En l'absence de statistiques récentes sur la question, il n'est pour l'heure pas possible de l'affirmer avec exactitude. Absentéisme, somnolence et sous-productivité... sont autant de caractéristiques bien propres au mois de Ramadhan. En effet, chaque année, cette période est ponctuée par un «relâchement» remarqué dans les différentes entreprises que compte le pays. Mais si on mettait de côté les stéréotypes, peut-on dire de façon certaine que les Algériens sont moins actifs durant le mois du jeûne? Mais encore, est-ce que cela influe négativement sur l'économie du pays? En l'absence de statistiques récentes sur la question, il n'est pour l'heure pas possible de l'affirmer avec exactitude. Cependant, c'est un fait que l'on ne peut totalement réfuter. Et pour cause, des signes évidents apparaissent précisément pendant cette période de l'année. L'on peut d'ailleurs constater qu'en plein coeur de la capitale, certains commerces ouvrent beaucoup moins tôt qu'à l'accoutumée. Cette lenteur est sans doute liée aux longues nuits ramadhanesques, car si les journées sont moroses, les soirées sont à l'opposé, bien plus animées. Plusieurs employeurs reconnaîtront dans ce sens que la fatigue du personnel est beaucoup plus perceptible en cette période. C'est justement ce qu'a étayé une étude menée par l'Institut du Monde arabe des études sociales au Caire, sur le comportement des fideles pendant le mois de Ramadhan. Celle-ci a révélé que dans les pays concernés, la productivité enregistre une baisse de 73.3%, alors que la consommation augmenterait de 35%. Cette thèse est d'autant plus plausible quand on sait que les horaires de travail sont revus à la baisse pendant le mois sacré. Les institutions publiques et les entreprises réduisent les heures de travail. Ainsi, la plupart commencent une heure plus tard pour terminer une heure plus tôt, ce qui fait au total deux heures de moins par jour. C'est même devenu une «tradition» et c'est la direction générale de la Fonction publique qui se charge comme chaque année à l'approche du Ramadhan de donner à ces institutions les horaires de travail auxquels elles doivent s'adapter le long du mois. Selon bon nombre d'économistes, il est tout à fait logique qu'il y ait une baisse de productivité étant donné le réaménagement du volume horaire et le ralentissement du travail conduit par la fatigue. Ces derniers affirment par ailleurs que cette baisse de productivité varie d'un secteur d'activité à un autre, comme l'administration publique. D'autres experts estiment en revanche, qu'il n'existe aucun lien entre le Ramadhan et la baisse de productivité, car le rendement du travailleur algérien est faible même en dehors de ce mois, et que c'est une simple excuse pour justifier une fainéantise légendaire. L'autre élément qui constitue une source de problème, est la difficulté à rattraper les retards cumulés pendant ce mois. Ce qui n'est pas chose aisée pour tous les secteurs, voire carrément impossible pour certains. A ce titre, des études réalisées en 2012 font état d'un manque à gagner de 10 à 50%, selon les métiers par rapport à la période normale. S'agissant des répercussions économiques sur l'ensemble des pays musulmans, une enquête menée sur les six pays du Conseil de coopération du Golfe juge que la durée de deux heures par jour du temps de travail est l'équivalent d'une semaine de production. Il est expliqué que la perte du PIB dans les pays concernés par cette réduction, engendre une baisse de productivité de 7,7% pendant un mois. Le rendement des Algériens au travail se fait nettement plus ressentir durant les derniers jours de ce mois sacré.