Le vieux club algérois ne peut rester soumis aux aléas d'une crise qui n'en finit pas. Il y a quelques jours, un quotidien du soir a fait paraître une lettre d'un groupe de supporters du Mouloudia d'Alger qui interpellait Rachid Maârif, directeur du protocole à la présidence de la République pour qu'il intervienne pour remettre de l'ordre dans le club. Il n'y a pas si longtemps, excédé par le fait qu'on le nommait à chaque fois que le MCA allait mal, Rachid Maârif avait envoyé un communiqué de presse dans lequel il indiquait qu'il n'avait plus rien à voir avec l'association El Mouloudia, ni avec le club MCA. Or, l'intéressé qui vient juste d'être interpellé par des supporters, n'a pas hésité à répondre dans le même quotidien du soir, pour dire qu'il «avait bien reçu le message et qu'en tant que responsable de l'association, je vais intervenir pour que des décisions conformes à l'intérêt général et aux intérêts bien compris du doyen des clubs algériens soient prises en toute sérénité et en toute lucidité, loin de toute pression et de toute forme d'activisme». Ainsi donc, celui que l'on présentait comme le vrai patron de la section football du club et qui cherchait à se marginaliser, n'a en fait, jamais quitté le giron du club. Il paraissait, d'ailleurs, impensable que Maârif puisse comme ça, quitter le Mouloudia, lui qui a passé sa jeunesse dans les rouages du club qu'il affectionne par-dessus tout. Du reste, il est membre fondateur de l'association El Mouloudia dont la première réunion l'avait vu s'asseoir autour d'une table en compagnie de Abdelkader Drif, de M'hamed Mekirèche et de Zoubir Bachi. Car il faut remettre les choses en place. L'association El Mouloudia n'est venue puis a activé que parce que ces 4 personnes l'ont bien voulu et y ont mis toute leur énergie pour la mettre en marche. Les autres, tous les autres n'ont fait que s'accrocher au wagon une fois qu'il passait dans les gares, notamment les deux responsables actuels, les Messaoudi arrivés parmi les derniers. Les divergences nées au sein de l'association El Mouloudia ont amené le club à la situation qui est la sienne aujourd'hui. Disons plutôt la section football, étant entendu que les 13 autres sections vivent bien au chaud sous l'aile protectrice de Sonatrach. Treize sections dont les athlètes perçoivent régulièrement un salaire et sont au moins, assurés d'avoir une retraite à la fin de leur carrière sportive. Ce qui n'est plus le cas des footballeurs qui gagnent certes beaucoup plus, mais qui ne sont pas toujours payés et ne savent pas de quoi demain sera fait. En outre, qu'a gagné la section football en quittant Sonatrach? Rien. Elle n'a pas d'outils de travail (c'est-à-dire un centre de regroupement pour s'entraîner) ni de stade. L'erreur commise par ceux qui ont décidé de rompre avec la société pétrolière du jour au lendemain a été de croire qu'il suffisait de remporter un titre pour remettre le MCA sur les rails. Or, le Mouloudia est un club qui ne peut se contenter de jouer au populiste juste pour avoir un sigle à la première page des journaux (il l'a en ce moment mais plutôt pour des scandales). Le Mouloudia (et Maârif le disait lors des réunions d'El Mouloudia), c'est une école. Il se doit en tant que tel de donner l'exemple. Mais il ne peut le donner que s'il dispose de moyens à même de lui offrir les conditions de s'épanouir et de durer dans le temps. Ces moyens-là, il n'y a que Sonatrach qui pouvait les lui donner. De ce fait, les responsables d'El Mouloudia n'auraient jamais dû prononcer la rupture avec la société pétrolière. C'est ce qui était défendu dans le mémorandum adressé au président de la République lorsque Maârif et Drif activaient ensemble pour le bien-être du club. Sonatrach avait gardé trop longtemps le club sous sa coupe. Il lui fallait donc signer une convention avec El Mouloudia avec laquelle elle aurait dû s'engager à offrir au fil des ans les moyens d'un grand club et lorsqu'on dit grand, on entend doté de son centre de regroupement, de son centre de formation, de son stade, etc... El Mouloudia, une fois la convention signée, devait s'effacer de la scène pour la mise en place du système qui devait amener le football à se doter de tous les moyens susceptibles de le faire jouer dans la cour des grands. Lorsqu'on a une entreprise comme Sonatrach derrière soi, on n'a pas le droit de laisser passer sa chance. Des clubs comme l'ES Tunis, l'ES Sahel ou même le Ahly du Caire ou le Zamalek d'Egypte pâliraient de jalousie devant un MCA épaulé par Sonatrach. C'est tout ce privilège que les responsables de l'association El Mouloudia ont démoli pour jouer «petit» se contentant de promettre une «Dream team» avec des joueurs qui n'en valent pas la peine. Avec un centre de formation digne de ce nom, le Mouloudia partirait pour durer sur plusieurs années. Et le football algérien a besoin d'un MCA fort comme il a besoin d'une USMA, d'une JSK, d'un MCO, d'un CRB ou d'une ESS tout aussi forts. Rachid Maârif est bien conscient du problème. C'est pourquoi on peut penser qu'il agira pour remettre le MCA sur les rails du renouveau, notamment en intervenant auprès de Chakib Khelil, le ministre de l'Energie et responsable de Sonatrach par voie hiérarchique.