Le Dauphiné, qui a commencé avant-hier à Saint-Etienne, sonne l'heure de la rentrée des classes pour le peloton, dont les favoris du Tour de France, de Chris Froome à Alberto Contador, de Richie Porte à Romain Bardet, avant l'examen de juillet. L'épreuve, qui sillonne les routes de la région Auvergne-Rhône-Alpes durant huit jours, marque le retour à la compétition de l'ensemble des prétendants, absents depuis plusieurs semaines. Pour eux, le mois de mai rime avec entraînement, stage en altitude, préparation intensive après l'entrée en matière que représentent les courses de la première partie de la saison. Froome, vainqueur sortant du Dauphiné (et du Tour), n'a plus couru depuis le 29 avril, tout comme Porte. Contador, depuis le 8 avril. Quant à l'Italien Fabio Aru et au Colombien Esteban Chaves, longtemps arrêtés sur blessures, leur absence se chiffre en mois. Tous comptent valider le travail accompli à l'entraînement. Ils disposent d'un terrain accidenté, hormis deux journées promises aux sprinteurs (à Tullins et à Mâcon) et ainsi que d'un contre-la-montre, demain, sur une distance (23,5 km) équivalente à celle du «chrono» de fin de Tour à Marseille. En fin de semaine, la montagne reprend ses droits dans les Alpes. Le Mont du Chat, qui sera escaladé dans le final de l'étape du Tour à Chambéry, est proposé vendredi prochain. Le col de Sarenne, pour rejoindre par un versant inédit l'Alpe d'Huez, le lendemain. La montée inédite vers le plateau de Solaison, près de la Colombière, pour terminer dans une étape ramassée et très dense. «C'est un parcours exigeant avec, tous les jours, des moments stratégiques à ne pas manquer», estime Bardet, qui s'était incliné l'an passé de 12 secondes face à Froome. L'Auvergnat, quasiment régional du début de la semaine, porte les chances françaises pour le classement général en l'absence de Thibaut Pinot (4e du récent Giro) et de Julian Alaphilippe (blessé). Mais trois sprinteurs sont aussi présents, avec un point d'interrogation sur les possibilités de Nacer Bouhanni, qui n'a plus couru depuis son traumatisme crânien du Tour du Yorkshire, par rapport à Arnaud Démare et Bryan Coquard. Le menu montagneux, doublé d'un «chrono» à même de lui procurer l'avantage face aux autres grimpeurs, inspire Froome qui connaît la valeur d'une victoire au Dauphiné. A chaque fois que le Britannique a gagné, il s'est imposé le mois suivant dans le Tour de France (2013, 2015, 2016). Autant dire qu'une quatrième victoire, synonyme de record depuis la création de l'épreuve en 1947, lancerait le Tour de la meilleure des façons pour l'équipe britannique, qui aligne le vainqueur de Milan-San Remo, le Polonais Michal Kwiatkowski, pour soutenir son chef de file. «Le Dauphiné est le dernier grand test avant le Tour», confirme Porte (2e en 2013). «Je sors d'un stage d'altitude de deux semaines, je suis aussi bien préparé que possible et bien que le Tour de France soit évidemment le but principal, j'aimerais ajouter le Dauphiné à mon palmarès». En cas de victoire, il ajouterait son nom à une liste qui compte déjà ceux de l'Espagnol Alejandro Valverde (2008 et 2009) et de l'Américain Andrew Talansky (2014). Mais pas celui de Contador (2e en 2010 et 2014), jusqu'à présent abonné aux places d'honneur cette année.