Donald Trump et Hillary Clinton mettent un point final lundi à une campagne présidentielle américaine âprement disputée et à l'issue incertaine: les sondages sont serrés, même s'ils donnent un léger avantage à la candidate démocrate sur le républicain. Clinton, 69 ans, qui espère devenir mardi la première femme présidente des Etats-Unis, avait prévu lundi deux étapes en Pennsylvanie, une dans le Michigan, et une en Caroline du Nord. Dimanche soir, à Manchester (New Hampshire), elle s'est présentée comme la candidate de la "réconciliation". "Nos valeurs fondamentales sont en jeu", a-t-elle aussi souligné. Courriels: menace levée La démocrate a vu dimanche disparaître la menace de poursuites dans l'affaire de ses courriels. Le directeur du FBI James Comey a écrit qu'après l'examen de nouveaux messages - dont il avait annoncé la découverte le 28 octobre, s'attirant de vives critiques si près de l'élection - il maintenait sa position de juillet selon laquelle il n'y avait pas matière à poursuivre Mme Clinton. Il n'est toutefois pas sûr que ce nouveau rebondissement à deux jours du vote répare les dommages infligés à la candidate par la réouverture de l'enquête. Américains dégoûtés Donald Trump, 70 ans, était lui attendu lundi en Floride, Caroline du Nord, Pennsylvanie, New Hampshire et Michigan. Les deux candidats ont le même objectif: grappiller la moindre voix qui pourrait faire basculer à leur profit les Etats-clés. Les Américains n'attendent eux plus que la fin de cette longue campagne entre deux candidats historiquement impopulaires (50% n'aiment pas Mme Clinton, 62% M. Trump), marquée par les insultes et les révélations de caniveau. Mme Clinton est à 44,9% des intentions de vote au niveau national contre 42,7% pour Trump, selon la moyenne des plus récents sondages établis par RealClearPolitics (RCP). En Floride, Etat-clé sans lequel Donald Trump ne devrait pas pouvoir l'emporter, Mme Clinton est à 47-46. Dans l'Ohio, Donald Trump est à 46,3-43,5 pour sa rivale, et en Caroline du Nord, il mène aussi à 47,3 contre 45,8. Expérience contre populisme Hillary Clinton a pour elle une longue expérience. Mais beaucoup d'Américains ne l'aiment pas. Ils doutent de son honnêteté. La bataille a été plus difficile que prévu face à Trump, milliardaire populiste sans expérience politique mais que rien n'arrête, qui se présente comme l'outsider anti-establishment. Il a capitalisé sur la colère et les frustrations de certains Américains inquiets de la mondialisation et des changements démographiques. Il a promis des solutions simples à tous les problèmes complexes. Il a menti, insulté les femmes, les Mexicains, les Noirs, les musulmans. Il a attaqué son adversaire sans relâche, surnommée "Hillary la fripouille". "Elle est protégée par un système truqué", a soutenu Trump après l'annonce du directeur du FBI. "Hillary Clinton est coupable, elle le sait, le FBI le sait, les gens le savent, et maintenant, c'est au peuple américain de rendre la justice dans les urnes". Peu importe que le milliardaire n'ait apparemment pas payé d'impôts pendant des années. Ou ait agressé des femmes. Ses supporters ne l'ont pas pour autant lâché. Parti républicain divisé Trump a au passage quasiment fait exploser un parti républicain, profondément divisé. D'autant qu'il n'est pas toujours en phase avec le parti. Il est hostile notamment au libre-échange. Les outrances et scandales de la campagne présidentielle de la première puissance mondiale ont fait sourire ou consterné bien au-delà de ses frontières. En Chine, notamment, ils ont été un don du ciel pour la propagande du régime chinois, dont les médias ne se privent pas de dénoncer les travers du système démocratique. Le FBI ne poursuivra pas Clinton Nouveau rebondissement à deux jours de la présidentielle américaine: le FBI a maintenu sa recommandation de ne pas poursuivre Hillary Clinton dans l'affaire des emails, après avoir examiné un lot de nouveaux messages électroniques ayant transité par sa collaboratrice. L'équipe du FBI a "passé en revue toutes les communications de ou à destination de Hillary Clinton pendant qu'elle était secrétaire d'Etat. Sur la base de cette enquête, nous n'avons pas changé les conclusions que nous avions exprimées en juillet en ce qui concerne Mme Clinton", souligne le directeur du FBI, James Comey, dans une lettre adressée aux élus du Congrès. Le contenu de cette missive a été révélé sur Twitter par le député républicain Jason Chaffetz. "Nous sommes heureux que cette question soit résolue", a déclaré la directrice de la communication de Hillary Clinton, Jennifer Palmieri. Donald Trump, qui dénonce "le plus grand scandale politique depuis le Watergate", a de son côté réagi en affirmant que l'ancienne secrétaire d'Etat était "protégée par un système manipulé". Onde de choc Le directeur du FBI avait provoqué une onde de choc il y a dix jours en relançant l'affaire des emails de la candidate démocrate. Un geste qui a été vertement critiqué par les démocrates, applaudi par les républicains et qui coûté cher à la candidate démocrate dans les sondages. Mme Clinton s'est vue reprocher l'usage d'un serveur de messagerie privé plutôt que celui du département d'Etat lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, pendant le premier mandat de Barack Obama. "Les enquêteurs du FBI ont travaillé nuit et jour pour examiner un grand nombre de courriels provenant d'un appareil obtenu dans le cadre d'une autre enquête criminelle", poursuit James Comey dans sa lettre. "Au cours de ce processus, nous avons examiné toutes les communications qu'Hillary Clinton a envoyées ou reçues quand elle était secrétaire d'Etat". Problème de sécurité Ce nouveau rebondissement - même s'il va dans le bon sens pour Mme Clinton - va encore une fois faire parler de son usage d'un serveur privé. Une pratique dont elle a elle-même reconnu que c'était une erreur d'un point de vue de la sécurité des échanges d'informations sensibles. Les républicains et Donald Trump en tête ont attaqué sans relâche sur ce thème et ont convaincu nombre d'électeurs qu'on ne pouvait pas faire confiance à Mme Clinton et surtout pas lui confier les clés de la Maison Blanche. Cinq Etats en un jour Pendant ce temps, les deux candidats ont multiplié ce week-end les apparitions dans les "swing states" qui pourraient faire pencher la balance mardi. Le programme de Donald Trump comptait ainsi des visites dans pas moins de cinq Etats pour la seule journée de dimanche: Iowa, Minnesota, Michigan, Pennsylvanie et Virginie. Les internautes ont remarqué que le républicain avait modifié son look capillaire souvent décrié, pour apparaître sans doute plus "présidentiel": M. Trump a raccourci ses cheveux laqués, atténuant leur teinte orangée pour une couleur plus pâle. Idéaux des pères fondateurs Hillary Clinton, elle, devait tenir deux meetings, dans l'Ohio et le New Hampshire, deux Etats-clés que Barack Obama avait remportés en 2012 mais qui sont susceptibles de basculer cette année. Mais auparavant dimanche matin elle s'est rendue dans une église noire de Philadelphie. Sans jamais mentionner son adversaire, elle a replacé l'élection dans un contexte historique, remontant aux idéaux des pères fondateurs. "Cette élection déterminera l'avenir de notre pays", a-t-elle dit. "Sera-t-il sombre et fondé sur les divisions, une répétition des pires moments de notre passé ? Ou sera-t-il porteur d'espérance, d'unité et d'intégration ?" Deux sondages publiés dimanche créditaient Hillary Clinton de 44% des voix, contre 39% et 40% pour son rival. Dans les Etats-clés de Floride et de Caroline du Nord, où les intentions de vote lui étaient jusqu'ici favorables, les deux prétendants sont toutefois désormais au coude-à-coude.