Une queue pour un sachet de lait L'origine de cette perturbation, selon le président de la Fédération algérienne des consommateurs, est l'absence des statistiques relatives aux quantités réelles que les Algériens consomment en lait. Le lait en sachet fait parler encore une fois de lui en ce début du mois de Ramadhan. Il a disparu des étals des commerçants dans de nombreuses wilayas du pays. L'on ne parle pas que de l'indisponibilité du lait coûtant 25 DA subventionné par l'Etat, mais aussi du lait se vendant à 50 DA. Les consommateurs, pour qui le lait est un aliment indispensable durant ce mois sacré ne savent plus à qui s'adresser pour crier leur mécontentement. Les commerçants auprès desquels ils ont l'habitude de l'acheter ne sont pas mieux informés qu'eux. Le mystère demeure donc entier! S'agit-il d'une crise ou juste d'un problème de distribution? Cette situation va-t-elle durer ou marquera -t-elle juste le début de ce mois de Ramadhan? Ce sont-là les quelques questions que les consommateurs se posent en ce cinquième jour du mois sacré. Selon le président de la Fédération algérienne des consommateurs Harizi Arezki, l'origine de cette indisponibilité est plus compliquée qu'on ne le pense. «Elle n'est pas due au problème de distribution ou de spéculation, tel que certains veulent le faire croire, mais elle est due essentiellement au problème de faiblesse de production», dira-t-il d'emblée, en réponse à notre question. «Nous ne produisons pas assez!», a tranché Arezki Harizi. «La production est faible; non en raison du manque des capacités de production ou de rareté de la matière première, mais faute tout simplement de statistiques relatives aux quantités de lait que consomment les Algériens.» Et à Arezki Harizi de s'interroger «comment voulez-vous assurer l'offre nécessaire pour un marché dont vous ignorez la demande?». «En l'absence de ces statistiques, les problèmes de perturbation dans la distribution et de l'indisponibilité seront éternels en Algérie», a encore tranché le président de la Fédération algérienne des consommateurs, appelant les parties concernées à établir en urgence ces statistiques. Le président de la Fédération algérienne des consommateurs n'a pas manqué pour autant de dénoncer le comportement des consommateurs algériens caractérisé par la surconsommation. «Ces derniers doivent aussi savoir se contrôler», a indiqué ce dernier. A ce propos, il est à souligner que la frénésie des citoyens n'a pas fléchi en ce qui concerne l'achat du lait. Les habitudes d'en acheter avec de grandes quantités sont encore visibles cette année. Dans la wilaya d'Oran par exemple où la crise du lait a mis tout le monde sur les nerfs, s'explique exclusivement, selon le directeur régional du commerce d'Oran, Fayçal Ettayeb, «par le mode de consommation lié au mois de Ramadhan consistant à acheter une quantité supérieure de lait». «Nous avons envoyé des équipes sur le terrain pour s'informer sur cette situation. Elles ont constaté que les ménages achetaient le double, parfois le triple de la quantité du lait qu'ils consomment habituellement au quotidien», a fait remarquer le même responsable. L'apprivoisement de la wilaya d'Oran en lait en sachet a été pourtant revu à la hausse de près de 20%, soit 20.000 sacs de plus par jour durant ce mois sacré, a fait savoir de son côté le directeur régional de Giplait Mostaganem Hassan Zegan. S'exprimant par ailleurs sur la qualité du lait en sachet que tout le monde qualifie de médiocre et très loin des normes requises, Arezki Harizi a plaidé pour la solution de la libéralisation des prix. «Le lait en sachet restera toujours de mauvaise qualité, si les prix ne seront pas libéralisés», a-t-il argué. La libéralisation des prix du lait permettra non seulement d'avoir un lait de qualité sur le marché, précise le président de la Fédération algérienne des consommateurs, mais elle créera aussi un engouement pour l'élevage bovin auprès des particuliers. Arezki Harizi n'entend pas par libéralisation des prix la renonciation de l'Etat à la subvention du lait. «Je ne demande pas à l'Etat de renoncer à la subvention du lait. Je lui demande de faire profiter uniquement les nécessiteux de cette subvention», a-t-il expliqué. Appuyant de son côté les propos de Arezki Harizi, Mohamed Toumi directeur exécutif auprès de cette association, a indiqué que le non-respect de la qualité du lait a été vérifié. «En effet, au lieu de mettre 120 grammes de poudre pour un litre d'eau, les producteurs sont en train de se contenter de 90 grammes pour le litre d'eau». Comme Arezki Harizi, Mohamed Toumi plaide pour la libéralisation des prix du lait et la révision du système des subventions. «Il est inconcevable qu'un Chinois ou un travailleur étranger qui touche 100 millions de centimes par mois paye le sachet du lait au même prix qu'un ouvrier», a-t-il ajouté, en faisant remarquer en outre que l'élevage bovin est une filière à développer en Algérie.