Le patron du FBI, James Comey, débarqué avec pertes et fracas de son poste par le président Trump Le président des Etats-Unis Donald Trump a limogé mardi le patron du FBI James Comey, provoquant une onde de choc à Washington où des élus ont évoqué le spectre du Watergate, tandis que M.Trump justifiait sa décision sur Twitter. «C omey a perdu la confiance de pratiquement tout le monde à Washington, républicains comme démocrates. Quand les choses se calmeront, ils me remercieront», a réagi le président américain dans une série de tweets, hier matin. «James Comey sera remplacé par quelqu'un qui fera beaucoup mieux et ramènera l'esprit et le prestige du FBI», a-t-il ajouté, renvoyant via son compte Twitter sur un article du site internet Drudge Report, très influent dans la sphère conservatrice, listant «les 10 plus gros scandales du FBI sous la direction de Comey». Sous James Comey, 56 ans, le FBI a été chargé d'une enquête sur les liens éventuels entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, accusée d'avoir interféré dans la présidentielle américaine. M.Trump a limogé le directeur du FBI mardi par un courrier au ton sec et sans appel. «... je suis cependant d'accord avec l'analyse du ministère de la Justice selon laquelle vous n'êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau», a écrit le président dans cette lettre rendu publique par la Maison Blanche. Ironie de l'histoire: la raison officiellement avancée par l'administration Trump pour ce limogeage est la façon dont M.Comey a géré le dossier des emails de la candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton. James Comey est accusé d'avoir mal traité cette dernière en dévoilant de nombreux détails de l'enquête.... que le candidat républicain avait pourtant utilisés quotidiennement pour pilonner sa rivale. Le 28 octobre 2016, James Comey provoquait une déflagration dans la dernière ligne droite de la campagne: il annonçait au Congrès la découverte de nouveaux messages justifiant une relance des investigations sur ces emails, closes en juillet. Ce n'est que deux jours avant le scrutin du 8 novembre que M. Comey annoncera n'avoir finalement à nouveau rien trouvé de pénalement répréhensible. Mme Clinton a estimé récemment que sans cette initiative - et la diffusion par Wikileaks d'emails de sa campagne -, elle aurait emporté l'élection. Ce limogeage surprise, avec un seul précédent dans l'histoire du FBI, a fait l'effet d'une bombe au Congrès, une réaction semble-t-il sous-estimée par la Maison Blanche. Du côté de l'opposition démocrate on réclame la nomination d'un magistrat indépendant pour conduire l'enquête russe, actuellement menée par le FBI. Le chef de file de l'opposition au Sénat, Chuck Schumer juge que les Américains ont des raisons de penser que ce limogeage constituait une tentative d' «étouffer» l'affaire. Le sénateur démocrate Patrick Leahy a trouvé «absurde» la justification selon laquelle Hillary Clinton aurait été traitée avec partialité. «Ce n'est rien de moins que nixonien», a-t-il tonné, allusion à la décision de Richard Nixon de remercier en 1973 le magistrat indépendant Archibald Cox enquêtant sur le scandale du Watergate qui allait entraîner sa chute. «Le président a révoqué le patron du FBI au milieu d'une des enquêtes de sécurité nationale les plus critiques dans l'histoire de notre pays, celle qui implique des hauts fonctionnaires dans la campagne et l'administration Trump». Plus inquiétant pour M.Trump, le malaise se répand également chez les républicains. Le chef de la puissante commission du Renseignement du Sénat, Richard Burr, s'est déclaré «troublé» par le timing et les raisons avancées pour ce limogeage et a rendu un hommage appuyé à M.Comey et loué son action et sa coopération avec les élus. Elu du Congrès et fidèle républicain, Justin Amash a qualifié la lettre présidentielle de «bizarre» et annoncé vouloir «créer une commission indépendante sur la Russie». Ancien vice-ministre de la Justice, James Comey a longtemps été encarté chez les républicains mais avait été nommé par l'ex-président démocrate Barack Obama (2009-2017) à son poste actuel. Fin mars, lors d'une rare audition publique devant le Congrès, il avait infligé un double revers à Donald Trump. Il avait d'une part confirmé le lancement fin juillet 2016 d'investigations sur une éventuelle «coordination» entre des membres de son équipe de campagne et Moscou. L'affaire est régulièrement reléguée au rang des «fake news» (fausses informations) par M.Trump qui nie toute collusion avec Moscou contre Hillary Clinton. M. Comey avait également rejeté l'idée que Barack Obama aurait placé sur écoutes la Trump Tower, rumeur lancée par Donald Trump lui-même sur Twitter deux semaines auparavant.