Une majorité écrasante pour le quinquennat Macron En principe, les sondages qui ne se trompent que de peu, cette saison, prévoient 440 à 470 sièges pour la majorité présidentielle, soit environ 75% à 80% des sièges. C'est là un rapport de forces qui a déjà existé: en 1958, puis lors des élections de 1993. Au lendemain du premier tour des élections législatives, le 11 juin dernier, on savait que les résultats étaient déjà joués et que le tour suivant n'aurait d'autre signification que son caractère symbolique. Difficile en effet de parler des conséquences de cette étape du scrutin sur le mental des électeurs, quand tous les paramètres augurent d'une majorité écrasante au bénéfice du parti tout nouveau tout beau du président Emmanuel Macron, la République en marche (LRM). Avec un gain annoncé de 400 sièges, cette formation et son allié du MoDem de François Bayrou vont exercer une domination écrasante sur l'Assemblée nationale où les projets de loi du gouvernement passeront, ipso facto, comme une lettre à la poste. Certes, ce fut le choix de la moitié seulement des électeurs inscrits, mais on sait la tradition désormais bien ancrée qui veut que les législatives soient marquées par un fort taux d'abstention. Cette fois-ci, le taux a été «historique» et c'est aussi un indice de la morosité ambiante qui mine l'Hexagone. Mais les signaux d'alarme ne se sont pas limités à ces données. On a aussi constaté que LRM a proprement pulvérisé le Parti socialiste, réduit à la portion congrue avec 7% des suffrages exprimés. La majorité des ténors du parti de François Mitterrand auront bu le calice jusqu'à la lie et si les critiques, voire les attaques les plus acerbes n'ont pas tardé à l'encontre de la responsabilité du président et du Premier ministre sortants François Hollande et Manuel Valls dans la débâcle annoncée, les vrais procès vont sans nul doute pleuvoir au lendemain du second tour, lorsque la bérézina sera consommée. En principe, les sondages qui ne se trompent que de peu cette saison prévoient 440 à 470 sièges pour la majorité présidentielle, soit environ 75% à 80% des sièges. C'est là un rapport de forces qui a déjà existé: en 1958, la majorité de droite obtenait 82% des sièges à l'Assemblée nationale et, plus récemment, lors des élections de 1993, elle totalisait 84% de l'hémicycle. Un état de fait qui inquiète passablement les partis traditionnels qui, bien que laminés par la vague Macron, gardent l'espoir d'une opposition capable de donner de la voix. Voire. La concentration des pouvoirs entre les mains du président «jupitérien» sera telle que les tentatives de ses opposants entre les deux tours pour dénoncer ensemble le risque d'une démocratie étouffée feront plouf ce dimanche soir où les résultats seront définitifs. Emmanuel Macron n'aurait pu rêver plus beau scénario que celui-là! Les électeurs lui ont donné toutes les clés de la maison France, mais il ne faut pas s'y tromper, leur adhésion reste tributaire d'une obligation de résultat à laquelle il ne peut se soustraire. Déjà, au plan de la contestation syndicale, certains de ses projets de loi, notamment celui sur la loi El Khomri revue et corrigée dans tous les sens du terme, on peut s'attendre à des levées de boucliers plus ou moins turbulentes. Dénoncée par Christiane Taubira, venue au secours de Najet Vallaud-Belkacem à Villeurbanne (Rhône), et par un Jean-Luc Mélenchon, tout en nuances, cette «menace» induite par le quinquennat Macron apparaîtra dès le 19 juin, bon gré mal gré. «Si une Assemblée, ça doit être une armée qui a le doigt sur la couture du pantalon, ce n'est pas la peine de voter» a averti, mais en vain, le porte-parole de la France insoumise. Il ne croit pas si bien dire, la seule chance qui lui reste étant de parvenir à gagner suffisamment de sièges pour pouvoir constituer un groupe au sein de la future assemblée, auquel cas il pourra au moins faire entendre sa voix. Mais quand on pense que ni le PS ni l'extrême droite (FN) ne seront de la partie, et que seule la droite peut raisonnablement disposer de cette carte toute platonique pour s'exprimer en tant qu'opposition, on imagine le désarroi des députés hors du champ Macron durant les prochains mois, ou pire, les prochaines années.