Constantine a vécu un week-end politique très chargé. Durant la journée de jeudi, l'antique Cirta est sortie quelque peu de sa monotonie «provinciale». En effet, et à l'occasion de la journée nationale de l'étudiant, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité, M.Djamel Ould Abbès, a assisté à la commémoration de cet événement à l'université Mentouri. Le court speech qu'il a prononcé ne l'a pas empêché comme à son habitude, de commettre des «lapsus» très révélateurs : «Nous sommes en train de préparer les élections de 2009», a-t-il déclaré, avant de se rattraper : «Je veux dire que nous sommes sortis des élections de 2004 et que nous sommes maintenant à donner corps au plan quinquennal du président de la République». Mais, c'était trop. Le coup est parti ! Nous n'allons pas quitter le sillage de l'alliance présidentielle, sans parler de la rencontre abritée le jour même, par Constantine, et qui a réuni les élus locaux du RND, venus de 8 wilayas du nord-est du pays. Durant cette réunion présidée par Khalfa Mebarek, le RND a réitéré son soutien à la politique de réconciliation nationale, initiée par le chef de l'Etat. Mais à propos de l'amnistie générale, le parti d'Ouyahia a tenu à opter pour la «prudence». «Nous sommes contre la précipitation. Il faut qu'on sache d'abord avec exactitude le contenu de «ce projet», a notamment déclaré Khalfa Mebarek, avant d'exprimer sans réserve le soutien total du RND aux victimes du terrorisme. Le MSP, un autre parti de l'Alliance présidentielle, n'est pas demeuré en reste. Un de ses députés est venu animer un meeting à l'occasion de la «débâcle» commémorant la colonisation de la Palestine devant une assistance modeste, l'orateur n'a pas raté cette occasion pour tirer à boulets rouges sur les réformes multiples engagées par l'Algérie : la réforme de l'école et le code de la famille. Selon les islamistes, ces projets sont d'inspiration occidentale et visent, en premier lieu, à détruire les fondements de la société algérienne. C'est pratiquement le même discours prôné par les étudiants de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader qui observent depuis quelques jours un mouvement de protestation. Les étudiants, en majorité issus de l'Ugel, une organisation proche comme l'Unea du MSP, dénoncent le retrait par le ministère de l'Education, de la filière des sciences islamiques de l'enseignement supérieur. Ce mouvement exprime, en surface, l'un des aspects du pluralisme, mais suscite aussi des interrogations. Comment se fait-il qu'un parti politique dénonce des réformes initiées par le pouvoir, alors que son président Bouguerra Sotani (Ndlr) détient un poste clé au sein de ce même pouvoir? Une des énigmes, et non des moindres, de «l'islamisme» à l'algérienne. Les islamistes d'El-Islah, eux, ont beaucoup de problèmes avec leurs redresseurs. La semaine dernière, ils ont délégué de toute urgence à Constantine un des proches de Djaballah, M.Benkhellaf en l'occurrence, pour éteindre le feu.