Avec l'arrivée du week-end (dominicain), le rush a commencé et c'est à une véritable «saison d'émigration vers le ...Sud» que l'on assiste actuellement... Le beau temps y participe et les yachts de taille aussi impressionnants les uns que les autres, qui forment une véritable barrière de lumière la nuit venue au large de la Croisette, rappellent que Cannes «était aussi festive...» Les Marocains ont organisé, vendredi soir, une fête digne des Mille et une Nuits. Là-bas, le cinéma rapporte «quelques» milliards de dollars et des milliers d'emplois aux autochtones dans toutes les branches qualifiées... A la fête de Lemming la plage est tellement «full» que Dominik Moll, arrivé en retard, a été refoulé par mesure de sécurité... Il a fallu l'intercession de son attaché de presse pour que l'auteur du film d'ouverture puisse accéder à sa propre fête... Pendant ce temps, l'incroyable Michaël Pitt, traine sa silhouette décharnée dans les rues cannoises, dans un parfait anonymat. Il est vrai que Last Days de Gus Van Sant n'était pas encore passé. Depuis, il déplace les foules autant que Asia Argento, sa protagoniste, dans cette évocation des derniers jours de Kurt Cobain, mort en 1994, à 24 ans. Filmée de manière radicale, avec des sauts en arrière croisés, afin de faire ressortir les différents points de vue sur une même action, filmée à une distance, délicate, entre le voyeurisme et l'observation, la bande son où se mêle le velvet underground ( Venus in furs ) et une musique de la Renaissance, accentue encore plus cet oscillement entre la contemporanéité (celle du personnage inspirant le chanteur de Nirvana) et l'historicité de l'acte (désespéré) : le suicide. «Cette mort volontaire représente davantage celle d'un monde qui se sclérose que celle d'un individu», depuis le 11 septembre, en bon Américain, Van Sant découvre, pour pasticher (en le détournant) Shakespeare, qu'il y a quelque chose de pourri au royaume du «Danemark...planétaire»... Sombre constat, réel, pour peu qu'il ne soit pas définitif, sinon il faudrait désespérer des enfants de Raïs et des habitants d'El Haïcha, ce sinistre bidonville de Hassi-Messaoud... Sinon, on n'aurait pas pu capter cette lueur de vie dans les yeux des enfants de cette terra incognita argentine, que Juan Solanas filme avec pudeur, mais sans concession aucune, dans Nordeste où même Carole Bouquet, venue ici, entre deux sessions de vente de médicaments (en France), chercher un enfant à adopter, a choisi la forme «naturaliste»: aucun fard, pas de maquillage... Un premier film dont le seul reproche est à nos yeux, son manque de discernement, conséquence certaine d'une révolte longtemps contenue. Une telle colère empêche de voir la pépite qui brille au fond de la mine ... A chacun ses obsessions, le New-Yorkais, Woody Allen continue de vivre sur un capital accumulé, en grande partie dans les années quatre-vingt. Depuis, c'est la boulimie qui fait se croiser le «n'importe quoi» avec le «n'importe comment», faisant descendre, chaque jour un peu plus de voyageurs d'un tramway nommé Allen, que d'aucuns avaient pris, au départ, avec l'enthousiasme engendré par ses premiers films. Le côté profus de son travail, trouve une explication chez l'auteur de «Tout ce que vous avez voulu savoir sur le sexe, sans avoir osé le demander» qui confie à Cannes: «J'essaie de tourner un film par an, pour calmer mes angoisses et vivre le moins possible dans le réel»... Cela a le mérite d'être clair! Et même si Match Point a été tourné hors N-Y, en Angleterre, et même si ses aficionados parlent d'une «renaissance tardive» (sic), on ne peut que constater que cette fois, Allen n'a fait que du...Woody !