Une conférence de paix multinationale doit avoir lieu aujourd'hui à Kaboul, capitale meurtrie par une série d'attentats et de heurts armés qui ont fait plus de 100 morts et des centaines de blessés ces derniers jours. La ville reste en grande partie bouclée avant ce sommet, sous encore plus haute sécurité que d'habitude, avec des points de contrôle et des patrouilles supplémentaires, ainsi que des restrictions strictes à la circulation civile. Des représentants d'une vingtaine de pays sont attendus au «Processus de Kaboul», un sommet avant tout symbolique qui vise à rallier un soutien international en faveur de mesures visant à rétablir la sécurité en Afghanistan, a expliqué hier le gouvernement. «Le processus de Kaboul a pour but d'atteindre un consensus au sein de la région et du monde pour ramener la paix en Afghanistan», a déclaré le porte-parole de la présidence, Shah Hussain Murtazawi. Il se déroule alors que la population de Kaboul est particulièrement tendue depuis un attentat au camion piégé qui a frappé mercredi le quartier diplomatique, tuant au moins 90 personnes et en blessant des centaines, l'attaque la plus meurtrière dans la capitale depuis plus de 15 ans. Les efforts internationaux visant à amener les taliban à la table des négociations sont jusqu'ici restés vains, mais des diplomates à Kaboul ont salué la conférence d'aujourd'hui comme un bon signal. «C'est l'occasion pour chacun des pays de la région de montrer son véritable soutien des aspirations de l'Afghanistan à la paix», a souligné l'ambassadeur britannique à Kaboul, Dominic Jermey, appelant à «empêcher les terroristes de recevoir du soutien, que cela soit de la part d'Etats ou d'individus». Parmi les pays représentés, les Etats-Unis, l'Inde, la Chine, et le Pakistan voisin, que l'Afghanistan accuse de longue date de parrainer l'insurrection taliban. Kaboul vient de traverser une semaine de rare violence, en plein mois sacré du Ramadhan. Outre l'attentat au camion piégé, quatre personnes ont été tuées vendredi dans des heurts entre la police et des manifestants. Les protestataires exigent la démission des chefs des services de sécurité afghans, notamment le conseiller à la sécurité nationale Hanif Atmar. Un sit-in a été organisé près du site de l'explosion et en était hier à son quatrième jour. Samedi, au moins sept autres personnes avaient été tuées lors d'un nouvel attentat perpétré lors des funérailles d'un manifestant tué la veille. Aucun groupe n'a revendiqué ces attentats, mais le gouvernement a accusé le réseau Haqqani, allié des taliban, d'être responsable de celui de mercredi. Les hôpitaux de la capitale sont débordés et nombre d'entre eux tournent au delà de leurs capacités. L'hôpital Emergency, géré par une organisation italienne et engrenage essentiel des urgences médicales de la ville, s'est dit inquiet pour la sécurité de son personnel en raison de la présence des manifestants campant à proximité de ses locaux. «Notre hôpital est en première ligne», a indiqué Emergency dans un communiqué. «Pour continuer notre travail, nous ne réclamons qu'une chose: la sécurité autour de notre hôpital, et ne pas être pris pour cible intentionnellement».