Ils étaient très nombreux à accompagner BCH à sa dernière demeure Il était tel un ascète à la recherche de la lumière subliminale pour expier davantage ses impuretés émanant de la vie profane. La famille journalistique vient de perdre l'un de ses braves fils qui a tant donné à ce métier durant cinq décades sans interruption. Il s'agit de l'inénarrable Hassen Bachir-Chérif décédé hier d'un arrêt cardiaque. La corporation est en émoi, le deuil est visible au siège du journal La Tribune, pour ainsi dire, les journalistes sont sous le choc à la nouvelle du décès du doyen de la presse algérienne. Ils sont tous unanimes à reconnaître que Hassen Bachir-Chérif n'était pas le directeur de la publication d'un journal, mais surtout l'infatigable journaliste qui fait de l'information et du métier d'informer son alpha et son oméga. Hassen Bachir-Chérif même s'il est un adepte des grandes idées et de l'approche idéologique, n'en demeure pas moins une personne pétrie d'humanisme et d'abnégation. Cette conception qui lui sied est le produit d'une humilité qui l'avait forgé durant de longues années d'apprentissage et de travail de fourmi pour arriver à un point culminant de l'effacement, il était tel un ascète à la recherche de la lumière subliminale pour expier davantage ses impuretés émanant de la vie profane. Les journalistes qui l'ont connu ou ceux qui ont travaillé avec lui, gardent de cet homme de coeur une image de quelqu'un de conciliant, aimant le dialogue et empreint de rigueur professionnelle. D'ailleurs, c'est ce qui ressort de la bouche des journalistes qui ont travaillé longtemps avec lui et sous sa direction. C'est le cas de Zine Cherfaoui qui parle du décès de Hassen Bachir-Chérif d'une façon qui dégage une douleur et une consternation perceptibles en indiquant que «c'est avec une immense tristesse que j'ai appris, ce matin, le décès de Hassen Bachir-Chérif, le directeur de publication du quotidien La Tribune. Je connaissais bien Bachir. C'était un ami. La vie nous apprend beaucoup, mais jamais elle ne nous prépare à une perte si difficile. Tu nous manqueras à tous Bachir. En cette période de deuil, toutes mes pensées sont avec sa famille et ses proches collaborateurs», a-t-il déclaré. C'est au siège du journal La Tribune que le deuil se manifeste de façon imposante, tout le monde est consterné, les journalistes qui sont venus rendre visite aux responsables du journal pour leur exprimer leurs vives condoléances ne réalisent pas que Hassen Bachir-Chérif est réellement décédé. Mais il y avait une image qui était très forte et chargée d'émotion qui ne pouvait être inaperçue, c'est l'état de tristesse coupé de sanglots qui a envahi la journaliste de la Tribune Hacena Yakoub qui n'arrivait plus à retenir ses larmes qui coulaient sans arrêt en interpellant la morale de celui qui était le directeur, le responsable, le père et l'ami. La disparition subite de Hassen Bachir-Chérif a été reçue de façon brutale et d'une manière inattendue de la part du directeur de la rédaction de la Tribune Hassen Gherrab qui était effondré et abattu par l'annonce de la mort de son «chef» et son «complice» comme il aime à le présenter. Pour le directeur de la rédaction Hassen Gherrab, Hassen Bachir-Chérif «n'était pas le directeur de publication du journal, il était impliqué d'emblée dans le journal, il ne faisait pas de distinction quand il s'agit du journal, il est là en train de faire le travail de la rédaction comme tous les journalistes qui sont impliqués dans la confection du journal qui sortira le jour d'après», mentionnait le directeur de rédaction de la Tribune. Hassen Bachir-Chérif a exercé son métier dans l'illustre journal El Moudjahid au temps où le métier faisait bercer ses amoureux et ceux qui croyaient en la mission d'informer et d'élever la conscience du peuple pour qu'il puisse s'organiser en tant qu'élément actif au sein de la société et faire de lui la pierre d'achoppement dans toute entreprise et oeuvre susceptible d'apporter une contribution positive au pays.Le défunt Hassen Bachir-Chérif s'est impliqué mordicus dans la dynamique politique qu'avait connue le pays durant les années 1990, une période qui était caractérisée par une brève ouverture démocratique et de pluralisme politique. Sa contribution en sa qualité de journaliste au sein du journal La Nation qui était connu comme journal qui prônait la voie de la réconciliation politique, lui a permis d'exprimer ses idées sans ambages, quant à la crise que connaissait le pays à cette époque, avec ce qu'elle a entraîné comme violence et situation de chaos. Hassen Bachir-Chérif assumait pleinement ses idées dans la mesure où il faisait recours à un élément clé sur le plan politique pour asseoir les jalons de la paix, c'est la réconciliation, comme leitmotiv, qui revenait toujours à travers ses écrits et ses discours politiques. C'était un homme qui alliait journalisme et militantisme. Cette trempe de journalistes racés se raréfie de plus en plus, pour la simple et unique raison que le monde de la presse est devenu lui-même un milieu qu'on a dépouillé de sa sève nourricière à savoir, l'engagement politique pour des causes justes. Tel était le défunt Hassen Bachir-Chérif, un journaliste aux convictions avérées et à l'engagement politique irréprochable. Repose en paix cher confrère.