Les partenaires des Etats-Unis au G7 cherchaient hier et aujourd'hui à Bari (sud-est de l'Italie) à mieux comprendre la vision économique de la nouvelle administration américaine, en évitant toutefois de mettre à l'agenda officiel les sujets qui fâchent. «Nous avons besoin de mieux connaître ce que seront leurs plans, leurs décisions. L'administration (américaine) est maintenant en fonction depuis un certain temps et nous avons l'occasion de mieux nous connaître», a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Les partenaires des Etats-Unis au G7 (Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) sont inquiets de la nouvelle orientation de l'administration américaine en matière de commerce international, après l'élection du président Donald Trump. «Les Américains sont libres de choisir leur politique. Mais ce que j'espère c'est que cette politique entre dans le cadre international, ce qui veut dire aussi multilatéralisme, ce qui veut dire aussi attachement au libre-échange», a souligné à ce sujet M. Moscovici. «Nous pouvons discuter, nous pouvons avoir une appréciation différente, mais nous sommes dans le même monde, dans le même bateau», a encore dit le commissaire européen. Libre-échange ou protectionnisme, la question n'est pourtant pas à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Finances du G7, la première depuis l'élection de Donald Trump Son secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, est prêt à en discuter à l'occasion de réunions bilatérales, selon un responsable américain. Le sujet en tant que tel sera toutefois la chasse gardée des chefs d'Etat et de gouvernement du G7, attendus en Sicile à la fin du mois, ont assuré les autorités italiennes, hôtes de cette réunion. Mais l'administration américaine estime que ses partenaires sont désormais «conscients» du fait que «l'administration Trump veut des relations commerciales plus équitables, équilibrées et réciproques avec (ses) partenaires clés», a indiqué cette semaine un responsable américain. Pourtant, les partenaires des Etats-Unis restent sceptiques, selon un haut responsable de l'un des pays participants. «Je ne suis pas persuadé que nous aurons des arbitrages ou davantage de visibilité sur les volontés américaines», a-t-il jugé cette semaine. Loin des querelles sur le protectionnisme, l'Italie, qui préside cette année le G7, espère faire avancer son «agenda de Bari» sur la réduction des inégalités. Le ministre italien des Finances Pier Carlo Padoan compte faire adopter par ses collègues un document destiné à favoriser une croissance davantage partagée, au moment où la révolte des laissés-pour-compte de l'économie mondiale gronde dans nombre de pays du G7. «Je suis très heureux que nous ayons obtenu d'avoir le sujet de la croissance inclusive tout en haut de l'agenda du G7», s'est félicité hier M. Padoan. Mandat lui sera donné par le G7 pour réfléchir aux moyens de contrecarrer les schémas toujours plus complexes d'évasion fiscale, a indiqué un responsable italien. Des avancées pourraient également être obtenues dans le domaine de la cybersécurité ou de la lutte contre le financement du terrorisme, deux sujets «stratégiques», ont convenu MM. Mnuchin et Padoan, lors d'une rencontre bilatérale jeudi à Bari. Les deux hommes n'ont pas abordé la question de la taxation des multinationales du numérique, la «webtax», toutefois à l'ordre du jour de la réunion du G7, en dépit des divergences entre plusieurs pays sur ce thème. «La 'webtax'' est quelque chose qui prend forme. Il y a des positions nationales différentes, mais le but du G7 est de faciliter une convergence de vues sur ces sujets», a indiqué M. Padoan.