Un G7 de Taormina indécis avec les nouveaux venus, l'Américain Donald Trump et le Français Emmanuel Macron Les déclarations tonitruantes et la gestuelle musclée du président américain Donald Trump risquent de mettre à mal la cohésion du G7, dont le sommet s'est ouvert hier à Taormina en Sicile avec un agenda chargé. «Il n'y a aucun doute que ce sera le sommet du G7 le plus difficile depuis des années», a averti hier matin le président du Conseil européen Donald Tusk, alors que les sujets de contentieux -lutte contre le réchauffement climatique et commerce mondial- ne manquent pas avec les Etats-Unis. Les sept chefs d'Etat et de gouvernement se sont retrouvés hier midi dans le majestueux théâtre grec de cette petite station balnéaire sicilienne, pour une photo de famille, avant de se diriger à pied vers le lieu de la rencontre. Passant tout près de la place centrale de cette petite ville, qui surplombe de plusieurs centaines de mètres la mer Méditerranée, plusieurs de ses dirigeants dont M.Trump, la chancelière allemande Angela Merkel ou le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni, se sont arrêtés pour profiter de la vue et bavarder un peu. La gestuelle était scrutée avec attention, notamment celle de Mme Merkel et de M.Trump, après des fuites dans la presse sur des propos tonitruants qu'aurait tenus le président américain. «Les Allemands sont mauvais, très mauvais», a jugé le président américain lors de sa rencontre jeudi à Bruxelles avec les dirigeants de l'Union européenne, selon le site de l'hebdomadaire Der Spiegel. «Regardez les millions de voitures qu'ils vendent aux Etats-Unis. Horrible. Nous allons arrêter ça», a-t-il dit. De quoi refroidir l'ambiance de ce G7 censé réaffirmer la cohésion de ses membres, notamment sur le terrorisme, après l'attentat meurtrier qui a fait 22 morts dont de nombreux enfants mardi à Manchester en Grande-Bretagne. La chancelière allemande Angela Merkel n'a fait aucun commentaire à son arrivée hier matin à Taormina, qui vit littéralement en état de siège depuis plusieurs jours, avec quelque 7000 hommes chargé de protéger les chefs d'Etat et de gouvernement de sept des pays les plus riches de la planète (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) Le président de la Commission Jean-Claude Juncker et M.Tusk ont de leur côté tenté de minimiser les propos de Donald Trump, sans toutefois totalement démentir les révélations du Spiegel. «Il n'est pas vrai que le président (Trump) a eu une approche agressive. C'est un problème de traduction. Il n'a pas dit que les Allemands se comportaient mal, il a dit qu'il y avait un problème. Ce n'était pas agressif» a déclaré M.Juncker. Mais après la poignée de mains très virile entre le président américain et son homologue français Emmanuel Macron jeudi à Bruxelles, ses partenaires du G7 veulent surtout obtenir des clarifications de la position américaine sur plusieurs sujets, dont le réchauffement climatique ou le commerce international. M.Gentiloni a promis de tout faire pour rapprocher les points de vue, afin de faire de ce rendez-vous «ne réunion utile» Le G7 devait réaffirmer dès hier son engagement et sa fermeté dans la lutte contre le terrorisme islamiste. La Première ministre britannique Theresa May, qui devait rentrer dès hier soir à Londres, devait prendre la parole en début d'après-midi devant ses collègues pour expliquer combien il est plus que jamais indispensable de ne pas baisser la garde. Elle a d'ores et déjà reçu l'appui du président français, qui assistait hier à son premier G7. Mais les choses s'annoncent plus délicates pour les discussions ultérieures sur le climat ou le commerce international. Le réchauffement climatique, sujet sur lequel le président américain Donald Trump refuse toujours de se prononcer, «sera le plus compliqué», avait prévenu mercredi l'entourage du président français. Et ce dernier, que tout semble opposer au nouveau locataire de la Maison-Blanche, compte bien faire pression sur l'administration américaine. Toute la diplomatie européenne essaie de «pousser dans la même direction» les Etats-Unis sur le climat, a assuré la présidence française. Mais, rien ne dit que les dirigeants du G7 parviendront à trouver un terrain d'entente sur ce sujet crucial. L'approche reste «ouverte», mais on ne fera rien qui donne l'impression que six pays font quelque chose contre un septième, c'est un processus ouvert, a-t-on indiqué cette semaine de sources diplomatiques italiennes.