Seif al Islam al Gueddafi a un plan pour sauver la Libye «Nous avons décidé de libérer M. Seif al-Islam Maâmmar El Gueddafi. Il est désormais libre et a quitté la ville de Zintan», a indiqué la brigade de Zintan, dans un communiqué publié sur Facebook. Une faction des milices de Zintan a annoncé avoir libéré le fils cadet du guide libyen déchu Maâmmar El Gueddafi, Seif al-Islam condamné à mort en Libye pour sa participation à la répression du soulèvement qui a emporté son défunt père en 2011. Comme en 2015 et, récemment, en mars dernier, la brigade Abou Bakr al-Sadiq, l'un des groupes armés contrôlant la ville de Zintan, à 170 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, où il était détenu, a affirmé que Seif al-Islam avait été libéré vendredi soir, «correspondant au 14 du mois de Ramadhan, en application d'une loi d'amnistie promulguée par les autorités libyennes non reconnues, basées dans l'Est». «Nous avons décidé de libérer M. Seif al-Islam Maâmmar El Gueddafi. Il est désormais libre et a quitté la ville de Zintan», a indiqué la brigade dans un communiqué publié sur Facebook. La ville de Zintan est contrôlée par des groupes armés opposés au gouvernement libyen d'union nationale (GNA), basé dans la capitale Tripoli, et reconnu par la communauté internationale mais dont les efforts pour asseoir son autorité dans l'ensemble du pays se heurte à une forte résistance, notamment celle des autorités de l'Est, présentes à Tobrouk et épaulées par l'Armée nationale libyenne du général Khalifa Haftar. En juillet 2016, les avocats de Seif al-Islam avaient déjà affirmé que leur client avait bénéficié de cette mesure à la faveur d'une amnistie, décrétée en avril 2016. Une décision contre laquelle le GNA de Fayez al Serraj s'est aussitôt élevé au motif que Seif al-Islam El Gueddafi est poursuivi pour des «crimes contre l'humanité» imprescriptibles. On imagine aisément la liesse dans les tribus Guedadfa auxquelles appartient la famille el Gueddafi, raison pour laquelle d'aucuns n'hésitent pas à envisager un rôle important de Seif al islam dans la recherche d'une solution à la crise qui affecte le pays. Sans détenir la moindre fonction officielle, il n'en cristallise pas moins les aspirations nostalgiques d'une large frange de Libyens qui souhaitent voir la Libye émerger du chaos dans lequel l'ont plongé les interventions de l'Otan et de certains autres pays comme le Qatar. Il faut dire qu'en 2011, Seif al islam avait averti les Libyens des graves conséquences du Printemps arabe sur leur pays, prédisant une guerre civile, la chute dramatique des revenus pétroliers, le terrorisme alimenté par des ingérences étrangères diverses. Des prédictions qui se sont traduites concrètement sur le terrain au point de conférer à leur auteur une aura dont ses propres geôliers sont devenus tributaires. Les milices de Zintan souhaitent en effet, tout comme les Gueddadfa et d'autres tribus, notamment dans le sud du pays, une forte implication de Seif al Islam dans la réconciliation nationale et la résurgence de l'Etat libyen, garant de la souveraineté et de l'intégrité du pays.S'agissant du Qatar, l'implication de Doha et de certaines parties tunisiennes dans des opérations financières douteuses, plus ou moins liées au terrorisme, fait d'ailleurs l'objet d'enquêtes, confirmées par le Tribunal de Tunis. Sont concernés un Qatari qui aurait reçu l'équivalent de 8MD à Tataouine, ainsi qu'un groupe de quatre Tunisiens. Des faits à rapprocher des accusations proférées par un officier affirmant qu'un colonel qatari a transféré d'importantes sommes d'argent, via la Tunisie, en Libye pour y semer le chaos. Porte-parole de l'armée libyenne, Ahmed Mesmari avait indiqué, mercredi dernier, que le colonel qatari Salem Ali Jarbouî agit depuis la Tunisie et «contribue au désastre financier et moral dans la région du Maghreb», citant la Tunisie et l'Algérie. Derrière ces allégations, il y a évidemment la mise en cause des milices Fadjr Libya et de Abdelhakim Belhadj, chef des Frères musulmans libyens, qui auraient conclu d'importantes livraisons d'armes auprès du marchand français Jean-Luc Olivier, le 21 mai dernier. Des «révélations» à prendre avec des pincettes car l'ANL de Haftar est alliée aux ennemis des Frères musulmans, l'Egypte et les Emirats arabes unis. Dans un tel contexte, on comprend la décision de la dernière réunion tripartite algéro-égypto-tunisienne sur la Libye, à la faveur de laquelle les MAE ont convenu de dresser une liste des organisations terroristes qui activent dans ce pays. Nul doute que la tâche ne sera pas aisée et qu'elle risque même de donner lieu à de singuliers malentendus dont l'Algérie, qui prône une neutralité rigoureuse vis-à-vis de toutes les parties au conflit, n'a que faire, au moment où un rapport du panel des experts des Nations unies sur la Libye confirme que les Emirats arabes unis ont offert un soutien logistique et technique au général Haftar, comprenant des hélicoptères, des drones, des avions militaires et des véhicules blindés ainsi que l'extension de la base aérienne de Al Khadim, entre 2014 et 2017.