A l'aide de pierres entassées et de troncs d'arbres, des groupes de jeunes ont procédé dès les premières heures de la matinée au blocage de cet axe routier au trafic très dense pour exprimer leur colère contre les autorités locales. Sur les lieux, les arguments avancés ne justifient pas les désagréments causés aux usagers de la route mais expriment suffisamment l'état d'abandon dans lequel vivent les populations de cette localité qui devient de plus en plus un grand pôle urbain avec l'ouverture de l'université. En effet, parmi les griefs retenus, les citoyens reprochent aux élus locaux et autorités locales de les avoir lésés dans les procédures d'attribution des milliers de logements sociaux construits parallèlement aux chantiers du pôle universitaire. Les jeunes protestataires affirmaient n'avoir pas bénéficié de ces logements bien qu'ils soient prioritaires, étant des citoyens issus de la localité. Pour eux, les logements sociaux ne revenaient pas de droit à des enseignants qui ont leurs quotas dans les projets de logements destinés à l'université. Toujours au chapitre des logements, les jeunes protestataires demandaient la régularisation de leurs terres pour qu'«ils puissent bénéficier des aides au logement rural. Leurs représentants se disaient consternés par le fait que les habitants ne peuvent pas se faire établir un certificat de possession de leurs parcelles de terrains bien qu'ils soient là avant l'indépendance. Aussi, la régularisation de ces terres les aidera à bénéficier des aides à l'habitat rural qui leur permettra de se stabiliser dans leur village. A noter par ailleurs que l'action a causé d'énormes embouteillages sur l'axe routier touché. Parmi les catégories qui se sont plaintes, l'on peut citer les étudiants. Comptant sur les bus universitaires chaque matin, les étudiants de plusieurs départements se sont vus refuser l'accès à la ville de Tamda où se trouve l'université. Les jeunes ont obstrué la route, empêchant tout véhicule d'y entrer, même les bus de transport universitaire. Il aura donc fallu attendre la levée de l'action pour que les choses rentrent dans l'ordre. Enfin, il est à signaler que ces actions sont quasi quotidiennes dans la wilaya de Tizi Ouzou. Aucune commune n'est épargnée par ces actions de fermeture de sièges et de routes par des citoyens en colère. Ce n'est qu'une fois sur le terrain que l'on peut comprendre les populations en colère qui recourent à ce procédé. A chaque fois, nous nous sommes rapprochés des concernés et tous à l'unanimité affirmaient que les actions ne visaient pas à régler les problèmes. Les citoyens sont conscients donc que les fermetures en question ne règlent pas leurs problèmes. Mais, ce qu'ils nous ont fait comprendre, c'est que ces actions spectaculaires assimilées souvent à de l'anarchie visent tout bonnement à attirer l'attention des élus et des responsables locaux qui ont la tête ailleurs. Les citoyens cherchent simplement de l'écoute et les actions ne sont qu'un signal pour rompre le silence et le mépris.