La Banque Mondiale (BM) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'Algérie, en 2017 et en 2018, du fait du recul des cours de pétrole, en tablant sur des estimations légèrement inférieures à celles de janvier dernier. Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, publié dimanche, à Washington, la BM a ramené ses projections de croissance pour l'Algérie, en 2017 à 1,8% contre 2,9% projeté dans son rapport de janvier dernier, soit une baisse de -1,1 point de pourcentage. Pour 2018, la croissance du PIB réel de l'Algérie devrait s'établir à 1% en baisse de -1,6 point de pourcentage comparé au 2,6%, anticipé en janvier. Pour la BM, la croissance de l'Economie algérienne devrait légèrement, s'améliorer en 2019 à 1,5% mais restera en baisse de -1,3 point de pourcentage, par rapport à la prévision de janvier dernier. Cependant, les nouvelles prévisions de la BM pour l'Algérie, sont légèrement en hausse comparées à celles d'avril dernier, dans le cadre de son rapport de suivi de la situation de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). La BM avait, alors, tablé sur un taux de croissance de 1,5% en 2017 et 0,6% en 2018. Ces révisions à la baisse des prévisions de croissance se justifient pour l'Algérie, comme pour d'autres pays pétroliers de la région MENA, en raison de la baisse des cours de pétrole incitant le pays à opérer un ajustement budgétaire pour faire face au recul des recettes pétrolières. Pour rappel, dans un récent rapport, consacré à l'Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) affirmait que le pays « reste confronté à des défis importants, posés par la baisse des cours pétroliers. L'activité économique a été globalement résiliente, mais la croissance s'est ralentie dans le secteur hors hydrocarbures en partie sous l'effet de la réduction des dépenses ». Défi du «mécontentement des populations» Selon le BM, la croissance des pays exportateurs de pétrole de la région MENA devrait s'établir à 1,8% en 2017, alors que celle des pays du Conseil de coopération du Golfe à 1,3%. En Arabie Saoudite, plus grande économie de la région, le taux de croissance devrait descendre à 0,6 %, sous l'effet de la diminution de la production pétrolière. Les effets négatifs de la réduction de la production de l'OPEP sur les pays exportateurs de pétrole l'emportent sur la modeste amélioration de la situation des pays importateurs de pétrole. Le tassement de l'activité dans les pays pétroliers devraient impacter la croissance globale de la région MENA qui devrait baisser à 2,1%, cette année, contre une précédente prévision de 3,2%, soit un recul de -1,0 point. Compte tenu des incertitudes qui pèsent sur les cours de brut en 2017, l'institution de Bretton Woods recommande aux pays de la région de maintenir la consolidation budgétaire ainsi que les réformes entreprises, en vue de stabiliser leurs économies. Mais reconnaît que la poursuite des réformes pourrait être « confrontée au défi du mécontentement des populations » qui s'opposent à l'augmentation des taxes. « Cela revient à retarder la mise en œuvre des réformes et à prolonger la durée de l'ajustement budgétaire », relève la BM qui précise que ses prévisions de croissance pour la région sont basées sur un prix moyen de pétrole de 53 dollars le baril en 2017 et de 56 dollars en 2018, suggérant qu'une évolution des cours, au-dessous de ces niveaux, pourraient réduire, probablement, l'espace budgétaire de ces pays. Selon la BM, le pétrole de schiste américain et la hausse des stocks de brut peuvent compenser la réduction de l'offre OPEP, entraînant des prix plus faibles. Ce qui aura pour conséquences une détérioration des soldes budgétaires et des tensions sur les secteurs non-pétroliers de la région qui imposent une réduction des investissements publics.