La phonétique est devenue une science pour déterminer la précision des lettres et des mots, définir la prononciation selon un système logique et surtout l'harmonie des lettres, et parlant, l'art et la qualité de la langue. Rien n'est laissé au hasard. C'est là que se situe la particularité de chaque langue et même de chaque dialecte. Ne dit-on pas qu'à l'origine, il y a le verbe et l'expression. Là où le bât blesse, c'est le retard pris chez nous pour l'enseignement et la généralisation de cette science dans sa version moderne avec les outils scientifiques. Le domaine est presque vierge, d'où la nécessité de l'introduire et de l'adopter en tant que branche à part entière au même titre que les autres sciences littéraires et leurs dérivés. Son impact sur la compréhension et le développement de la langue est considérable. De même qu'il y a un effet essentiel sur les arts lyriques et la musique. Conscient du vide d'un côté et de l'utilité de cette branche de l'autre, l'Institut des lettres et des sciences sociales de l'université Saâd Dahleb de Blida a, dès 1999, créé un laboratoire sur la phonétique arabe moderne pour mener la recherche dans ce domaine sous la conduite du professeur Saci Amar. Celle-ci vient d'être couronnée par la tenue d'un séminaire de deux jours, mardi et mercredi derniers, qui a été riche en enseignements avec la participation de nombreuses universités du pays, en devenant un exemple à suivre en Algérie et au Maghreb. Vu le succès obtenu, il a été prévu d'élargir le champ de la recherche aux universités maghrébines par l'organisation d'une rencontre maghrébine l'année prochaine. La recherche est orientée vers quatre axes principaux, aux plans de la phonétique fonctionnelle, physique, physiologique et acoustique. Parmi les interventions les plus en vue, il y a lieu de retenir celles de Fatah Zitoune (Tébessa) sur les travaux d'Ibn Sina, d'Ahmed Azzouz (Oran) sur les études phonétiques et leur évolution, de Fouzia Besnassi (Oran) sur les règles de la phonétique et Kamel Bakhouch sur l'harmonie de la formation d'une langue. Pour sa part, Smaïl Boudechiche, auteur de plusieurs ouvrages sur la lecture coranique, a présenté un exposé sur la phonétique en tant que mode de communication efficace et approprié du texte coranique. L'expérience des autres langues n'a pas été oubliée, notamment avec l'intervention de Mokrane Youcef (Alger) sur la modernité et la traduction. De nombreuses recommandations ont été adoptées visant à asseoir la recherche dans ce domaine nouveau mais essentiel dans le développement de la langue. Le laboratoire sur la phonétique de la langue arabe peut servir d'exemple aussi à celle de la langue nationale tamazight pour mieux mesurer sa richesse et sa diversité.