Près de six ans sont passés depuis le séisme qui a dévasté la région de Boumerdès et l'Est d'Alger. Pensez-vous que toutes les leçons ont été tirées de cette catastrophe ? L'Algérie, c'est connu, est un pays à forte activité sismique. La région d'Alger est classée zone III au vu de son aléa sismique élevé. On enregistre une moyenne mensuelle de 50 secousses, dont 90% ne sont pas ressenties en raison de leur faible magnitude. Et à chaque secousse tellurique, on tire de nouvelles leçons et on met à jour les données existantes. L'étude de chaque secousse permet de compléter les informations dont nous disposons. Ainsi, le code parasismique doit suivre l'évolution des données liées à cette activité sismique. Des travaux de recherches sont effectués de manière constante et régulière de sorte à avoir toutes les informations possibles et nécessaires pour la prévention. A part la prédiction, on tente à chaque fois de répondre à un certain nombre de questions comme par exemple : où, quand, comment et pourquoi. Comment expliquez-vous cette forte sismicité au nord du pays et pas au sud ? Pour expliquer cette forte activité sismique dans la partie nord du pays, il faut comprendre le contexte géodynamique de la région. En effet, le rapprochement des plaques africaine et eurasiatique dans la région méditerranéenne fait de l'Algérois le siège d'une activité sismique. Ce rapprochement entraîne la déformation des formations géologiques et s'exprime tout d'abord dans la région marine où plusieurs failles actives ont été récemment mises en évidence par des campagnes marines effectuées entre 2003 et 2005. Dans la région continentale, les déformations sont essentiellement concentrées sur le pourtour du bassin de la Mitidja, au niveau de la région du Sahel pour la partie bord ou au niveau de la bordure sud du bassin. La convergence des deux plaques provoque par ailleurs un phénomène de soulèvement de la côte, comme cela a pu se produire durant le séisme de Boumerdès. Outre l'Algérois, quelles sont les régions à risque élevé ? C'est tout le nord du pays qui est concerné par cette activité sismique. Il y a le bassin de la Mitidja, l'Atlas blidéen et la chaîne tellienne. Il existe une cartographie sismique précise où sont recensés les différents points à haut risque. Le respect des règles parasismiques et l'adoption de certaines techniques dans la construction sont à même de réduire considérablement ce risque.