Le nouveau Premier ministre aux côtés d'Emmanuel Macron Ce premier test de la stratégie de recomposition voulue par le chef de l'Etat sera suivie, en principe aujourd'ui, par l'annonce de la composition du gouvernement, où on devrait trouver quelques autres personnalités du parti Les Républicains... Il n'y a pas eu de surprise, le président français Emmanuel Macron, dès le lendemain de la passation à l'Elysée, a nommé, ou plutôt confirmé, hier, comme Premier ministre, un élu de la droite modérée, Edouard Philippe, juste avant son départ pour Berlin, où il entend démontrer la place qu'il accorde à l'axe franco-allemand. Le choix de ce député de 46 ans, hors du parti présidentiel République en Marche, répond aux engagements pris par le centriste pro-européen durant la campagne pour la présidentielle et à sa volonté de rassembler au-delà des clivages traditionnels afin de parvenir à une majorité lors des prochaines législatives. Méconnu hors du champ parlementaire, le nouveau Premier ministre a eu un parcours peu banal, passant du PS, où il a milité dans sa jeunesse au sein du courant Rocard, à la droite au sein de la mouvance Juppé. C'est cette étiquette socio-démocrate qui a prévalu, outre son parcours similaire avec Emmanuel Macron. Maire LR du Havre, il va mettre immédiatement à l'épreuve le nouveau chef de file du parti, François Barouin et c'est ce que recherche, sans doute, le président Macron. Outre qu'il administre la preuve de sa détermination à «gouverner ensemble»en choisissant «les meilleurs», il lance une OPA sur la droite dont les rangs risquent de se clairsemer. Ce premier test de la stratégie de recomposition voulue par le chef de l'Etat sera suivie, ajourd'hui en principe, par l'annonce de la composition du gouvernement, où on devrait trouver quelques autres personnalités du parti Les Républicains. Quant aux «figures» socialistes, elles ne devraient pas embarrasser le PS qui est confronté à une situation dramatique au point que beaucoup d'observateurs sont convaincus de sa prochaine disparition. Dès les premiers instants de son investiture, Emmanuel Macron a réaffirmé son ambition de «rassembler» et de «réconcilier», par-delà les ancrages habituels. Or, la campagne électorale a révélé au grand jour les fractures multiples et profondes qui affectent la France aussi bien politique que socio-économique. Se voulant conscient des enjeux, il a promis de faire en sorte que «la mondialisation et l'ouverture de la France profitent à chacun». Ainsi, contrairement aux discours et autres analyses qu'on a pu entendre ici et là sur sa démarche fondée sur le «ni de droite ni de gauche», le nouveau président conduit en réalité une offensive qu'on peut qualifier «et de droite et de gauche», avec cette constante remarquable qui le situe invariablement au centre.D'ailleurs, la grande nouveauté du débat qui en découle apparaît clairement dans les nombreux commentaires des médias audio visuels et dans la presse écrite qui parlent désormais, avec un sérieux sidéral, de la gauche, de la droite et de la droite de la gauche sans omettre de souligner que le centre a lui aussi sa gauche et sa droite! Dieu reconnaîtra sûrement les siens puisque le nouveau parti La République En Marche semble, lui aussi, maîtriser le parcours! Le nouveau locataire de Matignon qui ne cachait pas son admiration pour Bernard Cazeneuve, auquel il succède, partage avec Emmanuel Macron un «louvoiement entre la droite et la gauche», selon son opposante communiste au Havre, Nathalie Nail qui ajoute: «Ces gens-là ont une formation Sciences po-ENA et après ils choisissent en fonction des opportunités.» Réputé arrogant et d'une ambition démesurée, cet homme cassant, à l'instar d'Alain Juppé à l'ombre duquel il a fait ses grands pas, correspond pleinement aux objectifs de LRM. Sa mission va consister à drainer vers la mouvance Macron le maximum d'élus et d'électeurs de droite.En attendant, le président Macron a dîné hier soir avec la chancelière allemande qui observe son ambition de «refonder et relancer» l'Europe. Là encore, la tâche est loin d'être acquise. Favorable à quelques sujets comme la sécurité, Angela Merkel aura quelques affinités humanistes avec Emmanuel Macron, mais là s'arrête la communion d'idées. Conservatrice requinquée par sa toute récente victoire électorale, elle incarne le chiffon rouge que l'Allemagne oppose à toute prétention d'un traité refondateur de l'UE. Quant au reste, il faudra donner beaucoup de gages, à commencer par celui de la réduction du déficit public pour lequel l'Allemagne est intransigeante.