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Un recours à l'endettement extérieur n'est pas exclu
JEAN-FRANÇOIS DAUPHIN, CHEF DE MISSION DU FMI POUR L'ALGERIE
Publié dans L'Expression le 07 - 06 - 2017

le chef de mission du FMI pour l'Algérie, Jean-François Dauphin.
Notre économie devra cependant légèrement s'améliorer en 2019.
L'Algérie est en mesure de diversifier son économie en menant «des réformes ambitieuses» qui la rendraient moins dépendante des hydrocarbures, a indiqué hier à Washington le chef de mission du FMI pour l'Algérie, Jean-François Dauphin.
«Nous pensons effectivement qu'avec des réformes ambitieuses, on peut transformer l'économie en la rendant plus diversifiée, moins dépendante des hydrocarbures et en donnant un rôle plus important au secteur privé», a déclaré Dauphin dans un enregistrement partagé dans un tweet par le site du FMI, «Akhbar Asunduk».
Le responsable du FMI a constaté que «la chute des prix du pétrole il y a trois ans a été très sévère (pour l'Algérie) et se fait toujours sentir». Il a ainsi relevé l'importance de «saisir ces défis pour les transformer en opportunités de refonder le modèle de croissance de l'économie algérienne comme les autorités ont l'intention de faire».
«C'est de cette façon qu'on arrivera à assurer une croissance plus pérenne et surtout plus génératrice d'emplois, de manière soutenable», a-t-il ajouté. Cela est d'autant plus important, étant donné que la population algérienne est composée majoritairement de jeunes, dont «il faut préparer l'avenir», a estimé Dauphin, chef de mission du FMI pour l'Algérie.
Le FMI a salué jeudi dernier, rappelle-t-on, les efforts menés par l'Algérie pour s'adapter au choc pétrolier qui a induit une chute drastique des prix du baril. Il a également souligné l'importance des mesures prises en matière d'assainissement des finances publiques et d'amélioration du climat des affaires.
Dans son rapport 2017, d'évaluation de l'économie algérienne, le FMI a suggéré de mettre en oeuvre «un dosage équilibré de mesures économiques» et de «réformes structurelles ambitieuses pour assurer la viabilité des finances publiques, réduire les déséquilibres extérieurs et diminuer la dépendance à l'égard des hydrocarbures».
Pour faire face à la baisse des recettes pétrolières, l'institution de Bretton Woods a recommandé de recourir à «un éventail plus large de possibilités de financement» de l'économie, y compris «un recours prudent à l'endettement extérieur et la cession d'actifs publics» tout en optant pour un taux de change plus flexible, prévisions que viennent de publier, coup sur coup, le FMI et la Banque mondiale pour les années 2017 et 2018, et qui mettent à mal l'optimisme béat des autorités du pays à propos de la situation économique pour les prochaines années.
Il y a lieu de rappeler qu'après le FMI la semaine dernière, c'était au tour de La Banque mondiale (BM) d'abaisser sensiblement, ses prévisions de croissance pour l'algérie en 2017 et en 2018 du fait de la baisse des cours du pétrole.
Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, publié dimanche dernier à Washington, la BM a ramené ses projections de croissance pour l'Algérie en 2017 à 1,8% contre 2,9% projeté dans son rapport de janvier dernier. Pour 2018, la croissance du PIB réel de l'Algérie devrait être encore plus faible et s'établir à 1% en baisse de 1,6 point comparé aux 2,6%, anticipés en janvier. Faible consolation, l'Algérie n'est pas seule dans son cas. A l'instar des autres pays pétroliers de la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, l'Algérie a pâti de la baisse des cours du pétrole qui l'ont incitée à opérer un ajustement budgétaire pour faire face au choc pétrolier en réduisant les dépenses d'équipement de l'Etat, ce qui a pour conséquence de pénaliser la croissance économique.
La croissance des pays exportateurs de pétrole de la région devrait également s'établir à 1,8% en 2017, et celle des pays du Conseil de coopération du Golfe à 1,3%. En Arabie saoudite, plus grande économie de la région, la situation sera encore plus grave et le taux de croissance devrait descendre à 0,6% sous l'effet de la diminution de la production pétrolière.
Selon les pronostics de la BM, la croissance de notre économie devrait légèrement s'améliorer en 2019, tout en restant au niveau très modeste de 1,5%. Quelques années de croissance «très molle» en perspective donc pour notre pays et beaucoup de soucis en perspective, tant pour l'emploi que pour la situation financière du pays.
Autre mauvaise nouvelle, la BM précise que ses prévisions de croissance pour la région Mena sont basées sur un prix moyen de pétrole de 53 dollars le baril en 2017, et de 56 dollars en 2018, en avançant qu'une évolution des cours au dessous de ces niveaux pourrait réduire probablement «l'espace budgétaire» de ces pays. Comment le nouveau gouvernement de Tebboune réagira-t-il face à ces perspectives inquiétantes? Wait and see.


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