Le Français Michel Barnier, chargé de mener les négociations avec le Royaume-Uni pour sa sortie de l'UE L'UE a officiellement investi hier le Français Michel Barnier et son équipe pour négocier la sortie du Royaume-Uni, concluant ses préparatifs et désormais prête à ouvrir les discussions qui pourraient démarrer à partir du 19 juin. «A ujourd'hui, nous avons conclu la phase préparatoire de ce voyage. Nous avons toutes les structures en place ainsi que le mandat» a annoncé le ministre maltais des Affaires européennes, Louis Grech, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE. «en ce qui concerne l'UE, les négociations peuvent commencer», a résumé M.Grech lors d'une conférence de presse à Bruxelles. «Nous sommes prêts et bien préparés», a confirmé M.Barnier présent à ses côtés. Nommé le 27 juillet 2016 par la Commission, Michel Barnier a hâte de se mettre à la table des négociations, et espère pouvoir organiser un premier round «dans la semaine du 19 juin». Soit presque un an jour pour jour après le référendum britannique. Outre-Manche, la Première ministre britannique Theresa May, en pleine campagne pour les législatives du 8 juin, a mis la pression sur ses électeurs. «Il ne reste que 17 jours jusqu'à cette élection cruciale. Et 11 jours seulement après, l'Union européenne veut que les négociations sur le Brexit commencent», a déclaré avec force Mme May lors d'un rassemblement hier au Pays de Galles. «Il n'y aura pas de temps à perdre et pas de temps pour un nouveau gouvernement pour s'orienter», a-t-elle averti, arguant de conséquences «terribles» si le scrutin ne lui était pas favorable. Celle qui a pris la tête du gouvernement à la suite de la démission de David Cameron, au lendemain du vote en faveur du Brexit espère renforcer sa majorité, et par la même occasion sa position dans les négociations avec les Européens. Les conditions du retrait du Royaume-Uni sont brandies comme un épouvantail par le Parti conservateur de Mme May en campagne. Son ministre chargé du Brexit David Davis, dans un entretien au Sunday Times, a prévenu les 27 qu'un refus de négocier un accord commercial tant que le Royaume-Uni n'aurait pas accepté de payer sa facture de divorce risquait de provoquer une «crise». Avant de répéter que Londres ne rechignerait pas devant une absence d'accord de retrait. Alors que les piques verbales se multiplient depuis le début de la campagne électorale, Michel Barnier a répondu depuis Bruxelles qu'il ne «(voulait) pas imaginer sur cette question comme sur d'autres qui sont difficiles une rupture des négociations». «Je conseillerais à tout le monde de bien expliquer les conséquences d'un 'no deal''», a suggéré M.Barnier. «Bien sûr, je mesure les difficultés immédiates, les risques de crise ou de désaccords mais je n'oublie pas la perspective qui est l'accord futur», celui concernant un traité commercial entre l'UE et le Royaume-Uni une fois que ce dernier aura divorcé, a-t-il expliqué. «Pour réussir cette relation future il faut réussir la première étape», a-t-il encore asséné, mettant en garde Londres contre tout désir de quitter abruptement les négociations. Le règlement des sommes que l'UE réclame à Londres, solde des comptes pour les engagements pris pendant son adhésion, est l'un des points les plus délicats que les deux parties auront à traiter. La facture est estimée à environ 60 milliards d'euros côté européen. C'est l'un des trois dossiers qui devront être absolument réglés pour que le retrait soit jugé «ordonné», soit par ordre de priorité: les droits des citoyens, le règlement des questions financières et les nouvelles frontières extérieures de l'UE, en particulier entre la république d'Irlande et la province britannique de l'Irlande du Nord. Les directives de négociations adoptées hier en même temps que le mandat détaillent les exigences de l'UE sur ces trois points. Ensuite seulement, des discussions pourront être entamées autour de la future relation entre l'Union et son voisin britannique, après plus de quatre décennies de mariage. C'est le principe des négociations dites «par phase» exigées par l'UE.