Cela est devenu une tradition dans la majorité des pays musulmans, les horaires de travail et de scolarisation pendant le Ramadhan sont revus à la baisse.En Algérie, c'est la direction générale de la Fonction publique qui l'annonce officiellement à la veille du mois sacré. En moyenne, le temps de travail durant ce mois baisse de deux heures. Bien qu'il soit synonyme de piété et de foi, le Ramadhan ne manque pas cependant de marquer son empreinte économique, en ce sens que ses répercussions négatives sur l'économie nationale, notamment sur la productivité, sont aujourd'hui reconnues par tous. En effet, la baisse de productivité durant ce mois est constatée dans tous les secteurs, sauf dans le commerce et l'alimentation. Tolérée par tous, cette improductivité est de surcroît largement justifiée par beaucoup parmi les travailleurs, voire les responsables qui estiment qu'il est tout à fait normal que le Ramadhan pénalise le travail. Selon eux, "le jeûne provoque des effets biologiques dont les conséquences agissent sur la productivité". Ces effets se résument dans le manque d'énergie, le manque de concentration et la fatigue. Les déséquilibres physiologiques et psychologiques font qu'un jeûneur se soucie peu de son travail et focalise toute son attention sur la nourriture. "L'absentéisme, les retards et la baisse de productivité atteignent le sommet pendant le Ramadhan et l'aménagement des horaires de travail encourage quelque peu les gens à se laisser aller à la paresse et à la nonchalance", avoue Abderahman, un jeune cadre dans une entreprise de production métallurgique. Selon lui, il n'est pas normal qu'aucun organisme, public ou privé, n'ait réalisé une enquête sur le manque à gagner endossé par notre économie durant le Ramadhan. Cependant, compte tenu du nombre d'heures réduit et du taux d'absentéisme assez élevé durant ce mois, le baisse de productivité dans nos entreprises se situe, selon certaines estimations, entre 20 et 25%. une activité au ralenti C'est dire que l'activité économique se retrouve, un mois durant, victime d'un ralentissement considérable, même dans les administrations où le phénomène est beaucoup plus répandu. Mohamed, la quarantaine, est administrateur dans une société privée. Tout en reconnaissant que "les textes sacrés exhortent les musulmans de ne pas tomber dans le piège de la paresse", Mohamed avoue cependant que le changement des habitudes alimentaires et du climat du travail affecte le rendement. "L'ambiance durant le mois de Ramadhan ne se prête pas réellement au travail", dira-t-il avant d'affirmer que certains de ces collègues préfèrent aller travailler après la rupture du jeûne pour compenser le retard accumulé durant la journée. Comment pallier ce phénomène ? Peu de solutions existent, sinon aucune puisque beaucoup de chefs d'entreprises, eux-mêmes, mettent en veilleuse toute l'activité professionnelle et encouragent indirectement leur personnel à l'improductivité sous prétexte que c'est un mois où le travail est relégué au second plan. Mais en l'absence de statistiques et de données chiffrées sur l'impact du mois de Ramadhan sur l'activité économique, le seul constat que l'on puisse faire à ce sujet est qu'en ce mois de la "baraka" -qui signifie abondance et richesse - la consommation atteint son pic alors que la production stagne, sinon recule et redescend au plus bas niveau.