Sorti en octobre dernier chez Osotwana Edition, cet opus comportant neuf titres est à découvrir absolument... Qui ne connaît pas Nassim Djezma? Ce chanteur à la voix qui rappelle bien de par ses déclinaisons la voix de Michael Jackson. Ce n'est pas rien d'ailleurs si l'artiste lui a rendu hommage il y a quelques années suite à sa disparition. Depuis, Nassim a fait du chemin et vient enfin de sortir son album Lel Gouddam comme signe d'une belle maturité évidente. Pourquoi? parce que notre chanteur, musicien, auteur-compositeur, producteur algérien, la trentaine aujourd'hui, n'est plus à ses débuts. Nassim a investi pour rappel, la scène musicale en 2003 avec le groupe algérien Djezma (la botte en cuir du nomade) avec lequel il co-compose et chante Zahra, Bin Yeddik ou encore Sawt Africa, et gagne très vite l'intérêt du public. En 2013, il fait paraître son premier single solo, Romeissa qui a été vu à plus d'1 million de fois sur la plate-forme de vidéos YouTube. Après des années de travail, le voilà donc qui sort enfin son premier album solo, Nassim Djezma, intitulé «Lel Gouddam» (aller de l'avant) incluant des sonorités raï et hispaniques dont est extrait le single, Wach Elli Kan. Sorti en octobre 2016 cet album connaît un succès d'estime non négligeable. Produit par l'artiste lui-même et mixé et remastérisé par Amine Ait Hadi, cet album est édité chez Ostowana Edition que possède Aminoss. Cet album possède neuf titres plus un finish. Ce que l'on peut dire tout d'abord, à l'écoute générale de cet opus est que la musique bien suave est imprégné d'une certaine mélancolie, d'un côté, rehaussée de compositions un peu à l'ancienne, mais aussi d'une rythmique qui se veut moderne sans qu'elle ne soit trop prononcée. D'ailleurs, le premier titre qui ouvre l'album est rehaussé du son de l'accordéon, mais aussi du violon et fait sensation. Ecrit pat le slameur Slamyka, il s'appelle Wash eli kan. Chanson nostalgique raï sur la vie et l'amour du passé. «Tu as vendu mon coeur sans argent», dit ce texte un peu revanchard dans cette chanson sentimentale. Lemnam, le morceau qui suit se déroule sur un air plutôt saoul, flanqué du son du bendir. Abordant le sempiternel mal d'amour, il compare l'emprisonnement dans un amour compliqué à un enfer. Talef errai est plus rock and roll. Encore une chanson sur une blessure non cicatrisée, qui exprime les déboires d'un amoureux transi un peu perdu, ayant perdu ses esprits. El Ferdja démarre avec les notes du piano. Un début calme avant de prendre la voix d'une certaine tempête rythmique. Un morceau sur Les années qui passent. Ecrite à la mémoire de Manel Kadache, disparue trop tôt, Nassim qui chante merveilleusement bien en anglais évoque le rapport entre un frère et sa soeur. Bel hommage pour cette personne. Matebkich pour sa part est une bluette sentimentale. Elle possède un côté rétro rehaussé par le son de l'harmonica et son aspect saoul. Lel Gouddam morceau phare de l'album est un titre bien entraînant que le son du bendir bonifie allègrement... En se souvenant des mauvais conseilleurs, l'artiste estime qu'il faut avancer malgré tout. Romaissa que tout le monde connaît fait référence à cette irrésistible, mais insaisissable qui disparaît comme une étoile filante. L'artiste finit par Denia dour comme une belle revanche sur son passé. Touchant, cet album semble être un cri du coeur d'un artiste qui s'est fait vaillamment tout doucement, mais sûrement et ne compte pas se démonter aussi rapidement. Un album frais, intimiste qui détend, mais ne casse pas les oreilles. Un album que l'artiste a pris le temps de confectionner. Avec de la tendresse vocale et des réarrangements délicats, cet album est celui de l'apaisement sans doute, sans qu'il soit profondément festif, mais avec des chansons pour beaucoup nimbées de sérénité et d'émotion, même si ça chante les écorchures du passé.