Du slogan « Ta maziptt à l'école » nous avions fait, pendant longtemps, notre credo, notre desiderata, tantôt avec violence, tantôt en toute pacificité. Pendant que nous activions, en toute clandestinité, pour ta maziptt, dans les années de braise, nous ne manquions pas non plus de travailler scientifiquement, académiquement cette langue. Nous avions œuvré en toute conviction pour cet idéal ! Avril 1980 était, pour nous, une preuve tangible que cet idéal allait bien se concrétiser et, nous nous sommes suffisamment préparés pour cette éventualité. De l'enseignabilité Quand dans notre ouvrage La Nouvelle Orthographe grammaticale ta maziptt nous expliquions que, en règle générale, le pluriel est égal au « singulier + en », que l'obtention de tout pluriel est soumis à l'orthographe du singulier, que le phonème (ts) s'obtient en joignant trois 't' (ttt) dans bien de substantifs féminins singuliers tout en donnant une liste de substantifs entrant dans cette règle, dont parmi eux : Ta lemattt Ti lematen Pré (s) Ta vepratt Ti vepraten Lettre / message (s) T isléttt Ti islêten Bru (s) Nous avions attiré l'attention des lecteurs, élèves de 7 à 77 ans, que lors de la conversion au pluriel de ces substantifs féminins, un 't' subsistera lors de l'ajout du suffixe « en » du pluriel. Car, conformément à la règle d'orthographe ta maziptt, un masculin finissant par un 't', ce dernier ne se prononcera pas : A lemat I lematen Un pré (s) A mediat I mediaten Un exemple (s) Nous avions aussi écrit que les substantifs féminins singuliers à terminaison 'dtt' (ts) voient ce suffixe entièrement élidé lors de leur conversion, parmi les exemples donnés, nous avions cité : Ta sarudtt ti sârû Clé (s). Ta macahudtt Ti mâcâhû Conte (s) Ta muredtt Ti murê Pays Ta buredtt Ti burê Porte (s) Les phonétistes de tout bord crièrent au scandale ! Eux qui ont l'habitude d'écrire tout comme ilS prononcent, les voici remis à l'ordre, sommés à réfléchir à l'orthographe de tout mot qu'ils poseraient dans leurs textes ! Les phonétistes, les simplistes, les Mammeristes à outrance ne cessent de défendre « cette transcription phonétique » de langue ta maziptt. Les partisans de cette cacographie se virent donc menacés de se remettre à réapprendre cette langue dans laquelle, pendant longtemps, ils se vantaient être des enseignants, des « professeurs » ! Il y a parmi eux qui, à ce jour, continuent de se flanquer de titre de docteurs d'Etat en linguistique ta maziptt ! Nous voulons bien les croire, mais, la linguistique est commune à toutes les langues et langages. Nous ne connaissons pas non plus d'Etat où ta maziptt est enseignée à tous les paliers pour aboutir à d'aussi importantes soutenances pour ensuite délivrer de ces diplômes. Ces incurables phonétistes, qui font dans la transcription de l'oral, ne semblent pas outragés de voir ta maziptt se transcrire dans trois différents alphabets : latin, tifinagh, arabe. Ils encouragent cette pratique pendant qu'eux-mêmes ne transcrivent les quelques phrases qu'ils connaissent qu'en caractères latins, plutôt en caractères gréco-latins. Ces phonétistes, ces docteurs d'Etat en linguistiques écrivent « juste », sans faire de fautes d'orthographe que dans la langue avec laquelle ils sont instruits, formés. Quant aux autres langues, ta maziptt dans notre cas, ils ne voient pas la nécessité de se conformer à des règles d'orthographe et de grammaire pour écrire ! Qui le leur reprocherait ? Surtout lorsqu'en bas de leurs textes nous lisons, en signature : Docteur en linguistique ta maziptt ! N'est-ce pas que la phonétique pour la phonétique, aucun alphabet ne saura être justifié ? Ce n'est que lorsque nous nous mettons à écrire « orthographiquement » que l'utilisation d'un alphabet adéquat commencerait à se faire sentir, à s'imposer. Car, académiquement parlé, aucune langue enseignable ne pourra s'écrire dans deux différents alphabets. Généralement, les alphabets, non seulement ils sont différents typographiquement, mais aussi et surtout, ils sont différents en nombre de caractères. Nos phonétistes font semblant ou feignent d'ignorer qu'en transcrivant une quelconque langue, plutôt un quelconque parler, il ne saura y avoir de dictée à proposer aux élèves pour tester ce qu'ils ont retenu des règles d'orthographe qu'ils ont exécutées lors de leurs différents exercices. Nos phonétistes du HCA, de l'Inalco, de l'Ircam ne cessent de faire des éloges quant à la transcription phonétique où chaque son distinct est affecté un caractère distinct. (c'est une des caractéristiques saillantes de tajerrumt n tmazight du défunt Mammeri). Et, ces mammeristes du HCA n'aimeraient pas nous écarter d'une aussi tâtonnante règle d'écriture !Or, existe-t-il parmi eux, parmi leurs enseignants de ta maziptt ou parmi ces docteurs de linguistique ta maziptt qui ignoreraient qu'en français, pour obtenir le phonème « é », on emploie, au moins, quelques dix différentes graphies ? N'est-ce pas que le plus peu instruit en français écrira le son « é » en utilisant les graphèmes : é comme dans élève ai comme dans ai ais comme dans avais ait comme dans avait aient comme dans avaient, er comme dans boucher ed comme dans pied et comme dans toi et moi es comme dans tu es est comme dans il est ez comme dans le nez N'est-ce pas qu'à tout élève du cycle primaire à qui on demandera d'attribuer un pronom personnel (sujet de verbes) à « es », il s'empressera de le précéder de « tu » pour être bien noté ? Nos phonétistes, nos simplistes à outrance, apprennent aux élèves de classe de langue ta maziptt à employer le graphème « t » (t avec une cédille) partout où ce phonème se manifesterait, dans des substantifs communs, tout comme dans des verbes ! Les enseignants du HCA écrivent : Twaligh ou ttwali je vois En français, ils n'écrivent pas : jevoua ou jevwa Mais ils s'appliquent pour écrire : Je vois ! En matière de verbes, les langues latines empruntent des désinences (suffixes) en terminaison pour marquer, en même temps, les personnes et les temps auxquels il sont conjugués. Je mangeai Je mange Je mangerai Si on jouerait à transcrire phonétiquement ces verbes conjugués, tout comme auraient aimé qu'on le fasse nos phonétistes, nous obtiendrons de ces griffonnages : Jemanjé Jemanj Jemanjré Allez expliquer à un élève de 7 ans qu'il y a là une règle d'écriture à retenir ! Nos phonétistes se félicitent de voir s'écrire avec une aussi facilité graphique ta maziptt ! Quelle paresse ! Cependant, ils n'aimeraient pas s'encombrer de ces règles d'orthographe ! Car, il est plus facile d'écrire : Walagh que ualî ep Jévu que j'ai vu Ce système d'écriture condamne des générations entières à subir un enseignement rétrograde, à l'ère de la mondialisation , de l'internet ! En matière de morpho-syntaxique, pour les langues latines, il faut remettre tout verbe conjugué à la forme « infinitive » pour le trouver dans le dictionnaire et connaître ses définitions. Quant aux langues germaniques, les verbes conjugués dans différents temps et personnes, ils gardent leurs orthographes impératives auxquels il convient d'ajouter le suffixe infinitif pour les découvrir dans les dictionnaires ou lexiques où ils sont isolément écrits. Nous dansions danser Nous verrons voir Nous irons aller Pour ta maziptt, une langue du « groupe germanique », c'est à l'impératif qu'on ajoutera le suffixe « ett » marquant l'infinitif de tout verbe pour le lire dans le dictionnaire : Ualî ep J'ai vu Edtt uali ep Je vois Aedt uali ep Je verrai Uali + ett = ualiett Ualiett = voir Les verbes de langue anglaise qui est aussi une langue germanique se voient précéder de la préposition « to » pour être cités à l'infinitif. I shall go to go Pour le présent indicatif, l'anglais emprunte le suffixe « ing » et « shall » pour tout verbe à conjuguer au futur pour toutes les personnes. Ta maziptt emprunte la préposition « edtt » pour le présent indicatif et « aedt » pour le futur. Quant aux langues latines, il faut connaître les infinitifs des verbes conjugués pour les collationner avec ceux du dictionnaire. Or, ce qu'on qualifie audacieusement de « langues sémitiques ou chamito-sémitiques » leurs verbes ne sont même pas classés par groupes ou catégories. Elles sont dépourvues de « temps futurs », « Pas de futur, pas d'avenir ». Avions-nous averti M. Taleb Ahmed Brahimi lorsqu'il était ministre de la Culture et de l'Information dans les années 1970. Dans aucune langue enseignable, il ne suffit de connaître un alphabet quelconque, phonétique par dessus le marché pour être lue, écrite ou enseignée à des élèves nationaux ou étrangers. Nos linguistes phonétistes, phonologistes dans le meilleur des cas, continuent d'affirmer le contraire ! Ignoreraient-ils qu'une « académie de langue ta maziptt » est meilleure que toutes les constitutions que puissent s'offrir ces Etats arabistes, racistes, car membres de la Ligue arabe (une organisation à base raciale) et en même temps membres de l'Union africaine (une organisation à base géographique) ? N'est-ce pas que ni la langue française ni la langue anglaise n'ont de statut quelconque dans les constitutions de ces différents pays ? Pourtant, comme elles sont considérées « langues vivantes », c'est-à-dire pourvues d'académies, d'une écriture orthographique s'offrant à l'ensemble de leurs apprenants, qu'elles sont enseignées, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Mauritanie et en Libye ? (Pour ne pas dire « Maghreb » comme le font ceux qui veulent, à tout prix, faire perdre à l'Afrique son Nord). A l'enseignement Du 16 au 31 août 1996, le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) avait réuni des enseignants et des enseignantes de son choix de diverses matières scolaires de différents établissements et paliers de différentes régions du territoire national. Après cette rencontre tam-tam, de qarqabou et de bendirs, on lit une résolution toute morbide où il est conseillé à ces enseignants (tes) de français, d'arabe, de mathématiques, et de culture physique de retourner, chacun dans son patelin et enseigner chacun dans le dialecte qu'il maîtrise. Dans un alphabet qui lui est familier, tout en transcrivant ces différents dialectes phonétiquement ! A l'alarme que nous avons tiré en expliquant que c'est en transcrivant phonétiquement ta maziptt qu'on obtient du kabyle, du mzab, du chaoui, du targui, du tarifit, ta celhiyt, etc. Alors qu'en écrivant de ces « dialectes » orthographiquement on obtient « ta maziptt », la composante humaine du HCA se fait terriblement sourde et dénigrante ! Les éléments du HCA ont de tout temps répondu par la négative à notre proposition de travailler, au sein même de cette institution, dans l'intérêt de cessation de l'anarchie graphique qui règne dans l'écriture de langue ta maziptt sous prétexte que cela n'est pas dans leurs prérogatives. Dix ans après, dans le document Bilan et perspectives (En réalité, ce n'est qu'un bilan tout aussi négatif, car rien en perspectives !), en page 44 de ce document, réalisé pour le HCA par deux universitaires du Département de langue et culture de l'université Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou, nous lisons : « Devant l'existence de ces trois systèmes d'écriture, latin, arabe, tifinagh, la Direction du ministère de l'Education nationale évite de trancher. » Le ministère de l'Education nationale s'en défend, dans son plan d'action concernant le dossier a mazip, il n'a pas manqué de relever ce point, il est dit en substance :« Le Haut-Commissariat à l'amazighité avait pris l'initiative, sans consulter le ministère, d'organiser, au profit de 250 candidats à l'enseignement de cette langue, un stage de trois semaines au mois d'août 1995. » Mais, n'est-ce pas que c'est pour parer au désengagement du ministère de l'Education nationale dans l'enseignement de ta maziptt depuis 34 ans qu'il y eut la création du HCA. Après presque une année blanche de scolarité des élèves de Kabylie ? Depuis dix ans, ces deux différentes institutions (MEN et HCA) se jettent la balle pour se disculper de l'anarchie qui continue de régner dans ce semblant d'enseignement de langue ta maziptt. N'étant pas de ceux qui se trompent de cible, nous ne saurons qu'inculper le HCA de cette cacophonie et cacographie qui ont tendance de se prolonger, malgré le décès récent de M. Aït Amrane Muhend ou Yidtire. Dix ans après l'instauration, l'installation du HCA, secrétaire général et différents directeurs de cette structure (il y a plusieurs directeurs et sous-directeurs au HCA) sont venus sur le plateau de l'ENTV pour se lamenter et avouer leur impuissance, leur incapacité de mettre un terme, mettre fin à cette anarchie graphique de langue ta maziptt qu'ils ont eux-mêmes morcelée, disloquée ! Le HCA ne rate aucune occasion pour jeter l'opprobre sur le MEN à qui il reproche « la non-formation de formateurs » en ta maziptt depuis un si long laps de temps. Le HCA avait lâché sur le terrain de l'enseignement de ta maziptt ses enseignants et enseignantes avec comme consignes de faire dans l'enseignement dialectal et avec comme support pédagogique, un alphabet phonétique en caractères latins pour certains et certaines. Ceux qui projetaient d'utiliser les caractères arabes ou tifinagh ne voulurent même pas s'encombrer inutilement de ces alphabets. N'est-ce pas que ce n'est qu'après trois années d'enseignement à tâtons, à l'aveuglette pratiqué par les enseignants du HCA que fut produit le manuel de la 7e année fondamentale confectionné par le MEN pour les années 1997-1998 ? Ce manuel avait été rejeté par les enseignants après s'être concerté à Tizi Rached, mais pas par le HCA ! Dans le cas où le département de M. Benbouzid, que nous savons ne maîtrise ta maziptt ni graphiquement ni oralement, serait animé de cette volonté de faire dans la formation de formateurs pour ta maziptt, dans quel (s) dialecte (s), dans quel système graphique phonétique que le HCA aurait aimé que cela se fasse ? C'est le HCA qui, depuis 1995, continue de refuser que ta maziptt soit uniformisée graphiquement et unifiée oralement. Il refuse aussi de reconnaître sa responsabilité dans le retard cumulé par l'enseignement et l'enseignabilité de la langue ta maziptt. Propositions : Des auteurs d'ouvrages de recherche approfondie sur l'orthographe et la grammaire de langue ta maziptt attendent qu'on fasse appel à leurs services. Ils ne demandent qu'à être entendus qu'à être mis à l'épreuve lors d'un séminaire qui les réunirait afin d'évoluer en exposants de leurs trouvailles sous les yeux vigilants et appréciateurs des inspecteurs des académies, des enseignants de bien de langues vivantes, de professeurs et élèves des ILE de langues vivantes qui seront désignés par le département de M. Abdelaziz Dourari au cas où ce centre œuvrera sincèrement pour l'acquisition, l'obtention d'une ta maziptt nationale enseignée de la même façon pour tous les élèves qui respecteront les mêmes règles d'orthographe et de grammaire de langue ta maziptt dans l'ensemble de centres d'intérêts nationaux. Conclusion : Seule l'écriture orthographique peut garantir la normalisation et l'enseignement moderne de la langue ta maziptt. L'élaboration des dictionnaires pratiques et l'épanouissement rapide de cette langue ne peuvent être assurés par la transcription phonétique ou phonologique. Seule la graphie latine est capable de servir l'orthographe de cette langue, et assurer sa diffusion par les moyens modernes de communication. L'enseignement de ta maziptt nécessite au préalable sa normalisation, donc sa prise en charge par une institution publique (académie) chargée de standardiser, de parfaire ta maziptt loin de toute contrainte politique ou régionale. Un établissement à aptitude scientifique, académique, qualifié pour élaborer des manuels pédagogiques indispensables à tout enseignement avant l'introduction de ta maziptt à l'école. Un établissement chargé d'encadrer la formation des formateurs et de suivre de très près l'évolution de l'enseignement de cette langue. Il ne suffit évidemment pas de connaître un des dialectes pour écrire et enseigner ta maziptt, il faut apprendre les règles grammaticales, orthographiques spécifiques à cette langue, et la logique didactique et scientifique qui la régissent. Il est nécessaire de soumettre à nos enfants scolarisés un outil rigoureux, performant et moderne leur permettant un apprentissage facile et rapide de la langue ta maziptt. E.mail : [email protected]