Un lieu de vie et d'échanges «Les zinzins du Café riche» se retrouveront ce vendredi soir pour un rendez-vous quasiment validé par un public conséquent eu égard aux capacités d'accueil de la salle qui renoue à la fois avec le patrimoine de la vieille médina, mais aussi avec le désir de parler, d'écouter et d'échanger. Au-delà de la satisfaction d'un bel accueil de l'assistance, c'était surtout l'illustration pratique du concept à la base de la rencontre, le triptyque «la semaine de l'invité», «en toute liberté» et «tout en musique», qui était surveillée par les coorganisateurs de l'événement. Pour rappel, la rencontre inaugurale des «Zinzins du Café riche», le vendredi 2 juin dernier avait débuté par la semaine de Tewfiq Benzeggouta - animateur à la radio régionale de Constantine - et mis à l'honneur le patrimoine citadin constantinois à travers la présentation de «l'art culinaire constantinois» par le chef Hassen Bentalha et le récital de madih, dans le registre du malouf, par cheïkh Mourad Laïb, l'une des références majeures du champ musical constantinois. Lounis Yaou, président de l'association Numidi-Arts et Mériem Merdaci, directrice des Editions du Champ libre ne cachaient ni leur émotion ni non plus leurs remarques critiques sur une première appelée à baliser le cours de la manifestation. Effectivement, «Les zinzins» peuvent se prévaloir d'avoir rapidement trouvé leur vitesse de croisière au regard de l'ordonnancement de la seconde édition du vendredi 9 juin où les propos de l'invitée de la semaine - la journaliste de la radio Chaîne 3 Hayat Karboua - croisaient heureusement le brillant exposé, en toute liberté, du professeur Mohamed-Tahar Benazzouz sur la géomorphologie du rocher constantinois. Le public aura enfin adhéré avec entrain aux couleurs et aux rythmes chaâbis de Mohamed Bouhabib. Le mérite, reconnu par les présents aux rencontres, tient précisément en l'invention d'un lieu de vie et d'échanges dont la métropole constantinoise demeurait étrangement dépourvue en dépit de la récurrence de son assignation comme centre de rayonnement culturel et intellectuel. Le choix de l'enseigne générique Houna Qassantina des «zinzins du Café Riche» et du «Forum de Constantine», autre pôle d'échanges proposé par Numidi -Arts et les Editions du Champ libre, s'il emprunte symboliquement à la tradition radiophonique constantinoise, renvoie moins à l'esprit de clocher qu'au désir de signifier un refus de résignation à un état des lieux reconnu délétère par l'opinion locale. L'initiative conjointe des Editions du Champ libre et de Numidi-Arts, qui a, pour beaucoup de Constantinois, vertu d'oxygénation, s'inscrit par ailleurs dans le sens de l'appel des pouvoirs publics à l'initiative de la société civile qui emprunte autant à l'esprit de la culture associative qu'à celui de la promotion de nouveaux acteurs de la scène culturelle. C'est assurément dans cet esprit que devrait se dérouler l'édition de demain soir appelée à revisiter l'une des plus belles et des plus porteuses initiatives culturelles de ces dernières années, en l'espèce celle de Dimajazz. A la ville, notre confrère d'El Watan, Nouri Nesrouche, partie prenante de Dimajazz, invité en toute liberté, revisitera les lumières, les illuminations de l'une des plus emblématiques manifestations artistiques internationales du pays et sera aussi convoquée la mémoire de Aziz Djemam qui avait porté le projet sur les fonds baptismaux et celle de Adel Merrouche, disparu tragiquement il y a juste dix ans et qui n'avait pu le voir grandir. Les passionnés de Dimajazz ne manqueront pas d'interpeller l'invité sur la crise et les enjeux du festival. Au programme de la dernière séance du Ramadhan, l'avant-veille de l'Aïd, la tradition confrérique constantinoise de la Rahmanya à Hansala en passant par la Aïssaouiya réactivera, à nul doute, les mémoires de la médina, mais aussi les lancinantes questions sur les opérations de restauration en cours. Associé à Houna qassentina, l'Odej recevra, sous la direction de son directeur Mohamed Almi, le mardi 20 juin, la première édition du «Forum de Constantine» qui accueillera le professeur Abdallah Boukhalkhal, ancien recteur de l'université islamique Emir Abdelkader, pour une présentation de l'itinéraire de cheïkh Abdelhamid Ben Badis. Les animateurs de Houna qassantina, reconnaissants au Café Riche, assurent vouloir s'inscrire dans la durée et le moins que l'on puisse relever est que leur challenge de renouveler les démarches et de remettre Constantine, dans sa plénitude, dans l'espace culturel national est méritoire et doit être salué.