Zidane et Simeone deux techniciens pour une place en finale. Après son sans-faute à l'aller, Zidane peut déjà s'imaginer disputer la finale de Cardiff le 3 juin. Mais le Français se méfie de Simeone. Rebelote ou «remontada»? Zinédine Zidane est tout proche d'une deuxième finale consécutive en Ligue des champions, mais son Real Madrid, vainqueur 3-0 à l'aller, doit museler l'Atletico du gourou Diego Simeone ce mercredi en demi-finale retour (19h45), ultime affiche européenne au stade Vicente-Calderon. Dans la vieille enceinte des bords du fleuve Manzanares, le bruit et la fureur attendent le Real de «Zizou», champion d'Europe en titre, face à l'Atletico Madrid du «Cholo» Simeone, qui assure croire à l'exploit. Il y a trop de revanches à prendre, trop d'orgueil et de fierté entre ces deux voisins, pour penser que les «Colchoneros» vont se rendre sans lutter. Même vaincus par le Real en finales de C1 2014 et 2016, même impuissants la semaine dernière face au triplé de Cristiano Ronaldo. «Il manque à cette équipe une grande «remontada» (remontée) et nous espérons que c'est pour mercredi», a prévenu Gabi, capitaine de l'Atletico. Le commando rojiblanco peut s'appuyer sur une forteresse: le stade Calderon, inauguré en 1966, reste l'un des plus bruyants d'Espagne même s'il vit ses derniers feux avant un déménagement la saison prochaine dans une nouvelle enceinte de 70.000 sièges. Promis à la destruction, l'antique stade de 55.000 places garde le charme désuet du football d'hier. L'Atletico y a gagné 29 de ses 35 dernières rencontres européennes pour seulement 4 nuls et 2 défaites. Simeone est «convaincu» Et même si le Real de Zidane était venu s'y imposer 3-0 en Liga en novembre dernier, déjà sur un triplé de Ronaldo, l'Atletico veut croire à l'incroyable. A domicile, les «Colchoneros» n'avaient-ils pas balayé le Real de Carlos Ancelotti 4-0 en février 2015? «C'est impossible pour beaucoup, mais pas pour nous», a lancé Simeone, l'homme qui a transfiguré l'Atletico depuis sa nomination en 2011. «J'ai dit aux joueurs que ce serait très difficile, que nous affronterions la meilleure équipe du monde, qui marque à tous les matchs, mais que c'était possible. J'en suis convaincu, sinon je ne le dirais pas». Derby oblige, les derniers jours ont été riches en polémiques à Madrid. L'Atletico n'a pas apprécié la banderole déployée au Bernabeu avant le match aller: «Dites-moi ce que vous ressentez», était-il écrit avec les mentions de Lisbonne et Milan, les deux finales gagnées par le Real contre l'Atletico ces trois dernières années. Et la presse a annoncé le probable transfert du latéral français Theo Hernandez, joueur de l'Atletico, vers le Real. Un mouvement qui mettrait fin à l'informel «pacte de non-agression» qui régissait jusque-là le mercato entre les deux clubs, et laisserait la porte ouverte à d'autres opérations, le nom d'Antoine Griezmann étant régulièrement cité... L'éclosion de Zidane Après son sans-faute à l'aller, Zidane peut déjà s'imaginer disputer la finale de Cardiff le 3 juin. Mais le Français se méfie. Certes, son Real marque à chaque apparition, 60 matchs officiels consécutifs avec au moins un but inscrit, et il peut égaler le record du Bayern Munich: 61 rencontres entre 2013 et 2014. Toutefois, la «Maison blanche» encaisse aussi beaucoup. «Nous devons réussir le match parfait, et ensuite il nous restera trois finales'' en Liga», a résumé Zidane. Nommé en janvier 2016, Zizou'' est en train de convaincre les plus sceptiques. Si les médias espagnols avaient beaucoup évoqué «la chance» du Marseillais, vainqueur de la C1 après cinq mois en poste, une nouvelle finale un an plus tard confirmerait son éclosion comme entraîneur de premier plan. L'histoire est belle et reste à écrire: Zidane pourrait devenir le premier technicien depuis Arrigo Sacchi avec l'AC Milan (1989, 1990) à conserver la couronne européenne. Et s'il gagne aussi la Liga, il offrira au Real son premier doublé championnat-C1 depuis 1958. «Je n'y pense pas pour le moment, ce n'est pas la réalité», a-t-il tranché. La réalité, c'est d'abord le stade Calderon et son atmosphère irrespirable. L'air des sommets.