La côte algérienne mériterait sans nul doute un peu plus d'attention de la part des autorités locales et des citoyens. Sur 487 plages que compte le littoral algérien, 213 sont interdites à la baignade et la plupart sont fermées pour cause de pollution. C'est en ces termes que s'est exprimé le docteur Mohamed Ouahid, premier responsable à la sous-direction des activités de proximité au cours d'une conférence, animée hier au siège du ministère de la Santé. Sous le thème «Maladies à transmission hydrique et eaux de baignade», le conférencier s'est longuement attardé sur la situation alarmante des eaux de baignade en Algérie, lesquelles se dégradent continuellement. Un état de fait qui renseigne sur la pollution de l'arrière-pays et qui constitue, de fait, un risque sérieux pour le développement national. «Plus de la moitié de nos plages sont polluées bactériologiquement. Certaines wilayas ayant des pôles industriels importants, notamment les grandes villes, voient la qualité des eaux de baignade se détériorer même du point de vue chimique et toxicologique», affirme le conférencier qui ajoute par ailleurs que l'exemple de la wilaya d'Alger est le plus édifiant avec plus de 62% de plages de mauvaise qualité. «Les sources de pollution sont multiples. On peut retenir surtout les eaux usées domestiques, effluents industriels, matière de rebut au niveau des côtes, ainsi elles demeurent l'une des plus grandes catastrophes écologiques. En somme, elles constituent une véritable bombe à retardement», explicite M.Ouahid qui déclare en outre que les rejets de déchets émanant des zones industrielles se déversent directement dans la grande bleue. C'est le cas au niveau des baies d'Arzew, de Skikda et de Ghazaouet. Sans parler des déchets des hydrocarbures, source principale de la marée noire, émanant des bateaux «poubelles» et les navires qui pratiquent le ballastage quotidiennement en direction du littoral. Dans son intervention, M.Ouahid n'a pas manqué d'évoquer les incidences sur la santé publique que peut provoquer la pollution des eaux, à savoir les épidémies telle que la fièvre typhoïde et le choléra. «Grâce aux efforts fournis par les services du ministère, nous avons pu nous débarrasser du choléra et diminuer considérablement l'épidémie de fièvre typhoïde. Nous avons enregistré au cours des cinq premier mois de cette année, 106 cas seulement par rapport à l'année dernière qui en comptait 170», a-t-il soutenu. Cependant, le conférencier a tenu à mettre l'accent sur l'augmentation du taux des intoxications alimentaires collectives. Ces dernières ont atteint, l'année précédente, plus de 5000 cas. Ainsi, à l'approche de la saison estivale, le docteur appelle les citoyens à être plus vigilants concernant les produits à consommer en vérifiant constamment leur date d'expiration.