L'ambassadeur britannique auprès de l'UE Tim Barrow a remis mercredi au président du Conseil européen, Donald Tusk, la lettre de notification du Brexit, signée la veille par la Première-ministre, Theresa May, déclenchant ainsi l'article 50 du traité de Lisbonne qui stipule que tout Etat membre peut se retirer volontairement et unilatéralement de l'Union. Regrettant que le Royaume-Uni ait décidé de quitter l'UE, le Conseil européen s'est dit "prêt" à entamer le processus de divorce, assurant que l'Union "agira de manière unie et préservera ses intérêts" lors des négociations sur la future relation entre l'UE et le Royaume-Uni. Dans une déclaration rédigée au nom des 27 Etats membres de l'Union, le Conseil européen a affirmé que sa "première priorité sera de minimiser l'incertitude" pour les ressortissants, les entreprises et les Etats membres de l'UE causée par la décision du Royaume-Uni de quitter le bloc des 28. "Par conséquent, nous commencerons par nous concentrer sur tous les arrangements clés pour un retrait ordonné", est-il souligné dans cette déclaration. Détaillant la procédure de divorce rendu officiel avec l'activation formelle de l'article 50 du traité de Lisbonne, le Conseil européen a indiqué que "la première étape sera l'adoption de lignes directrices pour les négociations". "Ces lignes directrices exposeront les positions et les principes généraux à la lumière desquels l'Union, représentée par la Commission européenne, négociera avec le Royaume-Uni", a-t-il expliqué, affirmant que l'UE abordera les négociations de façon "constructive" et s'efforcera de trouver un accord. "A l'avenir, nous espérons que le Royaume-Uni sera un partenaire proche", a estimé le Conseil européen dans sa déclaration. Sommet le 29 avril à 27 pour adopter une position commune Les négociations devraient débuter quelques semaines après cette activation de l'article 50 du Traité de Lisbonne, le négociateur en chef de l'UE, le Français Michel Barnier, devrait d'abord obtenir le feu vert des 27 autres pays de l'UE. Les dirigeants européens se réuniront le 29 avril prochain à Bruxelles pour préparer une position commune à 27 dans la perspective du lancement des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union. La procédure de divorce lancée ce mercredi conformément au vote exprimé par les Britanniques lors du référendum du 23 juin dernier, devrait prendre deux ans. Si aucun n'accord n'est trouvé durant cette période, le Royaume-Uni quittera automatiquement l'UE. Le négociateur en chef de l'Union pour le Brexit, le français Michel Barnier avait prévenu, il y a quelques jours, que l'UE et le Royaume-Uni doivent trouver un accord sur les modalités de la séparation pour "régler les comptes" avant l'entame des négociations sur la future relation commerciale. "Lorsqu'un pays quitte l'UE, aucune punition n'est prévue, pas même de prix à payer, nous devons seulement régler les comptes", avait-il déclaré devant le Comité européen des régions, mettant l'accent sur la nécessité de faire les choses "dans l'ordre". Il a plaidé, à ce titre, pour la conclusion d'abord d' "un accord sur les principes d'un retrait ordonné du Royaume-Uni, pour discuter ensuite, en confiance, de notre future relation". Selon Michel Barnier, ex-commissaire européen au marché intérieur, l'essentiel de la somme que le gouvernement britannique doit payer à la Commission avant de pouvoir quitter l'UE correspond aux engagements déjà pris par Londres en termes de contribution au budget de l'Union, alimenté par les contributions des Etats qui sont ensuite redistribuées sous forme de crédits d'engagements. Selon différentes sources européennes, Bruxelles pourrait exiger des Britanniques une "facture de sortie" de l'UE pouvant atteindre les 60 milliards d'euros. Un chiffre "pas totalement faux", selon le commissaire européen au budget, Günter Oettinger. Le président de la Commission européenne Jean Claude Juncker a averti, il y a quelques jours, que la sortie du Royaume-Uni de l'UE ne se fera pas "à coûts réduits" et la facture en sera même "très salée".