«Si vous cherchez des corrompus, et vous le savez, ils ne sont pas chez nous.» L'affaire du limogeage de l'ex-ministre du Tourisme, Messaoud Benagoun, 48 heures après sa nomination, a pris des proportions telles dans l'opinion nationale qu'il devenait indispensable de connaître l'autre son de cloche, celui du concerné lui-même et du parti politique qui l'a parrainé pour le poste de ministre de la République. Benagoun était jusqu'à hier soir silencieux, mais le Mouvement populaire algérien s'est exprimé sur le sujet au lendemain de «l'incident», dans un communiqué rendu public, hier, où le parti de Amara Benyounès a donné sa propre version. Ne contestant pas la décision du chef de l'Etat de démettre son militant deux jours après sa nomination, prérogatives présidentielles obligent, le MPA n'en souligne pas moins que cette décision a été prise sur proposition du Premier ministre. Démentant les informations qui ont largement circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux sur le passé judiciaire de l'ex-ministre, le MPA soutient, dans son communiqué, que Messaoud Benagoun, «est secrétaire général du Mouvement national des étudiants algériens, syndicat agréé après enquête du ministère de l'Intérieur et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique». Ce statut que personne ne conteste, du reste, accorde, à en croire le MPA, un minimum de respectabilité à son cadre lequel «s'est présenté aux élections législatives dans la wilaya de Batna le 4 mai dernier et à ce titre il a satisfait à toutes les obligations légales et il a notamment présenté un casier judiciaire vierge», note le communiqué. Cela pour les accusations formulées contre Benagoun et qui auraient, selon les médias, justifié son limogeage. Pour ce qui concerne sa nomination à la tête du département du tourisme, le MPA explique la procédure qui a consisté à proposer plusieurs noms au Premier ministre, à charge pour ce dernier d'en choisir celui qui l'intéresse. Il se trouve que sur les quelques CV adressés par Benyounès «le choix du Premier ministre s'est porté sur (celui de) Messaoud Benagoun dont le casier judiciaire et le diplôme seront rendus publics», indique le communiqué du MPA. Et de préciser: «Dans tous les cas de figure, la responsabilité de l'enquête ne peut incomber à notre parti.» Le parti de Amara Benyounès revient sur les «pseudos démissions des cadres du ministère du Tourisme», arguant que les «passations ont eu lieu au ministère de l'Aménagement du territoire, le vendredi 26 mai, et que Messaoud Benagoun a été démis de ses fonctions dimanche 28 mai dans la matinée, donc les fonctionnaires étaient en repos hebdomadaire et il ne devait rejoindre son bureau au ministère du Tourisme que le mardi 30 mai 2017». Ce petit rappel de l'agenda de l'ex-ministre est censé démentir l'information sur la démission collective au ministère du Tourisme. Pour cause, précise le communiqué, le jeune ex-ministre «n'avait encore rencontré aucun fonctionnaire du ministère à l'exception de quelques cadres présents lors des passations de consignes». Partant de sa version des faits que le parti de Benyounès qualifie de très éloigné de la réalité, ce qui s'est raconté, ces dernières 24 heures, quelques questions s'imposent à bien lire le communiqué. «Qui sont les commanditaires de cette machination diabolique qui a jeté en pâture l'honneur d'un jeune militant dont le seul crime est de vouloir servir son pays?», s'interroge le communiqué. Le MPA croit même voir une volonté de «tromper l'opinion publique». «Ces commanditaires, qui au nom de la lutte contre la corruption, cherchent à salir un parti politique», soutient le même parti qui apporte un soutien sans faille à son militant qui «n'est ni un délinquant ni un corrompu». Et le communiqué de conclure avec une affirmation cinglante: «Si vous cherchez des corrompus, et vous le savez, ils ne sont pas chez nous.»