à lui qu'échoira la mission de gérer et de rentabiliser les biens, ce n'est pas à l'administration de le faire. On ne peut pas gérer ce patrimoine de manière administrative”, estime-t-il. M. Boukherouata, qui a inauguré le cycle des conférences de ce séminaire, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère avec les responsables locaux chargés de la gestion et du recensement des biens waqfs. “Malgré les efforts consentis, on a remarqué des défaillances et des manquements dans l'application des orientations du ministère dans la gestion de ce dossier”, a-t-il relevé, allant jusqu'à citer les wilayas qui ont failli dans l'application du programme tracé par le ministère de tutelle. Le séminaire, qui s'étale sur deux jours, devrait aboutir à la formalisation d'un certain nombre de recommandations visant à bien recenser les biens, mais surtout à mieux les rentabiliser. H. Saïdani