Ma Baker, Sunny, Raspoutin, River of Babylon... Qui n'a pas fredonné, au moins une fois, ces tubes planétaires? L'auteur de ces titres n'est autre que le groupe culte Boney M. qui nous a rendu visite la semaine dernière. Mercredi soir, à 22 heures à la discothèque Bab Edzira, ex-Boum-Boum, un monde fou grouille à l'intérieur. Les gens se bousculent au portillon et n'en finissent pas d'arriver. Chose inhabituelle ce soir, le groupe culte des années 80, Boney M., qui a fait les beaux jours des années disco, sera bel et bien parmi nous après avoir enflammé des décennies durant, les boîtes du monde entier. A son actif, 115 millions d'albums vendus, avec en prime 72 disques d'or et pas des moindres. Depuis sa création en 1977 par un Allemand Franck Farian, le groupe infatigable n'a de cesse de «tourner» avec une certaine carence cependant. En effet, le fameux chanteur excentrique, originaire des Caraïbes, Boby Farrel a récemment quitté le groupe car il serait gravement malade. Il est atteint du sida et une cirrhose, nous apprend-on. Son absence, quelque peu ressentie, a atténué la magie du groupe. Bien qu'indémodable, le disco semble reprendre sérieusement du terrain. Serait-il en effet dans «l'air du temps», comme nous l'a souligné M.Abdelhamid Bouhrour, le DG de la boîte Rayane Production, l'instigatrice de ce genre de spectacles. Avant l'arrivée sur scène des Boney M., la discothèque continue à faire le plein. Ne dérogeant pas à sa fonction principale, elle distillera au public, dont une partie se trémousse déjà sur la piste de danse, de la bonne musique histoire de le mettre d'emblée en condition... Lors de la soirée, une présence inattendue se fait remarquer il s'agit d'un invité de marque, Cheb Mami en personne. Ce dernier est à Alger pour donner prochainement un concert (il compte, pour cela, importer son propre matériel). Sur scène et du côté de la régie, les techniciens du son s'emploient à veiller au bon fonctionnement de la sono. Celle-ci est signée Safy (Boutella bien sûr). 23h20, c'est parti. Le show peut commencer! Trois superbes sauvageonnes en tenues pailletées avec pattes d'ef-style disco oblige - montent sur scène sous des salves d'applaudissements. Tout le monde a le regard braqué sur elles. Elles s'appellent Bakey, Moreen et Altea. Celle de gauche et de droite sont en bleu tandis que celle du milieu est en orange «flashy». Les trois choristes ne cesseront pas tout au long de la soirée, d'asperger le public de mots doux et gentils. Du genre I love you! à n'en pas finir et même en arabe SVP, dans un Athebkoum approximatif de la même façon qu'elles salueront l'assistance avec un Salam Alaikom! bien de chez nous. Le ton de la soirée est vite donné par Sunny, leur troisième single ayant bien marché lors de sa sortie. Il sera suivi immédiatement après par Belfast. De leur voix chaude, qui a du coffre, les trois «bombes» noires formant un girs band n'auront aucun mal à reprendre leurs plus anciens tubes jusqu'au tout dernier en se permettant même, parfois, des digressions dans la reprise de chansons qui ont marqué les années 80, le tout chanté sur une musique dont le disc-jockey, placé en arrière-fond de la scène, assurait la diffusion. Cela s'appelle, en termes techniques du recording. «Nous sommes très contents d'être parmi vous», souligne une des voix sulfureuses de ce trio de charme et d'ajouter: «Ce soir, nous avons concocté un programme spécial, rien que pour vous!» Et histoire de nous surprendre encore plus, le trio enchaînera avec de la salsa, un changement de registre qui ne déplaira aucunement au public. Bien au contraire. Ce sera Tango, le tube qui a propulsé la Cubaine Gloria Estefan, dans les années 80, au rang de star. Une prestation scénique incroyable qui fera monter d'un cran la température dans la salle. Le public ravi, exulte. Il est aux anges. Bien qu'un peu enrobées, ces trois sexy «créatures» n'ont rien perdu de leur éclat même après toutes ces années ... Vient le moment solennel de la soirée: No woman no cry, du légendaire Bob Marley, sera revisité et chanté en version disco sans que ce style musical n'en altère le charme. Il sera plutôt empreint d'un souffle nouveau fort original. Les lumières sont tamisées. Moment de nostalgie: « Nous avons un public formidable...», déclare l'une des chanteuses. Et c'est place au délire musical avec l'un de leurs plus grands succès à savoir Raspoutin né en octobre 1978 après être entré dans les dix meilleures ventes mondiales. Deux mois plus tard, sur l'immense Place Rouge à Moscou, le groupe donnera dix concerts exceptionnels à guichets fermés. Passant outre la censure soviétique qui leur interdit de chanter Raspoutin, le morceau est interprété à la batterie devant un public en délire. Un concert mythique qui a fait la une de tous les journaux télévisés d'Europe et leur a valu la consécration suprême d'être invités par la reine d'Angleterre à Buckingham Palace... L'on comprend ainsi pourquoi elles chanteront ce tube avec autant d'enthousiasme et de ferveur. Autres succès planétaires, My Baker et River of Babylon mettront carrément le feu dans la salle. Des clins d'oeil seront également portés sur des tubes qui ont beaucoup marché dans les années 80 tels: We are a familly, I so exiting... L'autre moment bien «chaud» de la soirée fut incontestablement quand elles inviteront un jeune garçon à monter sur scène pour reprendre avec elle Daddy cool. Un tour de chant qui s'est vite transformé en un tour de danse des plus sulfureux, mais surtout très amusant. En effet, bien qu'intimidé au début par nos trois belles tigresses, notre jeune homme se laissera par la suite allègrement guidé et porté qu'il était par la musique. Il dansera tour à tour avec l'une puis l'autre... «Ayant pris chaud», sa chemise lui sera retirée en un tour de main et ce, à sa grande surprise. Un instant fort en sensations qu'il ne risque pas d'oublier de sitôt. Minuit cinq, le groupe s'éclipse. «Vous voulez qu'elles reviennent, vous n'avez qu'à crier haut et fort leur nom: Boney M.!» dit le Dj. Sitôt dit, sitôt fait, le groupe fait son come-back sur scène. Cette fois-ci, il nous servira tout en play-back, un remix de leur best of en guise de finish avant de prendre définitivement congé du public vers minuit vingt pour une loge où l'attendait une grappe de journalistes. Des rumeurs et des spéculations sur l'authenticité de leur identité allaient bon train après le spectacle. D'aucuns s'accordaient à dire qu'ils n'ont reconnu qu'une des trois filles. Les puristes iront même jusqu'à qualifier le show «d'arnaque». «Mais ce sont réellement les vraies choristes du groupe», nous confirme un des organisateurs. La difficulté pour les reconnaître, nous dit-on, est due en fait à la «magie» de la chirurgie esthétique à laquelle elles auraient eu recours. Quoi qu'il en soit, vraies ou fausses ce soir, elles nous ont bien régalés et séduits par la qualité de leur show. On ne regrette pas d'y avoir assisté!