Le tribunal de Sedikia a vécu, dimanche, une matinée mouvementée quand des prisonniers se sont déjoués de la surveillance de leurs gardiens pour prendre la clé des champs. Tout a commencé quand des détenus, arrêtés, dans le courant de la semaine, pour des délits de droit commun, et qui devaient comparaître devant le procureur de la République, ont profité d'un moment d'inattention de leurs gardiens pour quitter la salle d'attente réservée aux prévenus, se mêler à la masse de citoyens présents sur les lieux et sortir de l'enceinte du tribunal sans que personne se rende compte de leur disparition. L'alerte ne fut donnée que plus tard. C'est ce moment que choisiront deux autres détenus, qui avaient comparu devant les magistrats et qui attendaient le verdict, pour profiter de la confusion pour quitter, à leur tour, eux aussi, l'enceinte du tribunal. Ces évadés, qui ont été arrêtés dans le cadre d'affaires de vol et d'agressions, seraient, selon certaines sources, des bénéficiaires de la dernière mesure de grâce présidentielle. Cette évasion intervient après celle de novembre dernier, quand deux détenus ont déjoué la surveillance de leurs gardiens, alors qu'ils attendaient de passer devant le médecin légiste pour la visite d'usage avant leur comparution devant le procureur de la République. Oran a connu plusieurs évasions au cours de cette année. On se rappelle qu'au cours du mois de septembre, des détenus du centre de rééducation pour mineurs de Gdyel avaient tenté une évasion. Voyant leur tentative échouer, ils se sont mutinés en se barricadant dans des bâtiments qui servent de salles de cours qu'ils avaient tenté d'incendier. Plusieurs détenus blessés furent admis, après la fin de la mutinerie, à l'hôpital pour des brûlures du deuxième et troisième degrés. On signale même la mort d'un mineur qui n'avait pas survécu aux brûlures du troisième degré. Au-delà du nombre de détenus qui ont pu déjouer la vigilance de leurs surveillants, cette double évasion remet sur le tapis le débat sur les moyens mis à la disposition des services de sécurité pour «imperméabiliser» des structures censées être sans faille. Des détenus ne peuvent pas quitter aussi facilement l'enceinte d'un tribunal à moins qu'il n'y ait eu quelque part négligence ou encore, plus grave, complicité.